» IL EST TEMPS D’INVERSER LES RÔLES « 

Gand et le Club se sont déjà affrontés trois fois cette saison. A Gand, qui s’est chaque fois imposé. Cette semaine, l’action se déplace au stade Jan Breydel, en coupe d’abord, puis en championnat. Avec l’hégémonie flandrienne en toile de fond.

Ton but en finale de la Coupe de Belgique l’an dernier avait offert un trophée au club et t’avait valu une offre de Chine. As-tu hésité à l’accepter ?

REFAELOV : J’ai disputé une belle saison. Mais rien ne m’a incité à quitter Bruges, du moins sportivement. La Chine me proposait deux millions par an, pendant trois saisons. Nous en avons longuement discuté, ma femme et moi. Mais il y avait le club, la famille. Des gens m’ont dit que la vie en Chine n’était pas idéale. J’ai ensuite reçu des offres de clubs modestes d’Espagne et d’Angleterre. Pas pour moi : si mon équipe ne domine pas, je dois surgir de trop loin pour être efficace. Et puis, je n’ai connu que deux clubs dans ma carrière : le Maccabi Haïfa et Bruges. J’aime la stabilité.

Ta fille Mia est née en mai, juste après le titre raté. Tes sentiments étaient mitigés ?

REFAELOV : Cet échec nous a terriblement déçus. J’étais sûr de pouvoir réussir le doublé.

Tu n’as cessé de te bonifier durant les PO1. Plus tu joues, plus tu marques ?

REFAELOV : Je suis partisan des play-offs car on affronte des ténors mais il est injuste de diviser les points en fin de championnat. Je crois que vous avez introduit cette mesure après une saison dominée par une seule équipe, sans doute Anderlecht, qui avait plus de dix points d’avance. Ce n’est pas bon pour le suspense et donc la télé mais depuis que je suis ici, les écarts n’ont jamais été énormes. Prenons le Standard : il a une quinzaine de points de retard mais ce ne sera plus que six ou sept au début des PO1. Pour être champion, il faut aussi battre Saint-Trond, Westerlo, Beveren, être régulier.

 » UN ENFANT EN PLUS  »

Tu t’es blessé dès ton premier match cette saison et tu es resté longtemps sur la touche…

REFAELOV : Une poisse… Je me suis brisé deux os du pied au niveau de l’articulation. Je ne pouvais même plus faire du café à la maison. Ma femme a écopé d’un troisième enfant. On passe aussi plus de temps que d’habitude au club pendant une revalidation. Vous n’imaginez pas à quel point j’ai été heureux de retrouver l’équipe au stage en Espagne. Enfin, peut-être serai-je plus frais pendant les PO1.

Cette semaine, le Club affronte Gand à deux reprises, ce soir en coupe, dimanche en championnat. Qu’est-ce qui a foiré au match aller en coupe ?

REFAELOV : Gand a monopolisé le ballon sans se créer beaucoup d’occasions. Nous avons défendu tout en ayant une dizaine d’opportunités. Nous avions un plan concret mais il y a eu des problèmes de communication entre Thomas Meunier et moi à droite.

Devoir défendre constamment t’a-t-il rendu nerveux ?

REFAELOV : Non. Je l’ai accepté, d’autant que nous pensions qu’il y aurait des espaces à gauche pour José.

Meunier a souvent des problèmes dans les affiches.

REFAELOV : Je ne veux pas parler des autres mais je peux vous assurer que nous travaillons à l’entraînement pour résoudre nos incompréhensions. Le vestiaire est très soudé, en plus. Chacun accepte les commentaires des autres.

Mais vous n’en faites jamais en public. N’êtes-vous pas tous trop gentils ?

REFAELOV : Pas en interne ni sur le terrain. Ruud Vormer et moi sommes copains mais ce que nous nous disons sur le terrain…

 » GAND MÉRITE LES COMPLIMENTS  »

Le Club a tout tenté contre Gand, en vain.

REFAELOV : Oui. Gand mérite les compliments qu’il reçoit. Il nous a battus trois fois, en comptant la Supercoupe. Son équipe est bonne, comme sa stratégie. Nous devons trouver le moyen de la faire souffrir grâce à nos qualités. Nous devons montrer notre talent cette semaine.

Dimanche, c’est plus que 3 points qui sont en jeu ?

REFAELOV : On peut lancer un signal à Gand et aux autres mais avant tout à nous-mêmes. Trois revers, c’est dur. Il est temps d’inverser les rôles.

Michel Preud’homme discute-t-il de son approche avec les joueurs ?

REFAELOV : Après nos défaites en déplacement, il a demandé s’il fallait modifier la préparation. Il fallait que nous retrouvions du cran en montant sur le terrain, que nous soyons prêts à affronter des circonstances difficiles, comme l’année dernière.

Porter le brassard deux fois a-t-il eu un impact sur ton rôle dans le vestiaire ?

REFAELOV : Je n’ai pas besoin de brassard pour ça. L’équipe compte plusieurs leaders, qui discutent avec le coach et tentent ensuite d’enflammer les autres. Je partage une partie de cette responsabilté, comme Thomas Meunier. Nous sommes parmi les plus anciens. Comme Timmy Simons. Il a 39 ans et il est toujours au top ! Il faut voir ses tests… Il est un modèle d’hygiène de vie. De discipline tactique et en plus, c’est un homme fantastique.

Ludovic Butelle apporte sa personnalité aussi, sans vouloir offenser Sébastien Bruzzese.

REFAELOV : Après avoir été longtemps deuxième gardien, Seba est devenu numéro un au Club. C’est un fameux pas en avant. Le gardien est le dernier défenseur, il doit diriger les autres. Seba l’a fait mais en se concentrant surtout sur son jeu, ce qui est normal. Ludo a plus d’assurance et ça se voit. Il parle français et espagnol, son anglais n’est pas mauvais, il peut donc communiquer avec tout le monde.

Idem pour Benoît Poulain. Le Club a misé sur le rendement direct en janvier : Butelle va avoir 33 ans en avril, Poulain en a 28.

REFAELOV : C’est un changement de stratégie, en effet.

Leandro a dû s’habituer à l’Europe alors que le Club veut être champion. Ce n’est pas évident ?

REFAELOV : D’où la nécessité d’un avant supplémentaire. Diaby est rapide et a le sens du but, Jelle est une machine à buts. Ils peuvent aussi évoluer à d’autres positions. Mais nous n’avions pas de pivot à la Tom De Sutter ou Obbi Oularé, contrairement à d’autres équipes. Il nous manquait un avant démarqué dans les grands matches, quelqu’un qui peut provoquer une faute aux abords du rectangle. Nous l’avons à présent.

PAR PETER T’KINT – PHOTOS BELGAIMAGE – CHRISTOPHE KETELS

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