« Il y a des clans ! »

Il plaisait aux supporters mais l’ancien défenseur de Courtrai ne s’est jamais senti à sa place à Charleroi. Direction Zulte Waregem…

Cela pouvait être le meilleur transfert de Charleroi, cet été. Cela ne sera pas le cas. Le fossé était trop grand entre le joueur et le Sporting. David Vandenbroeck aura donc juste fait les tests physiques avant de retourner dans les Ardennes flamandes où il s’était révélé la saison passée avec Courtrai. Cette fois-ci, ce n’est pas le KVK qui l’accueille mais le rival de Zulte Waregem. En signant un contrat de cinq ans, le Brabançon a recherché la stabilité et un environnement qui lui paraît idéal à son épanouissement.

Avec le recul, comment expliquez-vous la bonne saison de Courtrai ?

David Vandenbroeck : Il y a eu une osmose entre les joueurs prêtés. Cela a mis un peu de temps avant de prendre. Au début, on regardait davantage derrière nous que devant. Mais on a commencé à engranger les victoires. A Courtrai, on pouvait dire ce qu’on pensait, comment on voyait les choses. Même Laurent Ciman s’est senti revivre. Au final, je suis content d’avoir été prêté dans un club et d’avoir réalisé une meilleure saison que Charleroi. C’est valorisant pour un joueur poussé vers la sortie de réaliser une telle saison et d’avoir finalement atteint à l’objectif que visait Charleroi : les playoffs 1.

Georges Leekens, nouvel entraîneur national, qu’en pensez-vous ?

C’est un très bon choix car il a cette faculté de donner confiance aux joueurs et aujourd’hui, notre équipe nationale est en manque de confiance. On n’avait pas encore trouvé la bonne personne pour faire prendre la mayonnaise. Mais je fais entière confiance à Leekens. Si on prend sa mentalité, sa vision du foot et le talent de l’équipe, il peut faire quelque chose de bien.

Pourquoi avoir quitté Charleroi alors que le départ de Badou Kere vous garantissait une place de titulaire ?

En revenant à Charleroi, je pensais que cette expérience à Courtrai pouvait me servir à apporter quelque chose au groupe… mais personne ne m’a écouté. C’est vrai que les conditions étaient différentes par rapport à mon départ il y a un an. Peut-être même trop. Le groupe avait été fort écrémé avec le départ de toute une ribambelle de personnes confirmées. Le premier jour, je me suis retrouvé avec pas mal de jeunes autour de moi.

On sent depuis quelques mois que votre retour à Charleroi ne vous plaisait pas trop…

Le problème n’est pas Charleroi, loin de là. Mais l’année dernière, on a fait une saison exceptionnelle avec Courtrai. Je restais donc sur une dynamique positive. Or, je suis revenu à Charleroi et c’était comme s’il ne s’était rien passé. Mon statut n’avait pas changé et j’avais très peu de contacts avec les dirigeants. Un bonjour, à peine. Je ne veux pas ruer dans les brancards, ni faire une interview anti-Charleroi. Je reconnais que le club m’a fourni une expérience en D1 mais voilà, je constate que certains clubs s’étaient intéressés à moi. Et à partir du moment où on ne se sent pas plus important après une très belle saison, il est normal qu’on puisse voir son avenir ailleurs.

 » J’ai vite vu que pas grand-chose n’avait changé à Charleroi « 

On sent quand même que cette rupture avec Charleroi ne date pas d’aujourd’hui…

La première saison ne s’est pas trop mal passée. L’année suivante, Stéphane Demol est arrivé et je sentais que je ne rentrais plus tellement dans les plans. Là, ma décision fut d’aller voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs. Chose qui s’est avérée totalement vraie. Cependant, quand je suis revenu de vacances, j’étais frais dans ma tête et prêt à repartir pour une saison avec les Carolos. Mais, j’ai vite vu que pas grand-chose n’avait changé. Même si ce n’est pas le même groupe, ni le même entraîneur et même si je pense que le Sporting va tirer les leçons de la saison dernière. Pourtant, fondamentalement, le vestiaire et l’ambiance de club n’ont pas vraiment changé.

Votre départ n’est-il pas plus lié à l’ambiance qu’au statut personnel ?

Si. Si. Je n’ai jamais caché que je préfère mille fois me retrouver dans un groupe dans lequel tout le monde rigole ensemble et peut parler de tout et de rien plutôt que de tomber dans un composé d’individualités importantes et sans osmose. A Tubize, j’avais cette ambiance. A Courtrai, je l’ai retrouvée et après une semaine de stage seulement, je sens que c’est pareil à Zulte Waregem. A Charleroi, on arrive, on dépose son sac, on se change, on va s’entraîner et on rentre.

Et vous avez ressenti cela en revenant ?

