« IL FAUT IMITER FEYENOORD »

Emilio Ferrera estime que le succès du club hollandais en coupe de l’UEFA est porteur d’espoirs pour les petites nations footballistiques.

Vous aviez prédit une victoire finale de Feyenoord en Coupe de l’UEFA…

Emilio Ferrera: J’avais soutenu que l’avantage du terrain serait déterminant et il en a effectivement été ainsi. Si cette apothéose s’était déroulée ailleurs, les Hollandais auraient eu moins de chances de l’emporter, c’est sûr. Sans l’exclusion sévère de Jürgen Kohler, je me demande même s’ils seraient parvenus à damer le pion aux Allemands qui, à dix contre 11, malgré tout, monopolisèrent mieux le ballon. Le retrait du stopper du Borussia Dortmund leur a ôté, en tout cas, une fameuse épine du pied. Pour l’ancien international allemand, qui mettait un terme à sa carrière à cette occasion, le renvoi du terrain ne se justifiait pas. Chacun a bien vu que son adversaire direct, Jon-Dahl Tomasson, se débattait autant que lui sur cette phase avant de s’écrouler dans la surface de réparation. L’arbitre aurait peut-être été plus inspiré en revenant au début de la phase et en plaçant le ballon en dehors des 16 mètres. Mais il reste à voir, évidemment, si les conséquences n’auraient finalement pas été les mêmes. Il faut remonter à Hristo Stoïchkov pour retrouver la trace d’un tireur de coups francs aussi inspiré que Pierre Van Hooydonck. Voilà vraiment un joueur pour qui les penalties ou les coups francs, c’est vraiment kif-kif. Même si j’estime que l’opposant lui a rudement facilité la tâche.

Le mur et le gardien Jens Lehmann étaient mal placés?

A ce niveau, tout le monde doit quand même savoir à quoi s’en tenir avec Pierre Van Hooydonck, qui tire toujours ses coups francs de la même manière de la gauche du rectangle: une balle brossée du pied droit, dont la trajectoire incurvée surmonte le mur pour terminer sa course à côté du piquet gauche du but. Avant d’inscrire le deuxième but des siens de cette manière, l’attaquant de Feyenoord avait déjà donné un aperçu de sa manière de faire sur un coup franc à 30 mètres. Le ballon avait franchi une première fois le mur avant d’aboutir sur le cadre du but. Désolé, mais quand on sait que le même joueur avait déjà inscrit deux buts sur des tentatives analogues avec Feyenoord lors du déplacement aux Glasgow Rangers, il faut prévoir de la taille dans le mur, un gardien mieux positionné et même un défenseur au poteau en question. Certains diront que le hors-jeu est annulé de cette façon mais, à choisir, ne vaut-il pas mieux courir ce risque-là que de s’exposer à une frappe aussi pure et précise?

Jon-Dahl Tomasson a été sacré homme du match par l’UEFA. N’est-ce pas un choix étonnant alors que Pierre Van Hooydonck a fait la différence?

Non, car le Danois, au même titre que Jan Koller dans le camp opposé, a donné une nouvelle dimension au rôle de pivot dans cette partie. Que se passait-il le plus souvent jusqu’ici, dans une configuration avec un target man et un acolyte: ce dernier évoluait le plus souvent en décrochage, gravitant autour du pivot, plus avancé. Ici, tant à Feyenoord qu’à Dortmund, c’était le contraire: les remueurs -Amoroso chez les Allemands et Pierre Van Hooydonck chez les Néerlandais- étaient les plus avancés sur le terrain alors que les target men -Jan Koller et Jon-Dahl Tomasson- se trouvaient dans une position plus reculée, entre le stopper et le demi défensif. De part et d’autre, on n’a jamais trouvé la parade face à cette disposition inhabituelle et c’est pourquoi tant le Danois que le Tchèque ont réalisé un match superbe.

Au vu de la prestation de Jan Koller, Anderlecht ne doit-il pas nourrir des regrets?

En football, on ne peut pas réaliser une bonne affaire financière et sportive. Le Sporting a choisi l’argent. Mais au plan du jeu, c’est Dortmund qui a réalisé la bonne opération puisque le club est devenu champion d’Allemagne et qu’il a loupé la Coupe de l’UEFA d’un fifrelin. Reste que ce n’est peut-être pas une mauvaise chose, finalement, si la victoire est allée à Feyenoord. Même les nations les moins nanties peuvent toujours espérer jouer un rôle significatif, non pas en Ligue des Champions, mais en Coupe de l’UEFA.

Bruno Govers,

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