Il vous dérange, Luciano ?

Dimanche dernier, Rolland Courbis, le coach de Montpellier en L2 française, était à son poste comme consultant de l’émission de télévision France 2 Foot. La chaîne a assumé :  » Courbis n’a tué personne. Il va sans doute se pourvoir en cassation. Ça va prendre du temps. En attendant, il continuera à intervenir sur notre plateau tous les dimanches. Son contrat court jusqu’au 31 décembre 2007. Et si tout se passe bien, il sera même reconduit « .

Face à la condamnation en appel du coach méridional à deux ans de prison ferme dans l’affaire des transferts suspects de l’OM, l’ex-entraîneur de Marseille garde aussi la confiance de son président montpelliérain, le plus que folklorique Louis Nicollin :  » J’aurais viré Rolland pour des affaires de drogue ou de viol de petites filles. Mais là, il n’a rien fait de grave, rien du tout… D’ailleurs, il vous dérange vous ? » Le vous s’adressait à la chaîne française qui l’interviewait et qui emploie aussi Courbis. Donc, c’est non. Le club n’est pas dérangé et la chaîne de télévision non plus. Courbis ne dérange personne.

Et Lucien D’Onofrio (de son vrai prénom officiel Licio, mais souvent appelé Luciano à Liège et ailleurs), il vous dérange ? Mercredi dernier, il n’a pas été condamné à deux ans de prison ferme comme Courbis par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence dans ce deuxième procès sur les comptes de l’OM. Non, Luciano a été condamné à six mois, à 200.000 euros d’amende et à une interdiction d’exercer une fonction dans le monde du foot. Mais l’amende représente une cacahouète par rapport à sa fortune personnelle et l’interdiction ne concerne pas la Belgique où D’Onofrio est plus que jamais l’homme fort du Standard de Liège. Et les six mois ? Ils ne représentent même pas un niveau de peine que l’on est obligé de subir, ni en France, ni en Belgique. Dans l’état actuel de l’évolution de la justice, on y préférera des peines alternatives ou des séjours étalés comme Courbis les subira. A moins que, comme D’Onofrio, il n’aille devant la Cour de cassation, organe judiciaire suprême en France comme en Belgique.

Mais attention : en cassation, on ne juge que le droit et pas les faits. Si cette cour devait estimer qu’il y a matière à redire dans la procédure du procès et/ou le respect des principes juridiques, elle renverrait l’affaire devant une Cour d’appel qui aurait à nouveau à se prononcer. Bref, Luciano n’a pas à s’en faire pour l’instant et on compte sur lui pour continuer à tester l’élasticité du système judicaire, tout en ne manifestant jamais la moindre impatience. Le bonhomme a toujours pris son temps pour faire les choses comme il le voulait et combattre ce qu’il trouvait inacceptable. Dans cette affaire sur les comptes de l’OM, il nous a toujours dit qu’il s’agissait  » de vieilles histoires dans le cadre desquelles je n’ai jamais roulé personne « . Il ne s’est toujours pas exprimé publiquement par rapport à la décision de la semaine dernière le condamnant pour abus de biens sociaux (ce qui veut dire détourner de l’argent à son profit), mais il dirait de toute manière la même chose…

Bon, mais le Standard doit-il être dérangé ? Le directeur général Pierre François a toujours la même réponse à la bouche :  » Il s’agit de faits antérieurs au début de la gestion actuelle du club et dans le cadre d’une ancienne occupation professionnelle de notre vice-président « . Et le public de Sclessin doit-il être dérangé ? A notre sens non, il est blindé. Outre les décisions provenant de l’arrondissement judiciaire provençal, le Standard a aussi été visité plusieurs fois pour d’autres raisons par les autorités belges. Et le procès de son ancien président Jean Wauters dans l’affaire du Village Reine Fabiola n°1 est toujours pendant. Là, certains disent qu’on va en découvrir des bombes ! Mais d’autres pensent qu’on ne va pas déterrer l’affaire (début de l’instruction il y a 11 ans et inculpation en 2003 !) car elle éclabousserait trop de monde.

Le principal, pour le Standard, est qu’il soit toujours en tête. Pour le reste, il a bien le temps de voir ; ça vous dérange ?

PAR JOHN BAETE

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