« IL FAUDRA DECENTRALISER LA FINALE DE LA COUPE »

Comment analysez-vous les éliminations de Bruges, d’Anderlecht et du Standard, le même soir, en Coupe de Belgique?

Georges Heylens: On sait depuis toujours qu’en Coupe, c’est la forme de 90 ou de 180 minutes qui fait la différence. La motivation, aussi. Ceux qu’on appelle les trois grands sont dehors dès les quarts de finale. Mais peut-on encore parler d’un trio de grands quand on voit le classement général? De toutes ces éliminations, c’est celle du Standard qui m’étonne le plus. Les Liégeois étaient dans une forme vraiment ascendante et on pensait qu’ils avaient fait le plus dur, au match aller, contre La Louvière. Mais ils ont visiblement pris les choses de haut, mercredi dernier.

Anderlecht est dehors mais son staff et ses dirigeants disent que leur équipe a eu des occasions à St-Trond: la belle affaire. C’est au marquoir qu’on fait les comptes. Eliminé, c’est éliminé. Qu’il y ait eu ou non un soi-disant penalty non sifflé.

La Louvière, Lommel, le GBA et St-Trond en demi-finales, ce n’est quand même pas très excitant…

Quelque part, c’est beau de voir quatre clubs plus modestes aussi proches de la finale, mais on ne peut quand même pas dire que ce soit représentatif de la valeur du football belge. Avec tout le respect que je dois à ces équipes. A part St-Trond, aucune n’occupe aujourd’hui un classement valable en championnat.

On est déjà sûr d’assister à une petite finale.

L’Union Belge devra en tenir compte. Il ne serait pas logique qu’on programme cette finale au Heysel car le stade serait très loin de faire le plein et ça ne se justifierait donc pas de jouer là-bas. Si la finale oppose Lommel et St-Trond, on pourrait la programmer à Genk. C’est tout le Limbourg qui serait en fête et l’ambiance pourrait être sympa. Si on retrouve La Louvière ou le GBA en finale, il doit aussi être possible de trouver un stade autre que le Heysel.

On a assisté, ce week-end, à un des matches les plus spectaculaires de la saison: Genk-Mouscron.

Cet affrontement a confirmé une chose que l’on sait depuis pas mal de temps. Quand Sonck est dans sa meilleure forme, il assure 50% du rendement de Genk, si pas 60 ou 70%. Mais son efficacité ne doit pas faire oublier tous les problèmes de cette équipe. Dans tous les secteurs, elle est moins brillante que la saison dernière. Moons a de nouveau commis de grosses bévues, l’axe central défensif était aux abonnés absents, Tomasic n’a rien réussi de bon, l’entrejeu n’était pas grandissime et on ne peut pas demander à Thijs de tout faire. Bref, c’est une équipe boiteuse. Contre Mouscron, elle a toutefois fait preuve d’énormément de caractère. C’est le point positif de la soirée.

Mouscron vous a-t-il étonné dans cette rencontre?

J’ai vu un Excel intéressant, qui a appliqué la bonne tactique en jouant fort haut. Sur le terrain de Genk, il faut oser le faire. Mais j’ai aussi observé des manquements défensifs aberrants. Quand on ne prend pas un petit point à l’extérieur en ayant marqué quatre buts, ça veut dire qu’il y a de gros problèmes. En tant qu’ancien défenseur, je suppose que Staelens va continuer à travailler durement pour trouver des solutions.

Lokeren a réussi une démonstration sur le terrain de La Louvière et confirme son bon classement.

Une chose frappe dans cette équipe: chaque joueur monte sur le terrain avec l’ambition très claire de se mettre en évidence pour arriver encore plus haut. Les Islandais sont complémentaires et ce n’est pas étonnant. Ces joueurs-là s’adaptent à toutes les mentalités et à tous les systèmes de jeu. Presque tous ceux qui sont venus dans le championnat de Belgique ont réussi. Il faut seulement se demander s’il est bien normal que Lokeren joue le haut du classement avec un seul Belge dans son équipe de base. Qu’on ne vienne pas me dire qu’il est impossible de réussir de bons résultats avec des gens du cru. Si Bruges fait de bonnes choses avec 80% de Belges, pourquoi les autres clubs en sont-ils incapables? Tout cela illustre une nouvelle fois nos carences en matière de formation. Lokeren semble maintenant faire des efforts à ce niveau-là, mais quand on lance un cycle de travail avec les jeunes, il faut attendre cinq ans pour en cueillir les premiers fruits. En attendant, cette équipe fait des miracles avec ses Islandais et ses Blacks. Un manager m’a encore confié récemment qu’il cherchait à placer ses meilleurs jeunes belges à l’étranger. Pas uniquement parce que cela lui permet de bien gagner sa vie sur les transferts, mais surtout parce que ces gamins sont barrés par leurs dirigeants. Cela fait réfléchir.

Pierre Danvoye,

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire