» Ils se comportent comme des terreurs de bac à sable « 

Sur la théorie de complot :  » C’est passionnant de voir le discours naître et se consolider dans la bouche des Bayat « , explique le sociologue du sport et politologue à l’Université Libre de Bruxelles, Jean-Michel Dewael,  » Ce discours du grand complot est complètement paranoïaque. Mais à force de taper sur le même clou, à la moindre erreur d’arbitrage, cette théorie se nourrit d’elle-même. Les dirigeants du Standard ont tenu ce même genre de propos il y a plusieurs années. Cela se développe lorsqu’un club a des ambitions inassouvies. Aujourd’hui que le Standard gagne, le discours se veut moins parano. Ce qui est frappant aussi, c’est de voir que Mogi Bayat essaie de récupérer la ville en crise. Tout le monde est contre nous : on vous en veut, vous avez perdu votre emploi, on vous traite de pédophiles, de pourris. Nous, aussi, on nous en veut. Ce qui montre que le football est révélateur de notre société. Ce sentiment de rejet correspond au sentiment que la population éprouve. Pourtant, avant toute chose, les Bayat devraient se demander avec qui ils s’entendent. Ils sont en rupture avec pas mal de gens dont une partie des supporters. A ce niveau, on peut différencier Charleroi avec des clubs comme le Standard ou Marseille, habitués aussi à tenir ce genre de discours. Au Standard et à Marseille, les dirigeants bénéficiaient toujours d’appuis bien solides. A Marseille, les maires prenaient fait et cause pour le club. Ce discours n’est donc pas nouveau. Il a déjà été essayé et ne marche pas. Le repli paranoïaque ne résout rien. Seul contre tous, ils ont perdu d’avance.  »

Sur la stratégie de tension permanente :  » Les grands clubs ou les grands entraîneurs comme José Mourinho peuvent se permettre d’ajouter de la tension « , développe Dewael.  » Mais cela ne correspond à la culture footballistique belge. Une des grandes erreurs de Jacky Mathijssen à Bruges fut d’essayer de créer cette tension permanente. On peut péter les plombs une fois, car le football est vecteur d’émotions mais pas pendant trois ans ! Et pour quel résultat ? C’est cela qui est frappant.  »

Sur l’image de la ville :  » C’est clair que Charleroi pâtit de son image « , continue Dewael,  » mais les Bayat ont un rôle extraordinaire pour redresser cette image. Ils pourraient très bien servir d’ambassadeurs par leur sportivité, leur accueil. Mais eux l’aggravent en se comportant comme des terreurs de bac à sable ou en adoptant des comportements de petits brigands. Le Sporting avait une bonne image avant les Bayat. Finalement, ils correspondent très bien à la mauvaise image de la ville. Et se plaindre du fait que les Carolos sont détestés partout en Belgique, c’est un peu comme le voleur de pommes qui est pris sur le fait.  »

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