Intermittents du spectacle

Meilleur buteur des Pays-Bas la saison dernière, le puncheur brugeois analyse ses qualités et celles d’une équipe qui a du mal à tenir la distance.

Avec son physique de  » petit Jérôme « , son engagement et ses buts, Björn Vleminckx avait tout pour plaire au public brugeois. Il fut l’un des premiers transferts de la nouvelle direction, qui voulait revenir aux valeurs traditionnelles, et elle ne s’est pas trompée. L’ancien buteur du NEC Nimègue s’est rapidement imposé à la pointe de l’attaque… Il n’a même pas besoin de réussir une action pour être acclamé : les gens se lèvent dès qu’il envoie une de ses longues rentrées en touche en direction du point de penalty.

Vous attendiez-vous à un tel accueil ?

BjörnVleminckx : Je savais que le style brugeois me conviendrait, même si je n’imaginais pas que mon intégration serait aussi rapide. Les gens, ici, aiment les travailleurs. Et quand, en plus, on combine la combativité à du bon football, c’est normal que le public soit content…

Quel est le rapport entre la puissance et la technique dans votre jeu ?

Autrefois, je jouais quasi exclusivement sur ma puissance. Ma technique était encore rudimentaire. Mais, en deux années aux Pays-Bas, j’ai beaucoup appris. Aujourd’hui, le rapport est de 50/50. Si cela tourne moins bien, je m’appuie sur ma puissance tandis que si tout roule et que je gagne les duels, je peux aussi réussir un numéro technique : un contrôle, un dribble, une action…

Les Pays-Bas, un choix délibéré

Les Pays-Bas ont donc été importants dans votre évolution ?

Tout à fait. Mon registre footballistique s’est accru de 50 % aux Pays-Bas : on y joue beaucoup au ballon. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai opté pour l’ Eredivisie. Si l’on ne parvient pas à combiner avec ses coéquipiers, à l’entraînement comme en match, on est rapidement écarté. Au début, j’ai eu un peu de mal, et comme l’équipe dans son ensemble ne tournait pas trop bien, j’ai souffert. Mais je me suis adapté. Durant la seconde saison, j’ai récolté les fruits du travail effectué.

Quel a été votre plus beau but ?

En déplacement à l’AZ. J’ai réceptionné une passe et j’ai lobé le gardien, d’une reprise en un temps, à 35 mètres du but.

Et le plus important ?

Tous les buts sont importants. Encore plus lorsque le marquoir indique toujours 0-0. Il m’est arrivé, à plus d’une reprise, d’ouvrir la marque.

C’est plus facile de marquer là-bas ?

Non, même si l’esprit est offensif. Dans les 16 mètres, un attaquant ne bénéficie jamais de beaucoup d’espace. Dans d’autres parties du terrain, on vous laisse davantage la possibilité de combiner, mais en zone de vérité, il faut toujours se frayer une place.

On a l’impression que vous avez un plan de carrière bien élaboré…

Jusqu’à un certain point. Lorsque j’ai quitté Malines, j’ai volontairement opté pour un club de milieu de tableau aux Pays-Bas. Après, un club du top belge, ce n’était pas nécessairement prévu. Les propositions n’ont pas manqué, mais j’ai opté pour le club qui me semblait offrir le plus de perspectives.

Que devez-vous encore améliorer ?

Mon jeu de tête est déjà bon, mais peut encore être amélioré. Tout comme ma technique…. Et dans le rectangle, je peux encore être plus rusé. Dans beaucoup de domaines, les conseils de Kenneth Brylle, le coach spécifique des attaquants, me sont précieux. Il m’a déjà beaucoup aidé sur le plan mental. Etre prêt et concentré le jour du match, par exemple. Aux Pays-Bas, les entraîneurs spécifiques, en fonction des secteurs, sont légion. Plus on répète certains gestes, plus on a de chances de les réussir. Je n’ai que 26 ans, mes meilleures années doivent encore arriver.

Les longues rentrées en jeu font aussi partie de votre jeu…

Ce n’est pas neuf : j’utilise cette arme depuis que je suis tout petit. Et lorsqu’on parvient à marquer sur mes rentrées, cela peut devenir une arme redoutable. On s’entraîne aussi sur ce genre de phase.

C’est une question de force dans les bras ou plutôt de technique ?

Plutôt de technique : je parvenais déjà à lancer le ballon très loin quand je n’avais pas encore beaucoup de force.

 » Vloet était plus Belge que Koster « 

Avec votre forte personnalité, quel est votre rôle dans le vestiaire ?

