Iniesta comme modèle

N°6, 8 ou 10 : les avis sont partagés. Mais tout le monde est unanime, c’est un grand talent et un bon gars. Où rebondira-t-il, étant acquis qu’Eupen restera en D2 ?

Le jeune EnesSaglik, 21 ans, a sans doute réalisé sa meilleure saison. Il a été, avec IoannisMasmanidis et FlavienLePostollec, l’un des atouts d’un entrejeu eupenois très performant.  » Parce que j’ai ressenti la confiance de l’entraîneur et que j’ai évolué à ma meilleure place, dans l’axe et dans un rôle relativement libre « , explique-t-il. Déjà déçu, l’an passé, d’avoir dû rester une saison de plus à Eupen qui avait culbuté en D2, comment réagira-t-il face à l’échec des germanophones dans le tour final ? Catalogué comme l’un des meilleurs joueurs de l’antichambre, il suscite des convoitises.  » Il y a déjà de l’intérêt. Plusieurs clubs se sont manifestés pour lui « , confirme le manager Roland Louf.  » Mais il est encore sous contrat jusqu’en juin 2014 et c’est un élément formé au club, donc on y tient. D’autre part, il faut voir les intentions des nouveaux investisseurs qataris. Rien ne dit qu’ils ne souhaitent pas conserver les meilleurs joueurs actuels, et Enes en fait assurément partie.  »

 » Je suis un box-to-box « 

Le petit médian belgo-turc, né à Verviers, évolue chez les Pandas depuis les U19. Sa famille est originaire de l’est de la Turquie, sur les bords de la mer Noire, près de Trabzon. Il y retourne de temps en temps en vacances. Ses parents sont venus s’établir en Belgique en 1990, juste avant sa naissance. Enes parle encore le turc avec eux. En revanche, avec son petit frère et sa petite s£ur, il converse plutôt en français.  » Mon père est mon premier supporter « , révèle-t-il.  » Il m’a suivi partout : à Wegnez, où j’ai commencé à six ans ; à Rechin, où je suis passé à 12 ans ; à Visé, que j’ai rejoint à 16 ans ; et enfin au Kehrweg, à 18 ans. « 

 » Lorsqu’ AntonioImborgia est arrivé, il a suivi un match des Espoirs de l’AS Eupen, a immédiatement repéré Enes et l’a intégré au noyau A « , se souvient DannyOst.  » Saglik a survécu à l’arrivée des nouveaux joueurs amenés par les investisseurs italiens. C’est un garçon très doué sur le plan technique, vif et adroit. Polyvalent aussi : je l’ai parfois aligné sur le flanc droit, afin qu’il puisse rentrer dans le jeu et armer son tir du pied gauche. Sa meilleure place se situe en n°10 ou sur le flanc gauche.  »

AlbertCartier, qui a succédé à Ost à Eupen (après l’intérim EziolinoCapuano), a plutôt vu Saglik comme un n°6.  » C’est un joueur que j’ai découvert en débarquant dans les Cantons de l’Est « , se souvient l’entraîneur français.  » J’ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Plutôt que le laisser derrière les attaquants, où il manquait un peu d’explosivité pour se défaire du marquage, je l’ai repositionné devant les défenseurs, dans un système avec deux milieux défensifs. Là, il a pu donner la pleine mesure de son talent. Il possède une passe tranchante, en un temps, au sol et dans la verticalité, capable de déstabiliser le dispositif adverse. Je l’ai aussi exhorté à frapper davantage au but, car sa frappe est excellente. Il possède une belle technique, une grosse aérobie et une bonne gestion du stress. Rien ne l’effraie. Je l’ai vu jouer au Standard, dans un stade plein comme un £uf, sans qu’il ne soit le moins du monde perturbé. Et ce qui ne gâte rien, il témoigne d’une excellente mentalité. Il arrive à l’entraînement avec une grosse envie, est à l’écoute des conseils qu’on peut lui donner. Il a encore une grande marge de progression, vu qu’il est encore très jeune. Je crois que son prochain entraîneur éprouvera aussi beaucoup de plaisir à travailler avec lui.  »

 » Je suis un box-to-box « , avance Enes de son côté.  » Un… n°8 « . Son modèle, c’est AndrésIniesta.  » Davantage que LionelMessi. Je peux énormément apprendre en le regardant jouer : son abattage, sa vision du jeu, son intelligence.  »

Les pieds sur terre

En D1 déjà, en 2010-2011, Enes avait donné un aperçu de son talent. Ses prestations lui avaient même valu une convocation pour deux matches amicaux des Espoirs, encore coachés par JeanFrançoisdeSart.

Cette année, durant le mercato hivernal, il a bien failli se retrouver en Turquie. Mais l’affaire a capoté en dernière minute alors que tout le monde le croyait déjà parti. Cette mésaventure ne l’a pas trop affecté : il s’est remis au travail à Eupen sans se poser trop de questions.  » C’est un garçon qui garde les pieds sur terre « , témoigne Ost.  » Il est intelligent et bien encadré. « 

Son rêve, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est pas de rejoindre le pays de ses ancêtres, mais plutôt l’Espagne.  » Le plus beau championnat d’Europe « , estime-t-il.

 » Je ne sais pas si son départ avorté pour la Turquie se révélera finalement une bonne chose pour lui, mais je le verrais bien dans un bon club belge pour commencer « , avoue Cartier.  » Style Courtrai, Lokeren ou une équipe de ce niveau. Il ne doit pas brûler les étapes. Il manque encore un peu de bouteille pour viser plus haut. Mais cela viendra, il en a les capacités. « 

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO: PHOTONEWS

Passe tranchante au sol, bonne frappe, trois poumons et no stress !

(Albert Cartier est fan)

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