« Ils manquent surtout de personnalité »

Tour de table avec une palette d’entraîneurs sur l’une des questions les plus épineuses de la saison.

1. L’arbitrage est fort critiqué cette saison en D1. A raison?

ANTHUENIS : La contestation arbitrale est aussi ancienne que le jeu lui-même. Si j’ai bonne souvenance, l’un de nos plus prestigieux referees, John Langenus, avait dû arrêter un jour un match entre l’Argentine et le Chili parce que les joueurs en étaient venus aux mains suite à l’une de ses décisions. Et l’épisode remonte à la toute première phase finale de la Coupe du Monde, en 1930. Je suis le foot depuis un bon demi-siècle et l’homme en noir a toujours été l’exutoire de toutes les passions et rancoeurs. Sans doute est-il devenu, aujourd’hui, davantage encore la cible de toutes les critiques dans la mesure où la technique moderne amplifie le moindre de ses manquements. Et dieu sait s’il est ingrat de devoir se prononcer de manière définitive en une fraction de seconde. Beaucoup auront encore en mémoire cette faute de main de Valdo non sanctionnée par Marcel Van Langenhove lors d’un match entre Marseille et Benfica. C’est oublier que plusieurs ralentis et des angles de vue différents furent nécessaires pour relever ce hands. Et l’arbitre n’a pas cette chance, qu’on se le dise!

BROOS : Les critiques envers l’arbitrage ne datent pas de cette saison. Il y en a eu de tous temps. Il est exact, cependant, qu’elles se sont faites plus virulentes ces dernières années. Les nombreuses modifications apportées au règlement n’y sont pas étrangères. La part laissée à l’interprétation est devenue très grande: passe en retrait au gardien, volontaire ou non, tackle par derrière ou de côté. La présence accrue de la télévision a encore accentué le phénomène. Lorsqu’il y a un doute sur une décision, on s’empresse de vérifier avec x ralentis à l’appui. Et c’est surtout lorsqu’on s’estime lésé qu’on retient l’erreur commise. Les enjeux sont devenus colossaux également: une erreur arbitrale peut engendrer d’énormes conséquences financières. Il m’est arrivé, moi aussi, de critiquer les arbitres mais je dois admettre que leur rôle n’est pas facile.

M. FERRERA : Je n’ai pas l’impression que le niveau de l’arbitrage en Belgique soit plus mauvais qu’avant. Van Langenhove n’était pas meilleur qu’ Ancion. Chaque année, on les critique. Mais on dispose de moyens beaucoup plus sophistiqués pour voir leurs erreurs. Il y a plein de caméras autour du terrain et chaque phase est décortiquée. Et les footballeurs sont plus rapides, plus techniques, plus puissants, plus doués tactiquement. Mais pour les arbitres, rien n’a changé. Ils restent amateurs et n’ont toujours que deux yeux et un sifflet. Enfin, il y a de plus en plus de tricheurs. La simulation est entrée dans les moeurs. Même à l’entraînement. La tricherie dans le football est aujourd’hui un phénomène dramatique. Avant de critiquer, chacun (joueurs, entraîneurs, dirigeants) devrait faire son autocritique et voir s’il a vraiment tout fait pour faciliter la tâche des arbitres. Mais c’est difficile quand les enjeux financiers sont importants… et démesurés quand on les compare à ce que touchent les arbitres. Que ce soit en Seniors ou en Préminimes, il faut avoir la passion car ce n’est pas l’argent qui motive.

GROSJEAN : Oui, l’arbitrage est mauvais. Mais ce serait une erreur d’accuser les arbitres de tous les maux. Il y a un phénomène qu’on ne souligne pas assez: ils sont lancés de plus en plus jeunes dans le grand bain. Quand un footballeur débarque à 18 ans en D1, on lui laisse une période d’adaptation, on ne le condamne pas après deux ou trois mauvais matches. Avec les jeunes arbitres, on ne leur laisse pas le droit à l’erreur. Leur arrivée massive en D1 ne pouvait qu’avoir des conséquences néfastes. Ils n’ont pas l’expérience et le vécu des anciens, et ils le payent. Il faudrait prendre le temps de leur offrir une formation plus complète. Nos arbitres plus âgés reçoivent souvent de bonnes cotes dans les matches internationaux: c’est la preuve que l’expérience est déterminante.

