Il marque autant que Dindane ou Mornar!

Bruno Govers

Face à une situation anormale, Le flanc limbourgeois prône la patience…

Aimé Anthuenis qui, depuis son arrivée à Anderlecht en 1997, avait réalisé quelques performances de choix sur le front national et européen, a encaissé une défaite 1-5 face au Lokomotiv Moscou (la plus cinglante at home en près de 50 années de compétitions européennes) et un revers par le plus petit écart au Standard (ce qui n’était plus arrivé aux Mauves depuis quinze ans en bord de Meuse).

31 fautes chez les Rouches et 22 sur le compte des Sportingmen. Quand on saura qu’un match normal est interrompu, grosso modo, une bonne trentaine de fois par l’arbitre, on situe l’âpreté du duel. Ce n’est que justice, somme toute, si l’issue de ce combat a été déterminée par le seul élément qui ait su élever le débat technique: Almani Moreira. Le coach anderlechtois tenta bien la même parade en faisant monter Alin Stoica, en seconde période, mais la cause était entendue.

Après un tiers de championnat, voilà le RSCA sérieusement largué. Dans ses rangs, pourtant, tout le monde se veut rassurant sous prétexte que l’infirmerie se vide peu à peu. C’est le credo des dirigeants et celui des joueurs comme Mark Hendrikx: « Lors de la rencontre de Réserve entre Anderlecht et le Standard, une huitaine de titulaires potentiels furent alignés. Tous ne seront pas encore opérationnels à l’occasion du derby bruxellois, le week-end prochain. Mais en raison du double rendez-vous contre la Tchéquie, ils bénéficieront d’une quinzaine de jours supplémentaires pour revenir en forme. La compétition, pour nous, débutera réellement à St-Trond. A ce moment, le club aura récupéré tous ses éclopés et pourra entamer la course-poursuite sur les leaders. Jusqu’à présent, on a dû se débrouiller avec les moyens du bord. La bonne volonté n’a jamais manqué, mais nous avons souffert de l’absence de footballeurs créatifs dans l’entrejeu et, aux avant-postes, de l’un ou l’autre éléments susceptibles de convertir nos occasions. A Sclessin, nous avons bénéficié de quatre chances de but réelles, mais aucune n’a été exploitée. Et face au Lokomotiv Moscou, à une exception près, il n’en était pas allé autrement.

« J’ai vécu la même situation à Genk »

Le but inscrit par Aleksandar Ilic, d’entrée de jeu, aurait pourtant dû vous libérer contre les Russes.

Mark Hendrikx: Pendant le premier quart d’heure, nous avons déployé un football remarquable. Peut-être même le meilleur depuis le début de la saison. Compte tenu des chances de but créées durant cette période, il n’y aurait pas eu grand-chose à redire si nous avions plié la partie. Il nous est alors arrivé ce qui nous a déjà pendu au nez plus d’une fois, cette saison. Pour avoir épaulé tant et plus la division offensive, par souci d’accentuer la marque, nous n’avons plus fait preuve de la même application derrière. Et cette absence de rigueur nous aura joué un vilain tour sous la forme de deux goals parfaitement évitables. A 1-2 en faveur des Moscovites, ce déséquilibre n’a eu de cesse de s’accentuer.

Dès l’instant où l’un ou l’autre élément est obligé de sortir de son rôle strict, pour la bonne marche des événements, l’homogénéité de l’ensemble s’en ressent. Le Sporting en fait l’expérience pour le moment mais, pour moi, il n’en était pas allé autrement à Genk. Là-bas également, par la force des choses, il avait fallu pourvoir au remplacement de certains joueurs qui avaient contribué à la grandeur du club: Souleymane Oulare, Branko Strupar et Thordur Gudjonsson, entre autres. Ceux qui avaient pris leur relève ne manquaient assurément pas de talent. Mais il aura fallu des mois, finalement, pour qu’un Bernd Thijs, un Wesley Sonck et un Didier Zokora s’expriment à bon escient. A l’époque, ils n’avaient pas moins de qualités qu’aujourd’hui. Mais des automatismes ne s’inculquent pas du jour au lendemain. Cet apprentissage réclame une grande patience. Sans compter que toutes les individualités ne se fondent pas de la même manière uniforme et rapide dans le creuset de la collectivité.

« Des débuts difficiles »

Pour vous, cette adaptation n’a manifestement pas posé de problèmes puisque vous avez rang de valeur sûre au même titre qu’un autre nouveau-venu: Ivica Mornar. Etiez-vous avantagé, au départ, pour avoir déjà oeuvré sous la coupe d’Aimé Anthuenis au Racing Genk, autrefois?