J’aime plaisanter, et parfois une petite plaisanterie peut aider à détendre, mais je sais aussi rester sérieux. J’aime discuter avec tout le monde et ne m’en prive pas : que ce soit avec mon partenaire d’attaque ou le quatrième gardien. Lorsque je sens que c’est nécessaire, je prends mes responsabilités, afin que tout le monde reste sur la même longueur d’ondes. J’essaie surtout de rester moi-même et de montrer l’exemple.

On sait que, la saison dernière, le vestiaire brugeois était parfois agité. En reste-t-il encore des traces ?

Jusqu’à présent, je n’ai encore observé que du positif. La bonne humeur règne. Il n’y a aucun problème.

A Bruges, vous avez retrouvé un entraîneur néerlandais, avec Adrie Koster. Mêmes méthodes qu’aux Pays-Bas ?

Pas tellement. A Nimègue, Wiljan Vloet m’a dirigé durant un an et demi. C’est un homme très extraverti, qui gesticule beaucoup et hurle durant tout le match. Koster est beaucoup plus calme. Il ne hausse quasiment jamais la voix, et tente de résoudre les situations les plus compliquées de manière posée. Je ne dirai pas qu’une méthode est meilleure. Je me suis très bien adapté aux deux. Koster a des méthodes très néerlandaises, cela se reflète aussi dans la manière de jouer : toujours en 4-3-3, un système offensif avec trois attaquants.

Bruges a tendance à bien jouer une mi-temps sur deux…

Cela devrait s’améliorer. Je pense que ce manque de constance est dû au fait que nous avons une toute nouvelle équipe. Lorsque cela tourne un peu moins bien, nous n’avons pas la possibilité de nous reposer sur des automatismes. Nous devons parfois encore trop réfléchir à la manière de bien servir nos partenaires. Plus on apprendra à se connaître, plus on maintiendra un même niveau pendant 90 minutes. Nos fléchissements ne sont pas dus à un problème physique. Ce n’est pas une question de qualité non plus. Parfois, il nous arrive de perdre un peu notre concentration.

Cela dit, pour une équipe qui a transféré dix joueurs, Bruges semble déjà bien en place.

Nous avons tous un peu le même caractère. Lorsque cela ne fonctionne pas sur le plan technique, on va au charbon. Victor Vazquez est à la base un joueur technique. Mais lorsqu’on voit la manière dont il s’est battu contre Zestafoni, on peut dire qu’il a, lui aussi, beaucoup de caractère. Certes, il était un peu vexé après avoir été remplacé très tôt durant le match précédent, à Zulte Waregem, mais il a réagi de la meilleure manière : il a tacklé et s’est battu pour récupérer des ballons. Lorsqu’un joueur créatif affiche autant d’allant, on peut aller très loin.

 » Je dois ma combativité à mes parents « 

En ce qui vous concerne, cette combativité semble ancrée…

J’ai hérité cette caractéristique de mes parents. Ils m’ont toujours fait comprendre qu’on n’avait rien sans rien. Ce n’est peut-être pas courant chez un attaquant, dont on attend en priorité qu’il marque des buts, mais je n’ai jamais éprouvé la moindre réticence à défendre, parfois jusque dans mon camp. A Malines, c’était obligatoire. D’ailleurs, les attaquants sont vraiment les premiers défenseurs. Lorsqu’on perd le ballon, il faut essayer de le récupérer au plus vite.

Quels sont les arguments de Bruges pour viser le titre ?

Nous sommes capables de développer un très bon football, mais pour le moment, seulement par intermittence. Le jour où nous parviendrons à développer notre meilleur football pendant 90 minutes, nous serons redoutables.

Et en Europa League, jusqu’où espérez-vous aller ?

On est déjà heureux d’être dans les poules, cela nous fait six matches d’un bon niveau assurés. Passer l’hiver est un premier objectif. Je ne vais quand même pas clamer sur tous les toits qu’on veut atteindre la finale.

Et les Diables ? Lorsqu’on a été meilleur buteur des Pays-Bas, on a logiquement sa place, non ?

Il y a trois ou quatre ans, le meilleur buteur des Pays-Bas aurait été quasiment titulaire chez les Diables. Mais la concurrence est forte. Avec Romelu Lukaku, Marvin Ogunjimi, Jelle Vossen, etc. Georges Leekens a un problème de luxe.

PAR DANIEL DEVOS – PHOTOS: REPORTERS

 » Lorsqu’un joueur créatif comme Victor Vazquez affiche autant de caractère, on peut aller très loin. « 

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