Certains ont une très bonne mentalité. Je pense notamment à Cyprien Baguette, à Massimo Moia, Sandro Cordaro, Maxime Brillault ou Cyril Théréau. Mais il y a des clans. Il n’y a pas une véritable entente entre tous les joueurs. J’espère que cela va changer sous Jacky Mathijssen. Il n’y a pas de raison pour que cela ne prenne pas à un moment donné mais actuellement, je ne me sentais pas bien dans le vestiaire carolo. Je tiens toutefois à préciser : je ne suis jamais allé à l’entraînement à contrec£ur.

A la fin du championnat, vous aviez annoncé que vous ne vouliez pas retourner à Charleroi. Pourquoi ?

Je m’étais dit que s’il y avait des possibilités, je les étudierais. Ce que j’ai fait en définitive. D’un côté, Courtrai restait sur une saison exceptionnelle avec un entraîneur que j’ai appris à connaître. Et de l’autre, Charleroi avait réalisé une saison très médiocre, avec un groupe miné par des disputes.

A ce point-là ?

Tout le monde savait que cela n’allait pas. Cela se voyait sur le terrain. D’ailleurs, quand Mathijssen est arrivé, il m’a demandé ainsi qu’à Brillault et Théréau d’instaurer un règlement intérieur avec petites amendes à la clé.

Mais certains départs ont apaisé le vestiaire ?

Genre ?

Bia, Guédioura, Mboyo, Christ, Oulmers…

Oui c’est vrai même si je ne les mettrais pas tous dans le même sac. Cela n’empêche que l’ambiance était très compliquée la saison dernière. Et vous ajoutez à une ambiance pas super de mauvais résultats et un entraîneur qui parle anglais, cela devient compliqué de réaliser quelque chose. Je n’ai peut-être pas pris le temps de savoir comment cela allait se passer cette saison mais je ne le sentais pas forcément.

Comment Mathijssen a réagi à votre départ ?

Je n’ai pas eu l’occasion de parler avec lui.

 » La politique sportive de Zulte me plaît « 

Comment se sont déroulées les négociations avec Zulte Waregem ?

Mon manager m’avait dit de garder mon téléphone ouvert durant mes vacances en Egypte mais je lui avais demandé de ne pas trop me déranger. Lorsque je suis rentré, il m’a dit que plusieurs clubs s’étaient renseignés et qu’ils allaient entrer en négociation avec Mogi Bayat concernant le prix du transfert. Et Mogi n’a jamais dit non. Au bout d’une semaine, mon manager m’a informé qu’il discutait avec les dirigeants de Zulte Waregem qui s’étaient arrangés avec Charleroi. A partir du moment où il m’a dit que c’était Zulte Waregem, j’étais partant car j’estime que je franchis un palier.

Le président Bayat ne serait pas très content d’entendre qu’on franchit un palier en allant de Charleroi à Zulte Waregem…

Mais c’est parce qu’on ne se rend pas compte des conditions de travail à Zulte Waregem. On sent que le club repose sur une structure bien présente. D’un point de vue infrastructure : le site est superbe. Il y a un projet de nouveau stade et le centre d’entraînement se situe de l’autre côté de la rue. A Charleroi, vous devez prendre votre bagnole pour faire 10 minutes de route. En hiver, quand vous avez tacklé dans la boue et que vous n’avez pas pris deux essuies pour protéger vos sièges, c’est foutu pour la voiture. Et je ne parle pas du risque de prendre froid, etc. L’encadrement du groupe est plus pro : il y a quinze personnes dans le staff, ostéopathe, diététicien, préparateur mental. On peut les consulter à tout moment.

Vous ne parlez pas du sportif ?

La politique de Zulte me plaît car sur ces cinq dernières années, le groupe n’a pas beaucoup changé. A Zulte, les joueurs restent : Ludwin Van Nieuwenhuyze, Steve Colpaert, Stijn Meert, Karel D’Haene. Si on regarde les résultats de Zulte Waregem ces dernières saisons, on se rend compte qu’au dessus d’eux, il n’y a que le top-4 (Anderlecht, Standard, Bruges et Gand). A Charleroi, la politique est différente : on vend et on achète des joueurs.

Aviez-vous eu l’impression d’être traité comme une marchandise ?

Quelque part oui. J’avais l’impression d’être sur une palette, prêt à être emporté ou vendu. Cependant, je dois remercier les Bayat de m’avoir permis de partir aussi facilement.

Vous allez devoir déménager ?

Oui. Lors des négociations, les dirigeants m’ont demandé où j’habitais et combien de temps me prenait la route. L’année passée, le covoiturage avec Ciman s’est très bien passé mais cette route est longue et je devais la faire seul maintenant. C’était trop. Le club m’a proposé de m’aider pour trouver un appartement et de s’occuper du déménagement. Il fournit même la peinture…

Vous comptez rester combien de temps à Zulte Waregem ?

J’ai signé pour cinq ans et je compte bien honorer mon contrat.

Est-ce que cela signifie que vous situez votre plafond à Zulte Waregem ?

Je ne sais pas. Peut-être même que Zulte Waregem se situe au-delà de mes limites… l

par stéphane vande velde – photos: reporters

C’est valorisant de réaliser une meilleure saison que le club qui vous pousse dehors !

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