» IL S’ENFLAMME DÈS QU’ON LE PROVOQUE « 

Amine Neffati a joué en équipes d’âge d’Espérance avec Hamdi Harbaoui. Ils sont restés copains. Nous l’avons rencontré au complexe d’entraînement du club tunisien.  » Il a été le meilleur buteur dans toutes les catégories d’âge, ainsi que durant sa première saison professionnelle. Quand il ne marquait pas, il changeait de chaussures.  » Neffati rigole. Son père a été leur premier entraîneur, en jeunes.  » Hamdi avait douze ans. Il était issu d’une famille pauvre et était assez timide. Son père l’accompagnait toujours.  » Hamdi possédait déjà les qualités d’un avant.  » Grand, fort, doté d’une bonne technique en mouvement, d’un bon jeu de tête et capable de jouer dos au but. Il avait déjà le sens du but et un bon tir.  »

Le décès du père Harbaoui a fait déraper Hamdi.  » Il a fait quelques bêtises « , se rappelle Amine, qui porte maintenant le maillot de Hamman-Lif.  » Il a fréquenté les discothèques, il s’est blessé et il n’est pas parvenu à récupérer sa place, à cause de la concurrence des avants étrangers. Il s’est heurté à l’entraîneur et au club, d’abord à propos de son contrat puis d’un transfert. Marseille a offert un demi-million, la moitié de ce que réclamait Espérance. C’était beaucoup pour un jeune footballeur qui ne jouait même pas. Finalement, Hamdi a pété les plombs. Il a passé des tas de tests en Europe, jusqu’à ce qu’il obtienne une chance en Belgique. Il a bon coeur, il aime les défis. C’est un battant, un têtu aussi, qui s’enflamme dès qu’on le provoque. Je n’oublierai jamais cette anecdote : durant sa première saison, il a égalisé contre Sfax et il a voulu reprendre le ballon dans le but, pour aller plus vite. Le gardien l’a retenu par le maillot. Hamdi s’est retourné et l’a giflé. Il n’était pas dans le champ de vision de l’arbitre et il a inscrit le but de la victoire un peu après.  »

Zouaoui Lerbi est responsable de la formation à l’Espérance.  » Hamdi a toujours voulu se faire respecter, comme joueur et comme homme. Quand on le comprend, on peut obtenir beaucoup de lui. Il possédait le talent et la personnalité requis pour éclore rapidement, sans doute trop vite. S’il s’est imposé en Belgique, c’est qu’il s’y est bien intégré, qu’il a assimilé le volume de travail et le rythme. Je pense qu’il a tiré beaucoup de leçons de ses moments difficiles ici.  »

Il se fait parfois remarquer par ses opinions sur la politique de son pays. Pendant la révolution, il a dédié ses buts à ceux qui s’étaient sacrifiés pour libérer la Tunisie de la dictature et il a déclaré qu’une révolution similaire était nécessaire en football. Après la dernière Coupe d’Afrique des Nations, il a déclaré à la télévision, en direct, avoir vu des joueurs boire et sortir avec des femmes pendant le stage à Dubaï, ce qui lui a valu une suspension.  » Le fait qu’il s’en prenne publiquement à ses coéquipiers a choqué beaucoup de gens « , précise Amine.  » Il a dit la vérité mais ici, on préfère la taire.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire