Ils ont marqué la D2

Signe des temps : on trouve de moins en moins de futures stars belges comme les Mpenza, Sterchele ou Pieroni dans l’antichambre de l’élite. Mais des étrangers, beaucoup…

Des institutions vieillissantes se cachent pour mourir en D2. Sans un sou en poche, la plupart des clubs se posent des questions cruciales pour leur avenir : le FC Liège est relégué en D3, Beveren s’unit à Waasland afin de garder un dernier souffle de vie, Dender et le Brussels tirent la langue dans l’indifférence générale, etc. Les deux montants, le Lierse et Eupen doivent leur fortune sportive à des investisseurs étrangers, égyptiens et italiens. Ceux-ci bouchent les trous mais  » parquent  » leurs joueurs, souvent étrangers, dans leurs nouvelles écuries en vue de les exposer et de les vendre pour rentabiliser leurs investissements.

Cela limite forcément les chances des footballeurs belges qui misent sur la D2 pour se révéler. On y trouve de plus en plus difficilement des frères Mpenza, des François Sterchele et des Luigi Pieroni qui se sont extraits de cette série avant de s’imposer en D1 et de se retrouver en équipe nationale. Pour le moment, presque tout ce qui brille en D2 est importé.

Deux connaisseurs de cette division, Raphaël Quaranta (ex-coach de Liège) et Alex Czerniatynski (qui a sauvé Tournai) l’ont passée au tamis pour nous. Il en ressort quelques pépites…

DALIBOR VESELINOVIC (Brussels, attaquant, 22 ans. Serbe)

 » C’est l’attaquant qui a posé le plus de problèmes au FC Tournai la saison passée « , prétend Czerniatynski.  » Il est peut-être un peu statique mais tout le trafic aérien dans le camp adverse, c’est pour sa tête. Il règne dans les airs et a besoin d’un petit format ou d’un gars très rapide à côté de lui. Veselinovic a signé 14 buts et fut moins saignant en fin de saison. Certains expliquent cette baise de régime par le départ de son compère Jean-Paul Lutula en Chine. A mon avis, ce faux lent pourrait s’imposer en D1.  »

Quaranta le pense aussi :  » Ce gars est une montagne avec ses 94 kg et son 1,96 m. Il voit tout de haut mais n’est pas maladroit balle au pied. Il me rappelle un attaquant néerlandais qui avait fait le bonheur de Waregem et de Gand : Aad Koudijzer. Veselinovic a été formé au RAD Belgrade et ne s’est pas imposé à Lens. Il peut se relancer en Belgique, à condition de ne pas rester trop longtemps en D2.  »

ALESSANDRO IANDOLI (Eupen, arrière, 26 ans. Italien)

 » Celui-là, il a de la classe et de la présence sur son flanc gauche « , note Quaranta.  » Iandoli est sans aucun doute un des meilleurs joueurs amenés à Eupen par les investisseurs italiens. Il était logique que cette belle patte gauche intéresse quelques clubs de l’élite en fin de saison. Je ne dis pas que Iandoli s’imposera les doigts dans le nez en D1 mais il détient des atouts intéressants malgré ses 26 ans. « 

Czerniatynski fait la même analyse à propos de ce joueur (1,79 m, 75 kg) qui a évolué à Pescara et au FC Concordia Bâle :  » Excellent arrière qui connaît son métier. Les clubs de D2 ont besoin d’éléments de ce genre car il faut entourer leurs espoirs. Cette série doit d’abord être un réservoir de jeunes joueurs belges. La fédération doit aider les clubs qui sont exsangues. On ne peut pas leur reprocher dans la situation actuelle de chercher des investisseurs à l’étranger car ils ont le couteau sur la gorge. Et je remercie ceux qui ont investi à Eupen et au Lierse. Ils ont osé et bonifié la D2… « 

TIBOR TISZA (Antwerp, attaquant, 25 ans. Hongrois)

 » Pour moi, c’est un vrai numéro 10 « , observe Czerniatynski.  » Tisza est une des révélations de la saison en D2. Au départ, il y a eu des doutes car il cherchait sa place sur l’échiquier. Ce Hongrois doit évoluer dans l’axe. Il se perd et devient même inutile quand on le poste sur les flancs. Tisza est un organisateur, un distributeur du jeu offensif qui a le sens de la passe de finition. Il serait intéressant à voir à l’£uvre un étage plus haut. « 

