« Ils ont faim »

A 36 ans, l’ancien libero des Zèbres fait ce qu’il a toujours fait: coacher les autres sur le terrain.

Après une expérience malheureuse à Tamines, le libéro Fabrice Silvagni a été appelé par Namur pour régler ses problèmes défensifs. Tout fonctionne bien, le club domine largement la Promotion D et voit de plus en plus la montée de la D3 se profiler à l’horizon.

Quel est le secret de Namur?

Fabrice Sivagni: On a en fait un noyau de très bonne valeur. Les déficits dans le secteur défensif ont été palliés par des transferts durant le mercato. On joue généralement en 3-5-2 qui évolue au cours du match et on essaye toujours de construire à partir de derrière. L’équipe manque un peu d’expérience car la moyenne d’âge est de 22 ans mais d’un côté, c’est d’un gros avantage car les jeunes ont vraiment faim. Les garçons sont très réceptifs. Ils sont tout le temps à l’écoute et veulent réellement progresser. Personnellement, je suis satisfait de mon rendement. J’ai participé à 20 rencontres sur 22. A 36 ans, c’est pas mal! Le physique suit toujours. Comme d’habitude, je suis le relais de l’entraîneur sur le terrain. C’est important car un réel dialogue est dès lors établi. De temps en temps, on discute plus longuement mais je n’essaye jamais d’imposer mes vues footballistiques.

La D3 est-elle déjà dans tous les esprits?

Oui. On y pense évidemment mais rien n’est joué. Il faut absolument terminer le championnat normalement, comme on le fait pour l’instant . Au point de vue des installations, on est paré. Notre terrain est superbe et le stade assez coquet. On a également d’excellents terrains d’entraînement. Les dirigeants sont vraiment en train de redorer le blason du club. Je discute souvent avec eux et expose mes idées. Ils me demandent également de temps en temps mon avis sur certains joueurs qu’ils envisagent de convoiter. Avec quelques éléments en plus dans le noyau, je pense qu’on sera prêts pour la D3. »Dante Brogno était dans un tiroir »

Avec vos 13 ans d’expérience à Charleroi, que vous inspire la situation actuelle du club?

Chez les Zèbres, j’ai vraiment vécu quelque chose d’extraordinaire. A la différence d’aujourd’hui, il régnait vraiment un esprit de groupe et on se battait pour le public qui était d’ailleurs beaucoup plus exigeant. Maintenant, on fait péter le champagne quand le Sporting se sauve! J’y ai vécu des moments géniaux comme la montée en D2 à l’âge de 19 ans et notre parcours en Coupe de Belgique en 92-93 qui s’est soldé par une défaite en finale face au Standard. A Charleroi, il n’y a plus de clubman pour l’instant. Maintenant, le noyau est composé de joueurs de transit qui considèrent Charleroi comme étant un tremplin ou qui ont signé pour l’argent. Il n’y a plus de fortes têtes. Le club a offert des contrats à des joueurs qui ne le méritaient vraiment pas. Des groupes de joueurs se forment en dehors du terrain. C’est normal mais, sur le terrain, ils doivent être solidaires. éa me fait réellement mal cette situation. J’espère de tout coeur qu’ils se sauveront. En effet, j’ai des difficultés à imaginer ce club évoluer en D2. Pour la région, ça serait une catastrophe. Je ne suis pas sûr que ce soit le choix de Dante Brogno comme entraîneur soit optimal. Abbas Bayat s’est séparé d’Enzo Scifo puis d’Etienne Delangre et Brogno se trouvait dans un tiroir. Le président s’est senti forcé de l’ouvrir.

Qu’est-ce que votre expérience à l’Aris Salonique vous a apporté?

C’était très difficile footballistiquement. On a été relégué en D2 après avoir changé quatre fois d’entraîneur et de président. La tactique en pâtissait beaucoup, fatalement. Un jour, on a perdu six points sur un match, à Athènes, car les cartes d’affiliation avaient été oubliées. On n’a pas pu jouer et le règlement a, en plus de la défaite, imposé trois points de pénalité par forfait. Avec ces trois points, on se serait sauvé. On critique souvent le championnat grec, mais le Panathinaïkos vient de prouver qu’il faut mieux le prendre en considération. Les jeunes Grecs sont vite soumis à la pression car ils jouent chaque week-end devant presque 60.000 spectateurs. Les joueurs grecs sont très doués mais manquent encore de discipline. Humainement, ce fut une expérience fabuleuse. Juste pour cet aspect, j’aurais souhaité rester là-bas. J’y retourne, depuis, une fois par an car je m’y suis fait beaucoup d’amis. « Je suis contre la défense en ligne »

Que vous inspire la disparition généralisée du poste de libéro au profit de la défense en ligne?

Je n’y suis évidemment pas favorable. La défense en ligne est difficile à appliquer et d’excellents défenseurs dotés d’une technique impeccable sont indispensables. En Belgique, il n’y a pas assez de qualités. Mais on voit les plus grandes équipes du monde évoluer de la sorte et dès lors, tous les entraîneurs sont tentés d’imposer ce système. C’est la mode et j’espère qu’elle passera!

Quelles sont vos activités en dehors du football?

Depuis un an et demi, une école de football reconnue par la Communauté française a été créée à Seneffe. Les jeunes suivent les cours normaux le matin et l’après-midi, ils s’entraînent. En fait, je suis entraîneur. Je m’occupe d’enfants âgés de huit à 12 ans. éa demande une discipline très importante. Il faut aussi les éduquer un peu. Les dirigeants sont contents de moi. J’espère donc entraîner après ma carrière de joueur mais je ne sais pas encore quand je raccrocherai les crampons. Peut-être à la fin de saison, je ne sais pas encore. Je ne veux pas faire l’année de trop! Mon but maintenant est d’être sacré champion avec Namur.

Tim Baete

« Avec quelques renforts, on est prêt pour la D3 »

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