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Il y a 30 ans, Jan Ceulemans disputait ses dernières minutes pour le FC Bruges

Il y a tout juste trente ans, Jan Ceulemans tentait une ultime pige crampons aux pieds. Sans succès.

On est vendredi soir, à la fin du mois d’octobre 1991, sur un terrain annexe de ce qui était encore l’Olympiastadion de Bruges. Sous un faible éclairage, devant 146 spectateurs et l’entraîneur Hugo Broos, Jan Ceulemans joue 45 minutes avec les réserves du Club contre Lokeren. Après son remplacement au repos, le Caje commente: « La route est encore longue pour moi. » Opéré aux genoux pendant l’été, il veut savoir où il en est, car il est en fin de contrat dans la Venise du Nord. Il sait que mentalement, il n’est plus à même d’évoluer au plus haut niveau. « Je prendrai une décision en février ou en mars, au plus tard. Je préférerais continuer à jouer. Au terme de ma carrière, j’aimerais devenir coach, ne serait-ce que parce que beaucoup de gens ne m’en jugent pas capable. Si ça ne tient qu’à moi, je jouerai encore un an pour le Club ou une autre équipe de première division. »

Le 6 novembre, Ceulemans entre au jeu lors du match de Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes contre les Polonais de Katowice, match remporté 3-0. Bruges atteindra les demi-finales de l’épreuve, qu’il disputera contre le Werder Brême. 7.000 supporters l’accompagnent, mais comme en 1988, le Club ne parvient pas à franchir la dernière haie avant la finale. À la 82e, Ceulemans remplace Daniel Amokachi. Ce sont ses dernières minutes de jeu. Le week-end suivant, il est sur le banc contre le SV Waregem mais n’en décollera pas. C’est la fin d’un chapitre de quatorze ans au Club, une ère durant laquelle il remporte le Soulier d’Or à trois reprises. Il enfile également le maillot de l’équipe nationale à 96 occasions. Il faudra attendre octobre 2017 pour que Jan Vertonghen batte son record.

En attendant, Jan Ceulemans ne perd pas de temps: il suit la première formation accélérée d’entraîneur, la Licence Pro. De nombreux footballeurs connus se réunissent à Wetteren pour suivre ces cours. Ceulemans doit expliquer à ses « coéquipiers », en fait les autres élèves, pourquoi et comment il gagne tel ou tel match. Ensuite, ses collègues peuvent lui poser des questions. LeoVanderElst demande sans ambage: « Dis, coach, pourquoi y a-t-il douze noms au tableau? » Fou rire général. Ceulemans réalise avec effroi son erreur, mais réplique avec humour: « Ah, voilà pourquoi nous avons gagné! Je comprends, maintenant. »

Début novembre 1992, il succède à Jean-PierreVandeVelde au poste d’entraîneur de l’Eendracht Alost, qui vient d’être relégué en D2. Le Club Bruges ne lui a pas proposé d’entraîner ses Espoirs. « Il rêvait d’être coach principal. En ce sens, la situation actuelle arrange mieux tout le monde », déclare le secrétaire général du Club, JacquesDenolf. Ceulemans aurait pu effectuer ses débuts en D1 à Lommel, qui dispute sa première saison parmi l’élite, mais vient de se séparer son entraîneur. « Mais je trouvais les trajets trop longs depuis Bruges. »

Alost hésite, cependant, se demandant s’il sera capable de payer le salaire de Ceulemans mais celui-ci, simple débutant, ne pense pas à l’argent. « Pas plus que quand je jouais. Sinon, je serais sans doute devenu le coéquipier de FrancoBaresi à l’AC Milan. » Dans son noyau figurent deux personnalités qui font toujours partie du microcosme du foot belge. VincentMannaert, un fin technicien au milieu de terrain, arrive d’Anderlecht via Vande Velde. Il y a aussi l’avant serbe, un certain DejanVeljkovic, un chouette type, polyglotte, qui comprend vite, comme Mannaert, qu’il a intérêt à réorienter sa carrière.

Au début, l’ancien joueur intelligent et surdoué qui trouvait tout facile doit s’adapter. Il ne comprend pas qu’il faille expliquer certaines choses à des joueurs. « Tout footballeur connnaît ça, quand même? » PeterVanWambeke, un de ses milieux, le reprend: « Jan, tu le savais mais nous, on est de simples footballeurs, on a besoin de plus d’explications. » Au final, Ceulemans passe de belles années avec Alost. Au terme de sa deuxième saison, il ramène le club en première division et le qualifie ensuite pour l’Europe. Ceulemans s’attardera encore plus longtemps à Westerlo où, après chaque match à domicile, on lui sert sa bière Kasteel avant qu’il entame sa conférence de presse. Il mettra un terme à sa carrière d’entraîneur en 2016. Depuis, l’ancien grand talent de basketball est devenu un fervent cycliste.

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