Originaire de Debrecen (1,75m, 70 kg), il a aussi tapé dans l’£il de Quaranta :  » Tisza est très fort. A mes yeux, c’est un deuxième attaquant ou un 9,5, une plaque tournante autour de laquelle il faut bâtir l’équipe. Le travail défensif n’est pas sa tasse de thé. Il n’en demeure pas moins que ce beau joueur a su s’imposer en D2 où l’engagement n’est pas un vain mot. Tisza a marqué 16 buts et pourrait évoluer en D1. « 

KEVIN DE BROYER meilleur buteur de D2 !(Renaix, attaquant, 27 ans. Belge)

 » Je sais : il a déjà 27 ans mais ce joueur constitue quand même un cas « , lance Quaranta.  » De Broyer a largement dépassé la limite au-delà de laquelle on ne digère plus tout ce qui différencie la D2 de l’élite. Je fixe cette frontière à 23 ans. Après cela, on ne supporte pas des charges de travail bien plus lourdes. De Broyer est passé par La Louvière, Tubize et le Brussels. S’il avait le potentiel de l’élite, cet attaquant ne se serait pas retrouvé à Renaix. Mais cela ne peut ternir en rien sa bonne saison : meilleur buteur de D2 (20 buts), soit un gros tiers de la production offensive de sa formation. Il a fait mieux que Jurgen Cavens (17 buts) et Tomasz Radzinski (16 buts) au Lierse, un club d’un autre niveau que Renaix. C’est magnifique.  »

Czerniatynski est d’accord et précise :  » Il fallait le faire alors que son équipe s’est débattue dans le fond du panier. Ce petit format (1,77 m) est un voleur de buts qu’on ne voit pas mais qui ne laisse rien traîner en zone de vérité. De Broyer s’intéresse aux ballons les plus anodins. Il a le sens du but mais ce joueur est moins physique que François Sterchele ou Luigi Pieroni. Il n’est pas comparable non plus à Cavens et Radzinski.  » Il a signé au Brussels.

MOBONGO FREDDY (Eupen, attaquant, 24 ans. Congolais)

 » Mobongo est exactement l’opposé de De Broyer « , affirme Czerniatynski.  » Lui, c’est un déménageur qui passe en puissance (1,88 m, 87 kg). On peut compter sur lui quand l’heure est venue de  » bouger  » une défense. C’est un bélier. « 

Mobongo a vu le jour à Kinshasa et son parcours européen est essentiellement allemand (Wuppertal, Dattenfeld, Cologne, Cologne).  » Il me fait penser à Piet Den Boer « , remarque Quaranta.  » Maintenant, ce sera à lui de se forger une réputation en D1. Il aura la chance d’en découvrir les difficultés avec un effectif qu’il connaît bien. S’il y met du sien, Mobongo peur réussir comme Roger Lukaku autrefois. Le père de Romelu était aussi arrivé en Belgique sur la pointe des pieds et y a trouvé sa place à force de travail.  »

JEROEN KETTING (KVSK United, attaquant, 29 ans. Néerlandais)

 » Il a roulé sa bosse dans pas mal de clubs aux Pays-Bas : Cambuur, Volendam, Haarlem, AZ Alkmaar « , remarque Quaranta.  » Cet acquis lui a permis de devenir un des meilleurs attaquants de son club et de D2. Ses 15 buts soulignent son importance à Lommel. Subtil, rusé, solide, il devine où le ballon va aller. Il s’accroche, est à l’affût, exploite bien ses qualités dont la vitesse d’exécution. Ketting pourrait encore rendre des services en D1. Saint-Trond l’a pisté comme d’autres équipes de D1. « 

Czerniatynski ajoute :  » Ketting est un des attaquants les plus difficiles à neutraliser en D2. Il décroche, se déplace sur les ailes pour se faire oublier avant de frapper un grand coup. Même à 29 ans, il peut franchir le pas et jouer en D1. Mais Lommel y tient beaucoup et cela peut se comprendre. Ce club a déjà perdu Zinho Chergui, un bon arrière gauche recruté par le FC Malinois. Ceux qui bossent peuvent y arriver. A Tournai, j’ai été étonné par les progrès d’ Icham Mouissi (27ans). Comme Ketting ou Chergui, ce milieu (ex-Gueugnon, Santander, RC Ferrol, Wasquehal) peut se relancer. Ketting, Chergui, Mouissi : c’est du bon grain de D2.  »

DANIJEL MILICEVIC (Eupen, milieu, 24 ans. Suisse)

