Interminable, labyrinthique…

…et coûtant la peau des fesses : c’est hélas ce qu’il me faut conclure, après slalom dans les programmes de cours pour piger le cursus complet de notre école d’entraîneurs ! J’dis ça, j’dis rien, je suis un vieux bazar : j’ai coaché 20 ans en provinciales après avoir suivi, vers 1980, deux saisons de cours les samedis matins dans ma Belle Province. Et si je n’avais rien suivi, j’aurais quand même pu coacher : utiles ou débiles, ces cours n’étaient alors qu’une proposition de l’Union Belge, pas trop chère, pour donner des tuyaux d’entraînement à qui le souhaitait.

Ça s’est complexifié. Aujourd’hui, et pire dès 2019, je plains tous ces amateurs finissants qui désirent entamer du coaching à leur niveau, voire en caressant l’espoir, pourquoi pas, de gravir peu à peu des échelons. Être diplômé est désormais obligatoire, sous peine d’amende au club qui engage : il faut 2 ans de cours réussis pour ne pouvoir coacher qu’en provinciales ! Il va en falloir trois de plus pour fréquenter les D3, D2 ou D1 amateurs …et là débute le parcours du combattant : il a un boulot, entraîne déjà son petit club et, pour coacher dans nos promotions d’hier (D3), il doit en prime driver des kilomètres parfois jusqu’à Bruxelles, voire prendre congé en semaine : d’abord pour suivre via l’ADEPS des cours théoriques mofleurs potentiels, qui lui feraient croire qu’il va devenir médecin urgentiste ; ensuite des modules de formation …dont un qui concerne la formation des ados de clubs pros, alors qu’on lui impose un cursus qui ne lui permettra pas de côtoyer ce monde-là ! Enfin des recyclages périodiques qui actualiseront ses belles compétences… Coût approximatif rien qu’en droits d’inscription : 3000?.

Et si jamais notre homme réussit, l’antichambre/amateur du paradis/pro sera son nirvana ! Plus question de taquiner le rêve d’un jour réussir ce qu’ont réussi Francky Dury ou Felice Mazzù : espérer le diplôme UEFA pro ne lui sera permis qu’après examen de son cas particulier ; et si on daigne l’accueillir, son année supplémentaire va d’abord lui coûter 7000? de minerval ! Autant dire que nos 24 clubs pros sont chasse gardée pour les ex-pros : car leur cursus de coach est aménagé, raccourci dès qu’ils ont presté 5 ans comme joueurs de l’élite ; car 7000?, c’est une paille pour eux ou le club qui les engage ; car un titre en D1 amateur, vu la grande muraille parallèle de l’octroi des licences, ça ne veut même plus forcément dire que le p’tit club champion pourra monter en D1B-pro avec son p’tit coach…

Faut pas charrier et nos instances charrient. Ce qui a différencié le joueur pro de l’amateur, ce fut davantage l’étendue des qualités techniques/physiques que la grosseur du ciboulot, non ? Or, l’ex-pro argue de son passé et devient illico assez malin pour coacher en D1-pro. Alors que le gars qui n’a joué qu’en amateurs, même s’il y a ensuite coaché dix ans, ne peut arguer de rien du tout et doit se taper tout un cursus pour pouvoir …y rester ! Qu’une corporation offre, sans les imposer, des formations permanentes à ses membres, rien de plus normal. Qu’elle décrète même la nécessité d’un certificat d’aptitudes pédagogiques pour ceux qui envisagent de former des gosses débutants sans avoir de cela nulle expérience, cela peut se comprendre. Mais, pour coacher au niveau d’adultes amateurs, imposer un accès à la profession ( ! ) sous prétexte d’alignement sur l’UEFA, cela fait fort carabistouilles : des tas de mecs sont parfaitement capables d’entraîner des amateurs sans avoir suivi de cours, sur seule base de leur passé de joueurs amateurs ; et s’ils ne le sont pas, ils abandonneront ou se feront virer naturellement …ce qui guette d’ailleurs aussi les diplômés, même les pros !

Reste une question comique. Si réussir des examens est obligatoire pour entraîner des adultes, pourquoi jouer en tant qu’adulte n’est-il pas aussi soumis à obligation : les profs doivent réussir des examens, mais les élèves aussi, non ? Interrogation ahurie, mais pas stupide en réfléchissant. Si terrain, expérience et jugeote ne suffisent pas pour coacher selon la loi, pourquoi suffisent-ils …pour jouer : ne devrait-on pas imposer des examens à tout qui postule comme footballeur pro ! ? A mon tour de charrier : imaginez Eden Hazard à Virton et pas plus haut, parce qu’il se serait fait péter grave, jadis à son examen théorique sur le jeu en zone ; ou Laurent Ciman végétant à Hamoir, parce qu’il fut insuffisant à son examen pratique sur l’art du dribble…

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