Autre paramètre: les arbitres sont confrontés à des règles de plus en plus compliquées. Sur les situations de hors-jeu par exemple: le joueur participe-t-il ou pas à la phase, est-il simplement en position de hors-jeu? C’est difficile de prendre la bonne décision quand tout va aussi vite. Le football est un sport simple mais certains passent leur temps à rendre le règlement de plus en plus compliqué. Dès le moment où l’appréciation est laissée à l’arbitre, beaucoup de phases deviennent discutables.

IVIC : Il y a une crise car les clubs n’ayant pas de prestige, d’autorité, ou qui ont perdu leur aura (donc leurs influences dans les cénacles de l’arbitrage), sont défavorisés, même involontairement. C’est le cas du Standard où c’est visible à l’oeil nu depuis que la nouvelle direction a repris ce club. Ce fut une fois de plus ainsi face à l’Antwerp, par exemple, où le penalty sifflé en faveur des gars de Deurne m’a semblé très léger. Par contre, il y avait probablement un hands en faveur du Standard. Pas vu, pas sifflé, pas de penalty, pas d’occasion de revenir à la marque. Il faut d’urgence une prise de conscience car, si ce n’est pas le cas, le problème s’aggravera dans sa globablité.

LECLERCQ : Je me pose des questions sur l’arbitrage en Belgique, c’est évident. Il y a régulièrement des décisions qui me désarment, me perturbent. Si je ne m’intéresse qu’au cas de La Louvière, je pense aux buts refusés de Jean-Jacques Missé Missé à St-Trond et contre Westerlo, ou encore au penalty sur lui qui n’a pas été sifflé face à Charleroi. Quand je vois ça, je me demande si je dois encore aligner Jean-Jacques dans mon équipe… Quand autant d’erreurs touchent une équipe en position aussi délicate que la nôtre, les conséquences peuvent être dramatiques. La Louvière n’a pas encore eu de penalty cette saison! Ça me fait bondir, mais je suis bien obligé de me calmer. Dans les autres matches aussi, je vois beaucoup de grosses erreurs arbitrales. J’ai été sidéré le soir où j’ai participé à Match 1. Dans la plupart des rencontres, il y avait eu de grosses discussions à ce propos: des penalties non sifflés, des cartes rouges distribuées à tort et à travers, etc.

PREUD’HOMME : Quelque chose cloche : l’arbitrage n’est plus en phase avec la réalité des matches. On m’en avait parlé avant que je ne revienne au Standard et je ne peux que faire le même constat. Nous sommes victimes de beaucoup de fautes d’arbitrage. Ce sont parfois des détails mais tout peut parfois se perdre ou se gagner sur une broutille. Il faut aider les arbitres. On ne peut plus les laisser seuls afin de faire respecter les lois du jeu, sévir lors des tirages de maillots, sanctionner les simulacres. Il faudrait que plus d’anciens joueurs se tournent vers l’arbitrage. Pour cela, il conviendrait de rendre du prestige à cette activité. On dit trop que c’est un truc de fous tant ils sont contestés, alors les anciens joueurs ne s’y intéressent pas.

SCIFO : Le niveau actuel de l’arbitrage en Belgique est insuffisant. C’est dû à la pression. Il y a des matches extrêmement médiatisés. Certains joueurs ne parviennent pas à les gérer et pas mal d’arbitres ont le même problème. Et plus on parle de la baisse du niveau de notre arbitrage, plus ils semblent paniquer et se laissent influencer. Ça s’est fort aggravé depuis quelques mois. Nous avons été roulés par Monsieur Allaerts dans notre match contre le Standard, au début du mois. C’est un arbitre que j’apprécie, mais tout ce monde et la retransmission en direct lui ont fait perdre les pédales. Je n’hésite jamais à donner mon avis sur l’arbitrage après un match. J’ai tendance à condamner mais quand je réfléchis à tête reposée, je me dis qu’il est de plus en plus difficile de diriger un gros match. Et je pardonne alors plus facilement une prestation ratée de l’arbitre…

2. Pensez-vous que tout s’équilibre en fin de saison?

ANTHUENIS : A peu de choses près, tout se neutralise effectivement en fin de saison. Sans doute aurions-nous dû bénéficier d’un penalty, par exemple, à Lokeren, pour un accrochage sur Tomasz Radzinski dans les seize mètres. Les images étaient formelles à ce propos. Mais d’un autre côté, personne n’y aurait trouvé à redire non plus si nous avions enlevé un et non trois points à Mouscron au premier tour. Ce jour-là, je dirai que nous avions bénéficié d’un petit coup de pouce du destin.