 » Un des régulateurs de la ligne médiane d’Eupen « , rappelle Quaranta.  » Il a joué à Yverdon et au FC Lugano avant de débarquer en Belgique. Milicevic est un stratège et un excellent manieur de ballons. Son travail de l’extérieur du pied. Pas très grand (1,77 m, 61 kg), il a des similitudes avec Marc Degryse.  »

Czernia approuve :  » Marc jouait plus haut. Milicevic présente beaucoup de maturité dans son jeu. Il a été une des pierres angulaires d’Eupen en D2 mais, maintenant, cela va aller beaucoup plus vite. « 

ZORAN NIZIC(Brussels, arrière central, 20 ans. Croate)

A 20 ans, ce joueur venu de Zmaj (D3 croate) s’est déjà fait un nom en Belgique. Sa taille (1,92 m, 76 kg) et son potentiel ont attiré le regard d’Anderlecht, du Club Bruges et de Lokeren. Au Brussels, on loue sa force de travail, sa concentration et sa discrétion. Czerniatynski :  » Je l’ai vu à l’£uvre et c’est un arrière central qui se contente d’abattre son job défensif. Il est très fort dans le trafic aérien.

Cette impression est partagée par Quaranta :  » Nizic est un très bon stopper en devenir. C’est le moment de le prendre pour bien travailler avec lui. Il a le sens de l’interception et garde son calme. Il est agressif quand c’est nécessaire, détient une bonne relance mais doit prendre quelques kilos de muscles. Je ne dis que Nizic sera un nouveau Oguchi Onyewu mais il peut un peu lui ressembler.  »

MIJAT MARIC (Eupen, 26 ans, arrière central. Suisse)

Bari, Lucerne, Saint-Gall, FC Malcantone Agno, Lugano et Eupen : le patron de la défense du Kehrweg a voyagé.  » Il était probablement le meilleur arrière central de D2. C’est un joueur complet qui n’a pas peur des duels d’homme à homme. Il a du répondant : 1,88 m, 83 kg. Son placement est bon et il soigne sa relance.  » Le Standard s’est renseigné à son propos.  » Cela ne m’étonne pas car Maric détient un potentiel intéressant « , admet Czerniatynski.

HENNY NOYEN (Turnhout, attaquant, 26 ans. Néerlandais)

 » Un joueur intéressant car il est rapide. « , avance Czerniatynski.  » Le Lierse s’est rapidement intéressé à lui. Découvrir la D1 n’est jamais facile. Koita empilait les buts à Virton mais a échoué à Genk et à Charleroi. Quand Jan Koller a débarqué à Lokeren, tout le monde rigolait de ses pieds carrés. La patience a payé dan son cas. Puis, il signa une grande carrière. Noyen devrait intéresser des clubs de D1.  » Venu du FC Eindhoven (1,77 m, 76 kg), il porte le numéro 8 et Quaranta en dit :  » Il a marqué 16 buts et a l’art de surgir de la deuxième ligne.  »

MATTHIAS LEPILLER (Eupen, 21 ans, milieu. Français)

 » Celui-là, il détient une frappe de balle unique « , insiste Quaranta.  » Sa maîtrise dans cette spécialité est exceptionnelle. Je ne connais personne aussi fort que lui sur phases arrêtées en D1. Lepiller a cependant un point faible : son irrégularité. Ce milieu offensif est capable de faire la différence à lui tout seul avant de s’effacer durant plusieurs semaines.  » Czerniatynski ajoute à propos de cet ancien élément de Grasshoppers Zurich, Fiorentina et du Havre (10 buts à Eupen) :  » A suivre de près. Il ajoute un élément primordial à ses atouts : 20 ans… « 

MICHAEL VAN GEELE (Waasland, 23 ans, milieu. Belge)

 » Je le connais d’autant mieux que je l’ai coaché en équipes de jeunes au FC Malinois « , confie Czerniatynski.  » Michael est d’avantage un médian qu’un attaquant. Il a un volume de jeu phénoménal. Cela fait de lui un joueur dont tous les coaches de D2 se méfient.  » Quaranta ajoute de l’eau au moulin de ce joueur (1,80m, 80 kg, 6 buts) :  » Ses accélérations font mal. Van Geele est le marathonien de la D2. C’est aussi ce qu’on disait de Christophe Lepoint…  » Quaranta apprécie ce joueur qui a signé au Brussels. l

Par Pierre Bilic – Photos: Reporters/Belga

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