interview : Alexei Smertin

Qui peut émerger pendant ce tournoi, côté russe ?

C’est une question difficile, mais si vous insistez, je vous conseille de suivre nos deux attaquants, Alexander Kerzhakov, du Zenith Saint-Pétersbourg, et Dmitri Bulykin, du Dynamo Moscou. Ce dernier surtout est un vrai bélier.

Quel résultat espérez-vous ?

Nous sommes versés dans la poule la plus difficile de tout ce championnat d’Europe. L’Espagne, le Portugal, la Grèce, il n’y a pas de quoi rigoler. Les Russes ont la réputation d’être pessimistes. Ils comprennent donc que passer le premier tour constituerait un succès inattendu. Le Portugal joue à domicile, l’Espagne un peu aussi, et la Grèce est un adversaire redoutable.

La Russie aura peut-être un adversaire supplémentaire : la chaleur.

Cela me préoccupe, en effet. Nous jouons deux des trois matches dans le sud. Mon manager, un Portugais qui vit à Sintra, près de Lisbonne, m’a dit qu’il pouvait faire terriblement chaud à Faro.

Le futur vainqueur se trouve-t-il dans votre groupe ?

Non, je miserais sur la France. Elle a une formidable équipe et elle ne commettra pas les mêmes erreurs qu’il y a deux ans au Mondial, où elle alignait aussi une des meilleures formations. Evidemment, le Portugal fait partie des favoris aussi. Mon ami Pauleta en est convaincu, en tout cas. Comme surprise, je pointe l’Allemagne. Une nouvelle génération est en train d’émerger, l’équipe est solide, bien équilibrée.

Vous attendez-vous à des innovations tactiques au Portugal ?

Non : il y a tellement de matches internationaux que tout le monde peut voir à la télévision que le football ne recèle plus aucun secret pour quiconque.

Les joueurs sont-ils confrontés à un calendrier trop lourd ?

C’est le gros problème du football européen, le seul peut-être. Avec Portsmouth, je joue 38 matches de championnat plus les épreuves de coupes. C’est déjà démentiel. Les joueurs d’Arsenal et de Manchester United doivent en plus disputer les rencontres de Coupe d’Europe, UEFA ou Ligue des Champions. Leur programme est vraiment fou.

Un joueur doit-il d’abord servir les intérêts de son club puis ceux de l’équipe nationale ou l’inverse ?

Tous deux sont importants. Je porte le maillot de l’équipe nationale pour l’honneur, celui de mon club pour l’argent.

A-t-on beaucoup parlé de l’EURO à Portsmouth ?

Quand même. On m’a posé des questions sur l’équipe russe. Certains coéquipiers se déplacent au Portugal pour y assister à des matches, comme Eyal Berkovic. Et Ivica Mornar joue pour la Croatie, bien sûr.

Seuls trois Russes, dont vous, évoluent pour une formation étrangère. Cela vous confère-il un statut spécial ?

Bien sûr que non. La seule différence, c’est que je mets à profit les camps d’entraînement en Russie pour visiter ma famille et mes amis, compenser mes longues absences, revoir mon pays. Et acheter des livres et des CD russes. C’est très important pour moi.

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