Ibrahim Afellay

né en 1963, étienne delangre joua comme défenseur au standard de 1981 à 1992 (267m en d1 et 6b, champion en 82 et 83). ex-chargé de cours à l’école du heysel, il coacha de la P1 à la d1 (charleroi).

Voici pourquoi le jeune capitaine du PSV (24 ans) a encore franchi un palier dans son jeu.

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Ibrahim Afellay est un joueur aux qualités techniques de très haut niveau. Sa conduite de balle et sa maîtrise dans les enchaînements font de lui un des meilleurs footballeurs de sa génération au point de vue de la technicité pure. Il caresse littéralement le ballon en utilisant toutes les surfaces et, qui plus est, avec les deux pieds.

La frappe de balle fait également partie des grandes qualités du joueur d’origine marocaine. Bien qu’il préfère enrouler ses tirs de l’intérieur du pied, son shoot du cou de pied est réalisé avec une grande aisance au point que son geste paraît naturel. Droitier, il est capable aussi de frapper du gauche avec puissance et précision. Ses passes sont bien appuyées, ce qui permet à ses partenaires d’en faire le meilleur usage.

Le capitaine du PSV est doté d’une excellente vitesse de course. Elle lui permet d’éliminer son adversaire avec énormément de facilité, sa technique faisant le reste. Il pivote très rapidement et sa vitesse d’exécution, ballon au pied, est phénoménale. Son gabarit léger (68kg pour 1m80) lui facilite aussi la tâche sur les premiers mètres où il est très explosif. Pour un joueur avec de telles qualités de vitesse, il possède également une grande capacité aérobie.

A 24 ans, il a déjà emmagasiné une belle expérience du haut niveau puisqu’il a dépassé, toutes compétitions confondues, le total de 200 apparitions sous le maillot d’Eindhoven. Il évolue dans un milieu qui lui est familier (il est arrivé au club à l’âge de 15 ans et joue en pro depuis ses 17 ans) et qui lui fait confiance. Bref, tous les éléments sont réunis pour qu’il s’épanouisse et ses sélections en équipe nationale l’aident aussi dans sa progression. Il a d’ailleurs franchi un palier depuis le début de la saison.

C’est un joueur qui adore provoquer son opposant direct en 1contre 1. Il s’appuie sur une qualité de dribbles réellement exceptionnelle. Comme le cuir lui colle véritablement aux pieds, ses crochets sont très courts et très incisifs. Ses enchaînements pied gauche/pied droit sont réalisés avec une grande habileté.

L’international hollandais est un élément que tous les entraîneurs rêvent de posséder. C’est quelqu’un qui peut faire la différence à lui tout seul en réalisant une ouverture géniale pour un partenaire qui n’a plus qu’à conclure.

Sa vision du jeu est d’excellent niveau. Quand il évolue dans l’axe, il distribue très bien le jeu ; il cherche souvent la passe qui déstabilise le plus la défense adverse. Il est capable aussi de renverser le jeu en une seule touche de balle car il a analysé la situation avant même de recevoir le ballon.

Le numéro 20 du PSV peut évoluer aux 3 postes (droite, axe ou gauche) qui se situent derrière 1 ou 2 attaquants. C’est toutefois comme meneur de jeu central qu’il s’exprime le mieux parce que son volume de jeu y est plus important. De cette position, il peut plonger vers les flancs en tablant magnifiquement sa vitesse de course pour créer de l’espace.

Avec ses 68 kilos, il manque un peu de puissance. Cela se ressent aussi dans sa capacité à résister aux charges musclées. Quand il doit s’engager dans un duel franc face à un adversaire plutôt costaud, il a tendance à éviter le contact en essayant de toucher le ballon avant l’impact. S’il n’y parvient pas, il se fait parfois balancer dans une confrontation épaule contre épaule.

Son jeu en perte de balle est encore nettement perfectible. Son repositionnement est souvent tardif et sa capacité à arracher des ballons dans les pieds de l’adversaire est clairement insuffisante. C’est un joueur qui préfère s’exprimer en possession de balle et qui a tendance à négliger la récupération du ballon. Cela peut parfois nuire à l’équilibre général de l’équipe.

Avec un goal inscrit en moyenne tous les 6-7 matches, on peut dire qu’il n’est pas un vrai buteur. C’est plus un préparateur qu’un finisseur et quand il se retrouve en situation d’attaquant de pointe, il n’est pas vraiment à l’aise. Avec toute l’équipe derrière lui, en tant que pivot, il éprouve des difficultés à trouver des solutions. Elles sont donc forcément moins nombreuses que lorsqu’il est en position de meneur de jeu. De plus, il est trop peu présent dans les 16 mètres.

Au PSV, il a un peu fait le tour de la question et il est important pour lui, à 24 ans, de trouver une nouvelle motivation. Un transfert vers un championnat de meilleur niveau que l’Eredivisie va être primordial pour son évolution. Même si on parle beaucoup de lui en Espagne, rien n’est fait. Si un club plus huppé ne trouvait pas d’accord pour la somme demandée, Ibrahim risquerait de stagner.

Même si on peut penser que depuis cette saison, le Hollandais a progressé en régularité, il faut bien admettre que c’est un joueur qui manque de constance dans ses prestations. Depuis ses premiers pas chez les pros, il a trop tendance à jouer par à-coups et son niveau général s’en ressent. Son emprise sur le jeu doit être plus importante vu ses qualités techniques.

Dans certaines zones du terrain où cela ne se justifie pas, il conserve trop le ballon en tournant et retournant sur lui-même avec plusieurs adversaires autour de lui. Quand il a cette attitude à hauteur de la ligne médiane, cela ralentit bien évidemment le jeu de son équipe. Il manque aussi parfois d’altruisme mais c’est un peu la marque de fabrique des grands techniciens.

Malgré son mètre 80, le jeu de tête ne fait pas partie de ses spécialités. Il s’engage peu dans les duels aériens. Il préfère de loin le jeu au sol. Ses partenaires se rendent bien compte de cette lacune en le servant systématiquement dans les pieds.

par Étienne delangre

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