BROOS : Chaque équipe est, à tour de rôle, victime d’une erreur arbitrale. Partant de là, on peut considérer que tout s’équilibre en fin de saison. Mais, selon le moment où l’erreur est commise, elle peut avoir des conséquences plus ou moins fâcheuses. La saison dernière, la faute de main de Philippe Albert qui a précipité notre défaite à Charleroi aurait pu nous coûter un ticket européen. Cette saison, le but de Nenad Jestrovic annulé pour un hors-jeu imaginaire contre Anderlecht nous a peut-être coûté trois points, mais j’aurais mauvaise grâce d’affirmer que nous avons raté l’Europe à cause de cela.

M. FERRERA : Tout s’équilibre théoriquement plus ou moins en fin de saison si les erreurs ne sont que le fruit du hasard. Il y en a tellement que la balance ne peut pas pencher très fortement en faveur de telle ou telle équipe.

GROSJEAN : Certainement pas. Si tout s’équilibrait, les arbitres offriraient plusieurs points à La Louvière d’ici la fin de la saison et le sauvetage ne serait plus un problème. Ce club a été terriblement pénalisé par des mauvaises décisions depuis le début du championnat: des penalties non sifflés, des buts louviérois annulés alors qu’ils étaient valables, des buts adverses validés alors qu’ils ne devaient pas l’être. J’ai appris que plusieurs décisions ayant pénalisé La Louvière avaient été discutées lors de séminaires pour les arbitres.

IVIC : Il ne reste que quelques matches à disputer et je vois pas comment le Standard pourrait hériter de tous les points qui lui ont filé sous le nez. J’estime que cela représente une perte de dix unités et avec ce capital en plus, Michel Preud’homme négocierait plus facilement le sprint final pour l’Europe. Tous les clubs investissent énormément de temps, d’énergie et surtout d’argent afin d’atteindre leurs buts et il n’est pas normal que le produit de nos efforts dépendent d’erreurs ou d’un arbitage insuffisamment à la page.

LECLERCQ : Pour que ça s’équilibre en faveur de La Louvière après tout ce que j’ai vu depuis le mois de janvier ici, il y a du boulot! Les arbitres vont devoir faire fort…

PREUDHOMME : Cela ne veut rien dire mais c’est un concept très répandu. Il faut que chaque épisode du championnat soit jugé équitablement. Nous n’avons eu qu’une décision favorable depuis la reprise du championnat en janvier. C’était à Charleroi où Frank Defays ne méritait pas d’être exclu, ce qui nous permit de jouer à onze contre dix. Par contre, un but d’ Ivica Mornar a été annulé pour hors-jeu imaginaire.

SCIFO : Je l’espère pour Charleroi mais je n’y crois pas. Il faudrait aussi que les arbitres parviennent à rééquilibrer les débats en cours de match, qu’ils changent leur façon d’être après avoir commis une erreur. Mais ils n’y arrivent pas. Je ne veux pas parler de compensation mais d’adaptation de leur style d’arbitrage en fonction des réalités du match.

3. Nos arbitres sentent-ils suffisamment le jeu?

ANTHUENIS : L’arbitre ne sent-il pas le jeu ou, plutôt, ne suit-il pas le jeu, c’est la question qu’il faudrait se poser. Car par rapport à l’époque où le football se jouait pour ainsi dire au ralenti, et où le referee avait tout le temps d’intervenir, il faut bien avouer que tout s’est accéléré aujourd’hui. Dès lors, c’est à ce niveau-là, surtout, que l’arbitre me semble accuser un retard. On pourrait pallier cette lacune en favorisant l’accès à cette discipline aux anciens joueurs. Compte tenu de leur bagage footballistique et d’un organisme rompu aux efforts physiques, je pense qu’on pourrait former des candidats extrêmement valables.

BROOS : Les arbitres actuels manquent surtout de personnalité. En laissant apparaître qu’ils ne sont pas sûrs de leur décision ou qu’ils n’ont pas le match en mains, ils incitent les joueurs à la révolte. A l’époque où je jouais, on trouvait des arbitres comme Loraux, Van Langenhove, Delcourt ou Schaut. Ces gens-là connaissaient aussi de mauvais jours, mais ils dégageaient une autorité naturelle. Cela manque parmi la génération actuelle. Je ne pense pas qu’il faille nécessairement avoir été un grand joueur pour devenir un bon arbitre. C’est d’ailleurs très difficile, car à l’âge où un footballeur raccroche habituellement les crampons, un arbitre doit déjà avoir gravi certains échelons s’il veut faire carrière.

