Inqualifiable !

Désolation partout, c’est là le triste héritagelaissé par René Vandereycken.

Pour la quatrième fois d’affilée, les Diables Rouges ne répondront pas présents lors de la phase finale d’une compétition majeure. Il y avait une place à prendre, pourtant, derrière l’irrésistible armada espagnole. Mais les deux bides récents contre la Bosnie en ont malheureusement décidé autrement. Les espoirs se portent désormais sur l’EURO 2012 dont les éliminatoires débuteront en septembre 2010. Avec un nouveau sélectionneur, car il est bien sûr impensable de poursuivre l’expérience avec René Vandereycken, qui a davantage détruit que construit en trois années de présence à la tête de notre sélection. Le marasme ne se limite d’ailleurs pas à notre équipe représentative seule. Le Limbourgeois a réussi la gageure de faire l’unanimité contre lui à tous les niveaux : auprès des joueurs et des dirigeants, mais aussi des sponsors et des suiveurs. Un petit tour d’horizon.

Football : un vaste chantier

A défaut de résultats et de manière, on pouvait encore croire que Vandereycken, après une bonne cinquantaine d’essais, allait au moins laisser un groupe digne de ce nom à son successeur. Mais là aussi, tout est à refaire, hélas, car des lézardes sont apparues au terme de la double confrontation avec la Bosnie. C’est la querelle des anciens et des modernes qui refait surface avec, d’un côté, Stijn Stijnen, Timmy Simons et Wesley Sonck et, de l’autre, la jeune garde, composée de ceux qui ont obtenu une belle place de demi-finaliste aux Jeux olympiques de Pékin. A leur retour, l’attaquant du Club Bruges avait été le premier à mettre le feu aux poudres en affirmant qu’ils ne devaient pas se pousser du col pour autant, vu que les JO ne pouvaient soutenir la comparaison avec les matches des A. Comme si ça ne suffisait pas, Wes en remit encore une couche au retour de Sarajevo en fustigeant les erreurs de la jeune classe. Auparavant, dans les vestiaires, Simons et Stijnen avaient cru bon eux aussi de faire la leçon, pour ne pas dire plus, à Sébastien Pocognoli coupable, selon eux, d’avoir ricané à l’heure où la désolation aurait dû régner dans l’assemblée.

Au-delà des luttes intestines, il est urgent aussi de définir une ligne de conduite sur le terrain : à ce niveau, c’est le vide intersidéral. On a sans doute pu croire à une avancée au bout des matches contre la Turquie et l’Espagne, quand le sélectionneur a eu le bon goût de privilégier le jeu de ses ouailles au lieu de songer prioritairement à déjouer celui de l’opposant. Mais chassez le naturel et il revient au triple galop, c’est bien connu. Et l’homme est donc retombé dans ses sempiternels travers face aux Bosniaques, en s’adaptant à eux, au lieu de tirer la quintessence de son groupe. Cinq longs mois de décryptage pour aboutir à une parodie de football, c’est une hérésie quand on a montré, tant sur les rives du Bosphore qu’au Heysel, devant la bande à Fernando Torres, sa capacité à jouer au sol. Mais, pour ce faire, il convient bien sûr de ne pas changer à tire-larigot de conception, ainsi que des éléments appelés à l’appliquer. Une place pour chaque homme et chaque homme à sa place, c’est hélas peine perdue avec RVE. Qui a aussi précipité sa perte, ce faisant.

Sponsors : la grogne

L’URBSFA possède neuf partenaires qui injectent 300.000 euros dans sa trésorerie. Il s’agit de Belgacom, RTL Sport, Coca Cola, Citibank, Jupiler, Hamburg Mannheimer, Nike, Sporza et Verelst. Trois de ces contrats viennent à échéance le 30 juin 2010 (Jupiler, Coca Cola et Nike) et deux autres (Hamburg Mannheimer et Citibank) un an plus tard. Si du côté du géant brassicole Inbev (qui sponsorise déjà la JupilerLeague), on se tâte un peu, l’équipementier américain semble davantage enclin, après dix années de collaboration, à s’orienter vers l’un ou l’autre sponsoring individuel ( Vincent Kompany, Eden Hazard et Moussa Dembélé entre autres) plutôt que de s’engager collectivement, selon son porte-parole Claude Bamelis. Même si rien n’est définitivement tranché pour l’instant.