Par rapport à un garçon comme Tarek Saïd, qui découvre le championnat belge, ou des éléments comme Ki-Yeon Seol ou Ode Thompson, qui n’avaient pas, non plus, la même expérience à cet échelon, mon propre vécu était déjà nullement négligeable. En outre, je connaissais évidemment Aimé Anthuenis. Sur le plan individuel, je savais donc à quoi m’attendre dans les grandes lignes avec lui. Mais d’un point de vue collectif, il me restait tout à apprendre. Et la collaboration que j’avais eue avec le coach n’offrait bien sûr aucune garantie. Besnik Hasi l’avait d’ailleurs vérifié à ses dépens quasi tout au long de la saison passée. Pour moi aussi, les débuts auront été ardus. Au cours de la campagne de préparation, j’avais éprouvé des difficultés à trouver mes marques. Le véritable déclic, ce fut la finale de la Supercoupe à et contre Westerlo. En première mi-temps, je n’avais pas été heureux dans mes entreprises. Je ne trouvais pas mes marques. Jusqu’au moment où Aruna Dindane fut exclu pour s’être vengé sur la personne de Björn De Coninck. Avec un homme de moins, j’ai soudain été investi d’une plus grande part de responsabilité sur le flanc gauche. Ce soir-là, j’ai eu droit à un coup de pouce du destin, aussi, sous la forme d’un but et d’un assist. Du coup, j’étais définitivement lancé. Depuis lors, je suis globalement satisfait de mes prestations, même s’il me reste à gommer certaines imperfections. Parfois, au gré des circonstances de match, j’ai tendance à pécher par précipitation. Je dois encore pouvoir gagner en lucidité dans ces moments-là. Ce fut le cas, précisément, contre le Standard. Il y a eu des moments où j’aurais pu faire un usage plus judicieux du ballon, au lieu de vouloir alerter le plus vite possible Ode Thompson avec le risque d’expédier un service approximatif. A ma décharge, je dirai qu’il a fallu m’habituer à un nouveau rôle sur le flanc, dans la mesure où, ces dernières semaines, j’avais surtout officié comme back gauche. Non pas que je manquais de points de repères sur cette portion du terrain. Mais c’était quand même la première fois que je devais combiner avec Ode Thompson, par exemple.

« Je préfère le flanc gauche »

Jusqu’à présent, vous avez évolué à trois places différentes à Anderlecht: latéral droit, comme contre Genk, back gauche, comme à Lommel et milieu gauche comme au Standard ou face à l’Antwerp. Avez-vous une place de prédilection?

Pierre Denier, la saison passée au Limbourg, a toujours soutenu, à l’instar d’Aimé Anthuenis d’ailleurs, que ma meilleure place était celle de latéral gauche dans un système où j’occupais seul ce couloir. C’est dans cette configuration que j’ai probablement effectué mes meilleurs matches, même si je garde de bons souvenirs aussi de mes périodes de coopération avec Davy Oyen autrefois ou, plus près de nous, avec Akran Roumani. Une chose est sûre: j’exploite beaucoup mieux mon potentiel sur cette portion-là du terrain qu’à droite. A gauche, j’ai la possibilité de rentrer dans le jeu et d’armer un tir du droit de temps à autre. Comme contre l’Antwerp, notamment. Sur l’autre versant, je n’ai pas cette faculté. Non pas que je sois maladroit du gauche mais ma force de frappe, avec ce pied-là, n’est tout simplement pas comparable avec les envois que je décoche du droit. Les trois buts marqués, jusqu’ici, le furent tous de ce pied-là.

Trois buts et cinq assists en championnat: les chiffres plaident en votre faveur…

Je ne suis pas mécontent de ma production, dans la mesure où j’ai marqué autant qu’Aruna Dindane ou Ivica Mornar. Mais cette situation n’est pas normale. C’est dans nos rangs que devrait se situer le meilleur buteur du championnat. Nous sommes loin du compte, et ce constat explique une part de nos problèmes. Car je ne suis pas le seul à mettre le nez à la fenêtre. Bertrand Crasson, Glen De Boeck et Aleksandar Ilic, eux aussi, ont déjà des buts à leur actif, même en coupe d’Europe. Il ne faut quand même pas perdre de vue que le premier rôle d’un arrière est de défendre…

Voire d’expédier de bonnes balles sur phases arrêtées. C’est l’une de vos spécialités.

Je m’exerce journellement à adresser des ballons qui donnent l’impression de flotter, puis plongent dans le rectangle adverse. A Lommel, cette tentative avait été couronnée de succès et Basnik Hasi n’avait pas procédé autrement à Halmstad. Deux fois, ces coups de patte auront été importants pour nous. Malheureusement, la même situation s’est retournée contre nous sur le premier but des Moscovites.

Vous avez succédé à Bart Goor au Racing Genk et, à présent, au Sporting. L’étape suivante consistera-t-elle à le supplanter en équipe nationale?

Au sein du club limbourgeois, ainsi qu’à Anderlecht, je n’ai dû faire que le relayer. Chez les Diables Rouges, en revanche, nous sommes concurrents. Compte tenu de l’expérience acquise avec le Sporting en Coupe d’Europe, mon ancien coéquipier a plusieurs longueurs d’avance sur moi. Il constitue le premier choix. Mais je compte lui mener la vie dure.

Bruno Govers

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