M. FERRERA : Ça manque peut-être. Les arbitres verraient mieux la simulation s’ils avaient fait une grande carrière de joueur. C’est comme pour les entraîneurs: il vaut mieux avoir été un joueur de haut niveau pour se lancer avec toutes les armes dans ce métier.

GROSJEAN : Non, c’est le problème que je viens d’évoquer. Ils sentiraient beaucoup mieux le jeu si on prenait le temps de les former. Pour moi, le principe de la limite d’âge ne se justifie pas. Un arbitre de 50 ans peut toujours être excellent. Pourquoi l’empêcher de monter sur le terrain s’il a toujours la passion? Certains de 50 ans seraient bien plus performants que d’autres de 40 ans. Il faut statuer au cas par cas.

IVIC : Je ne suis pas du tout opposé aux techniques modernes qui peuvent avoir un impact positif et intéressant, mais l’arbitrage doit aussi se poser des questions sur la qualité de la formation des arbitres. Sont-ils bien pris en mains? Quels cours leur donnne-t-on pour le moment? Ne peut-on pas faire mieux? Une formation plus moderne ne leur serait-elle pas utile? Pour bien exploiter l’apport de toutes les techniques modernes, l’arbitre de demain devra être parfaitement formé et je me demande si c’est le cas pour le moment. Quand un homme est au courant de tout, il sent forcément mieux le jeu.

LECLERCQ : Les arbitres de D1 n’ont pas eu l’occasion de faire une carrière de joueur à un niveau convenable et c’est une fameuse lacune. Ils ne sentent pas bien le jeu et c’est sans doute dû au fait, notamment, qu’ils installent une importante barrière entre les joueurs et eux. Comme s’ils évoluaient dans deux mondes différents. En France, je parvenais à avoir des discussions amicales avec les arbitres. Ici, si j’en regarde un pour lui dire bonjour, il détourne les yeux. Ils considèrent peut-être que c’est une manière d’en imposer mais je ne vois pas l’utilité. Une fois sur le terrain, ils estiment que le foot n’est pas un sport de gonzesses et ils laissent passer beaucoup de fautes. C’est une erreur. En France, ils sont bien plus intransigeants. Conséquence: les joueurs français ont appris à jouer en faisant moins de fautes et ils sont maintenant champions du monde!

PREUDHOMME : Le maître du terrain ne dispose plus de toutes les infos pour juger une phase. Avant, le coup d’oeil suffisait car on jouait un peu moins vite. L’arbitre décortique peut-être moins bien le jeu mais doit réagir plus vite. Il n’a presque quasiment plus le temps de la réflexion alors que d’autres l’ont : les joueurs qui ne sont pas impliqués dans la phase, les spectateurs, etc.

SCIFO : Certains sentent bien le jeu, d’autres pas du tout. Cela me frappait quand j’étais joueur. On voit ça à des détails. Si un arbitre réagit directement avec ses cartons face au joueur qui s’énerve un peu, cela veut dire qu’il ne sent pas le match. Il devrait d’abord lui dire quelques mots et lui laisser ainsi une chance de se calmer. En général, les arbitres ne comprennent pas suffisamment la psychologie des footballeurs. Autre cas: la règle de l’avantage. Beaucoup d’arbitres ne parviennent pas à l’appliquer correctement. Le joueur, lui, sent directement si l’arbitre doit siffler ou pas.

4. Quelles sont vos propositions pour faire progresser le niveau?

ANTHUENIS : Outre des anciens joueurs reconvertis dans l’arbitrage, je pense qu’il faudrait être moins pointilleux, aussi, concernant l’âge. Certains éprouvent parfois des difficultés sitôt franchi le seuil de la quarantaine alors que d’autres, au contraire, ont tendance à se bonifier. Pourquoi ne leur permettrait-on pas de siffler jusqu’à cinquante ans et plus, dans ces conditions s’ils satisfont toujours aux tests physiques d’usage?

BROOS : D’abord, simplifier le règlement. Actuellement, à chaque Coupe du Monde, des adaptations sont apportées. Elles visent souvent le gardien de but. Je ne pense pas qu’elles aient à chaque fois constitué un progrès. Le règlement du football a été bien fait au départ. Depuis la nuit des temps, il existait une règle spéficiant que l’on ne pouvait pas gagner du temps ni faire de l’anti-jeu. Il suffisait de l’appliquer et il n’était pas nécessaire, pour cela, d’interdire au gardien de prendre le ballon en mains ou d’introduire le délai de 6 secondes pour dégager. La vidéo? Je n’y crois pas. S’il fallait interrompre le jeu chaque fois qu’il y a une phase litigieuse, on n’en sortirait pas. D’ailleurs, la vidéo ne peut pas toujours tout démontrer.

M. FERRERA : La vidéo pourrait solutionner certains problèmes, mais certains matches dureraient alors 3 heures et ça nous vaudrait aussi un football à plusieurs vitesses. Le professionalisme des arbitres n’est pas une réponse car ils n’ont pas de problème de condition physique. Même des pros continueront à se tromper régulièrement s’ils ne sont pas aidés par les acteurs. Il faut punir les joueurs… et peut-être leur mettre des moufles, car il est devenu impossible de décoller sur une phase arrêtée.

Les arbitres seront toujours confrontés à certaines difficultés qui ont toujours existé, comme l’application de la règle du hors-jeu. Elle est physiologiquement inapplicable. Il est impossible que l’arbitre ait les yeux en même temps sur le joueur qui donne la passe et sur la ligne fictive qui délimite le hors-jeu. Même chose pour les juges de ligne.

GROSJEAN : Consacrer du temps à la formation et penser à en professionnaliser un certain nombre. Ce qui passe par une augmentation des moyens financiers. Anderlecht joue un rôle en Ligue des Champions et les Diables Rouges visent une qualification pour une sixième Coupe du Monde d’affilée: des résultats pareils ne suffisent-ils pas à justifier la présence de quelques arbitres pros? Et il ne faudrait pas non plus négliger la D2 et la D3 : là aussi, on joue avec de grosses sommes et il serait bien d’avoir des arbitres d’un bon niveau.

IVIC : L’arbitrage professionnel est évidemment à l’ordre du jour et je crois qu’il faut accentuer cet effort. Il faut gommer au plus vite toutes les formes de frustration. Je préfère jouer à dix contre onze mais avec un bon arbitre qu’à onze contre onze avec un directeur de jeu qui est côté de ses pompes. Je ne dis pas que les arbitres le font exprès quand ils commettent une erreur. Ce sont des hommmes comme les autres qui sont forcément sensibles à la pression des matches. Mais quand il y a faute, un footballeur est puni, exclu, carte rouge, suspension, etc. Je ne crois pas qu’un arbitre doive subir la même chose mais les sanctions ne sont pas souvent mises en application, si ce n’est exceptionnellement. Un arbitre peut aussi traverser une mauvaise passe et une période de repos devrait alors lui être profitable sans que cela soit jugé négativement. Ce ne sont pas des robots et c’est à la fédération de tout faire pour que le corps arbitral soit mieux formé et bénéficie d’excellentes conditions de travail.

LECLERCQ : Je ne crois pas à la solution d’un deuxième arbitre sur le terrain. J’ai assisté à une expérience en Coupe d’Italie: je commentais Lazio-Inter pour Canal+ France. Un mec et deux yeux en plus sur la pelouse, ça perturbe… La solution, dans un premier temps, passe par une formation plus poussée des arbitres belges. Il faut qu’ils puissent participer à des séminaires et des stages à l’étranger, qu’ils puissent discuter avec des confrères qui ont connu un grand nombre d’expériences. Reste à voir si les moyens financiers sont là.

PREUDHOMME : Il est temps d’aider les arbitres: un de plus sur la pelouse serait une bonne chose. Il ne serait pas chargé de siffler mais bien d’apporter un complément d’infos à l’arbitre en chef. Il serait simple de prévoir des juges pour les lignes de fond qui auraient un autre angle de vue afin de juger tout ce qui se passe dans les rectangles. Il est temps de faire appel aux techniques modernes (vidéo) afin d’aider l’arbitre lors des grands matches. Je ne crois pas que les matches seraient trop hachés ou qu’il faudrait trop les prolonger. Le quatrième arbitre pourrait avoir un écran de télé près de lui et trancher très vite. Le jeu est devenu bien plus agressif, il faut suivre ça à la loupe. En tennis, l’électronique aide les arbitres et je ne vois pas pourquoi le football se prive de cette possibilité.

SCIFO : Les penalties et les hors-jeu ont une influence de plus en plus déterminante. Pourquoi ne pas prévoir l’intervention de la vidéo pour que l’arbitre prenne toujours les bonnes décisions? Il suffirait d’une personne dans une cabine, qui aurait toutes les images et dirait à l’arbitre ce qu’il doit décider. Ils seraient reliés par une oreillette et tout irait très vite.

Par Pierre Bilic, Pierre Danvoye, Daniel Devos et Bruno Govers

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