 » Il faut nuancer « , prétend Roland Louf, directeur marketing et commercial de l’URBSFA.  » Une équipe de football, c’est comme une action : tantôt elle grimpe, tantôt encore elle chute. Avant les rendez-vous contre la Bosnie, la cote des Diables était en hausse. Après ce double couac, elle est en toute logique en baisse. Mais ne prétend-on pas, généralement, qu’avec ce type d’investissement, il convient de viser le long et non le court terme ? A chaud, c’est sûr qu’un certain nombre de partenaires se montrent déçus. Et peut-être ne garderons-nous plus tout le monde dans ce contexte. Mais après la pluie vient le beau temps. Il n’est donc pas interdit de penser que certains profiteront de cette période de basse conjoncture pour placer leurs deniers chez nous avec l’espoir d’un retour sur investissement lors de jours meilleurs. Le produit Diables Rouges ne laisse pas, et ne laissera jamais indifférent.  »

Roger Nellens, patron de Well Dress , et sponsor de longue date des Diables, compte parmi la soixantaine de parrains qui n’ont pu assister de visu au match des A en Bosnie pour la bonne et simple raison que leurs places avaient été accaparées par des fans locaux.  » A 12 h 30, Jean-Marie Philips, CEO de la Fédération, nous a avertis que notre sécurité n’était pas garantie au stade « , affirme-t-il.  » C’est quand même fort de café pour qui consent un débours appréciable afin de suivre l’équipe nationale. Au sein de la délégation, chacun avait quand même envie d’encourager nos joueurs et on se faisait la réflexion qu’en arrivant de bonne heure au stade, il n’y aurait pas de problèmes. Mais il était hors de question de déroger au programme établi et celui-ci prévoyait encore un snack à 19 h. Dans de telles conditions, il était impensable de rejoindre l’enceinte à temps et nous avons prudemment rebroussé chemin. C’est la deuxième fois que je vis ça. La première, c’était à Vérone, lors du Mondiale 90, quand notre bus s’était retrouvé coincé dans les embouteillages. On en avait ri, car c’était une autre époque. La bonne humeur était d’ailleurs constamment de mise avec la bande à Guy Thys. Aujourd’hui, c’est différent. On n’approche plus aussi facilement les cadres et les joueurs qu’autrefois. Avant, on discutait avec tout le monde et personne ne se faisait prier quand il s’agissait de poser pour une photo. A présent, le staff ne doit pas être dérangé et les joueurs sont toujours occupés à téléphoner ou à écouter de la musique. Et les résultats ne sont même pas bons en guise de compensation. C’est triste.  »

Image : un lourd déficit

Autant les Diablotins ont suscité l’enthousiasme ces derniers mois, autant les A ont véhiculé une image morose. C’est d’autant plus paradoxal qu’à quelques exceptions près, les composantes des deux groupes sont les mêmes. La différence tient, bien évidemment dans les résultats. Avec, d’un côté, des Olympiens euphoriques et, de l’autre, des Diables décevants. Et qui ne font décidément plus recette. La preuve : seule la VRT a retransmis Bosnie-Belgique. RTL-TVI s’est informé mais a reculé devant les 150.000 euros exigés par Sportfive pour les droits.  » On voulait bien aller jusqu’à la moitié de cette somme mais pas plus « , dit Laurent Haulotte.  » Le sport, et le football en particulier, c’est un investissement en images. Mais celle de l’équipe nationale est, hélas, négative.  »

Et peu porteuse. Le match aller n’avait fait que 300.000 spectateurs en audience cumulée sur RTL-TVI. C’est loin des 550.000 atteint par le Standard contre Everton cette saison. Les fans ne répondent plus à l’appel non plus. A Genk, les supporters adverses étaient majoritaires. En Bosnie, seuls 10 inconditionnels de notre sélection avaient effectué le déplacement, c’est tout dire. Un désintérêt lié à la fois aux résultats et à la manière. Avec 38,9 % des points récoltés depuis ses débuts en septembre 2006, Vandereycken est le cancre de nos coaches nationaux. Aucun autre sélectionneur n’a fait aussi mal que lui au cours des 50 dernières années et il se situe loin du top emmené par Raymond Goethals (65,9 %) et Robert Waseige (63,6 %). RVE a beau avoir toujours réponse à tout, la vérité des chiffres est implacable.

par bruno govers – photos: belga

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