Il n’y a pas que le style

Les modèles changent à une fréquence, qui tient plus de l’esthétique que des besoins fonctionnels du joueur.

Sur l’ensemble de sa carrière, un footballeur peut couvrir jusqu’à 300.000 km en match et à l’entraînement. Pendant une rencontre, un joueur peut faire plus de 500 contacts pied/sol par km, courir pendant plus de 50 % du temps et toucher jusqu’à 300 fois le ballon. Afin de fournir une bonne performance, un joueur doit être certain d’avoir choisi la chaussure la mieux adaptée à ses besoins. Quels sont les points les plus importants à prendre en considération lorsqu’on choisit des chaussures de football ?

Chaque pied est différent, même notre pied gauche se distingue du droit. Il existe globalement trois types de pied, le pied plat ( pesplanus), le pied cambré ( pescavus) et le pied normal. De plus, le pied peut être large, étroit ou standard. Dès lors, on comprend l’importance d’une bonne adaptation de la chaussure au pied (type, longueur, largeur). Fait caractéristique, la plupart des joueurs portent des chaussures une pointure plus petite, afin d’améliorer le contrôle et la sensation du ballon. Toutefois, on considère idéale une marge de 5 à 10 mm entre le bout de l’orteil et la pointe de la chaussure. Le pied ne doit pas glisser à l’intérieur du soulier. La chaussure doit être confortable au niveau du talon et du cou de pied, la languette doit être bien rembourrée, il ne doit pas y avoir gêne au niveau de l’emboîtage (ce qui pourrait provoquer des douleurs au tendon d’Achille).

Les diverses marques ont développé toutes sortes de configurations différentes de crampons quant au nombre, à la position, à la longueur ou au matériel employé. Un joueur ne devrait pas faire attention uniquement au type de crampons mais aussi à leur disposition, qui détermine les pressions spécifiques sur la semelle. Il peut être utile de soulever la semelle intérieure pour vérifier la position et la qualité de la fixation des crampons.

Attendre la fin de la journée

Il est préférable de choisir ses chaussures à la fin de la journée, lorsque les pieds sont légèrement enflés. Il faudrait toujours mesurer les pieds avant de choisir une marque précise de chaussure de match ou d’entraînement. Il y a des différences de taille considérables entre deux chaussures de même pointure mais de marques différentes en raison de la diversité des méthodes de définition des pointures des fabricants.

La position idéale du pied, lorsqu’il y a le moins de pression sur les articulations, les ligaments et les tendons du pied, varie d’un individu à un autre. La semelle intérieure de la chaussure standard, qui est généralement plate, n’est souvent pas adaptée au pied des joueurs. Dans ce cas, on recourt à des semelles orthopédiques de différentes matières, qui peuvent varier en rigidité/densité.

Lorsque le pied du joueur heurte le sol, le pied doit d’abord s’adapter en souplesse à la surface de jeu puis, dans la continuation du mouvement, se transformer en un levier rigide permettant d’assurer la propulsion de manière efficace. Un léger mouvement de pronation est nécessaire à l’adaptation à la surface et à l’absorption du choc. La phase de propulsion en charge requiert beaucoup de stabilité ; un support stable est essentiel à des mouvements tranchés et tournants rapides ainsi qu’à une bonne économie du mouvement. La chaussure de football doit faciliter ce changement fonctionnel lors du mouvement en conférant au pied la stabilité nécessaire, depuis le moment où le talon touche le sol jusqu’au passage du poids sur l’avant-pied. Malheureusement, la plupart des chaussures ont tendance à forcer le pied à agir comme une unité simple, limitant le mouvement naturel.

Il est essentiel, pour le contrôle de l’arrière du pied et la stabilité pendant le contact avec le sol puis lors de la poussée finale, que le talon soit bien maintenu. Ce point est particulièrement important pour les joueurs ayant un pied souple et hyper mobile. Un mauvais soutien du talon peut entraîner une pronation excessive (roulement excessif du pied), qui augmentera le risque de blessure en raison des tensions exercées sur le tibia et le fémur.

La force d’impact trois fois supérieurs au poids du corps

A chaque fois que le talon du joueur touche le sol pendant la course, la force d’impact s’élève à plus de trois fois le poids du corps et se diffuse à travers tout le corps ; ces forces sont encore plus élevées que lorsque le joueur retombe après un saut. C’est pour cela que la capacité d’absorption des chocs (amortissement) est une caractéristique importante de la chaussure. Malheureusement, la plupart des chaussures sont plates, absorbent mal les chocs et, de toute évidence, ne sont pas adaptées à tous les types de pied. Des orthèses faites sur mesure permettent aux joueurs d’adapter la chaussure à leur pied. Par ailleurs, les semelles intérieures rembourrées perdent très rapidement leur efficacité et doivent être remplacées régulièrement.

Une bonne adhérence est essentielle

II existe une relation dynamique au point de friction entre la semelle extérieure et la surface de jeu. Il est essentiel que la friction soit minimale. La composition et la disposition de la semelle extérieure et des crampons, le type et l’état de la surface de jeu ainsi que le poids du joueur influencent le degré de friction au point de contact ainsi que la traction effective.

La semelle extérieure, le type et la configuration des crampons doivent permettre de bien crocher. Des crampons longs permettent une meilleure adhérence en raison de la plus grande friction existant entre le soulier et la surface de jeu. De bons appuis permettent d’améliorer la performance. Toutefois, une chaussure qui croche trop peut être un facteur potentiel de blessures. Si le pied d’appui reste bloqué lors de mouvements extrêmes, il subira des forces latérales et de rotation qui risque d’entraîner des compressions, des torsions du pied et des articulations inférieures.

La chaussure doit protéger le dessus du pied de traumatismes résultant du contact répété avec le ballon (tirs et contrôles) ou avec les autres joueurs. On constatera avec une certaine ironie qu’il existe désormais des chaussures conçues dans des matières fines et malléables pour être plus légères et améliorer le toucher du joueur tout en exposant le pied à de plus grands risques de traumatismes. La plante du pied doit être protégée des traumatismes que pourraient entraîner des surfaces différentes et changeantes. On sait que le risque de blessure à la suite d’une déformation de la semelle augmente, en particulier sur les surfaces dures, s’il y a peu de crampons. Si la plaque de la semelle (avec une configuration habituelle de six crampons) est trop souple et que les studs ne pénètrent pas dans la surface, le milieu du pied risque de subir des forces de torsions qui peuvent provoquer des blessures insidieuses. Des semelles multicrampons (crampons moulés) ou des chaussures d’entraînement offrent un meilleur support sur terrain sec et réduisent le risque de blessure.

Tremper les chaussures dans l’eau

Il est déconseillé aux joueurs de disputer un match en n’ayant jamais porté les chaussures qu’ils utiliseront. Ils devraient commencer par porter leurs nouveaux souliers à l’entraînement pour de brèves périodes (30 minutes environ), qui seront progressivement allongées, avant de les mettre en match. Il peut s’avérer judicieux de les tremper dans l’eau avant de les mettre pour la première fois et d’utiliser du papier/des embauchoirs en bois ou à ressort pour les former. Une chaussure inadaptée à la surface d’entraînement ou de jeu (terrain mouillé ou sec, herbe ou gazon artificiel) augmente les risques de blessure et diminue la performance. S’il est impossible de décrire les caractéristiques de la chaussure idéale et universelle, une chose est sure, il n’y a pas que l’apparence qui compte !

par mike healy (uefa magazine)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire