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Le coach des Diables Rouges est un grand amateur de ballon orange.

En novembre de l’an dernier, Robert Waseige a enfin réalisé l’un de ses rêves: assister en live à un match de NBA. Et qui plus est: au Madison Square Garden de New York, l’un des temples du basket américain.

« J’avais accompagné une équipe de Canal+« , se souvient-il. « J’ai eu la chance de voir à l’oeuvre l’équipe qui fait office de révélation de la saison: les Philadelphia 76ers. C’était le match d’ouverture du championnat et les Sixers avaient gagné de 28 points. Je pensais que j’avais assisté à un exploit comme il s’en produit une fois tous les cent ans. Du style: la victoire 1-4 d’Ingelmunster à Anderlecht. Aujourd’hui, je me rends compte que c’étaient les prémices d’une fabuleuse saison qui pourrait peut-être conduire Philadelphie au titre. C’était déjà une équipe séduisante. J’ai découvert Theo Ratliffe ce jour-là. Magnifique! Et malgré cela, il s’est fait virer dans un échange car Philadelphie souhaitait acquérir un joueur plus grand que lui: Dikembe Mutombo. Par un curieux hasard, j’avais également vu le Congolais à l’oeuvre durant mon périple. J’avais assisté à un deuxième match au Madison Square Garden: New York-Atlanta. Et il défendait encore les couleurs des Hawks. Tout m’a vraiment semblé parfait au Madison Square Garden. A tel point que je n’ai pas compris pourquoi on évoquait l’éventualité d’un changement de salle. Les 20.000 places ne suffiraient-elle plus? Ce qui m’a le plus étonné, c’est que jusqu’à trois quarts d’heure du coup d’envoi, la presse peut se balader librement dans les vestiaires. J’ai d’ailleurs, moi aussi, pu y pénétrer et discuter notamment avec Toni Kukoc. Ces gens sont d’une disponibilité étonnante. J’ai participé à la prière de cinq joueurs des Knicks, dont Allan Houston. Je me suis surpris, là dans le cercle, avec Pierre Vandersmissen: on se tenait par la main! J’ai joué le jeu. C’était fait avec une simplicité déconcertante et certainement pas pour en mettre plein la vue à une équipe de télévision de Canal+ Belgique. Je verrais mal les journalistes rôder dans les vestiaires du Stade Roi Baudouin avant un match international. Nous ne sommes pas prêts à cela en Europe! »

La connaissance que possède Robert Waseige du basket américain subjuguerait plus d’un spécialiste. « J’aimerais que, cette saison, les Utah Jazz mettent des bâtons dans les roues des L.A. Lakers. A 39 et 38 ans respectivement, John Stockton et Karl Malone mériteraient bien cet honneur. Pourtant, je n’aimais pas les Jazz à l’époque où ils faisaient trembler les Bulls. J’avais trop d’admiration pour Michael Jordan. Aussi curieux que cela puisse paraître, j’admirais aussi Dennis Rodman et j’adorais Scottie Pippen. Cette équipe était l’oeuvre du coach Phil Jackson. C’est étonnant à quel point elle s’est entre-temps désagrégée. Je reste béat d’admiration devant ce que réalise le coach Larry Brown à Philadelphie: faire jouer Allen Iverson au service de l’équipe, c’est un exploit. Je suis heureux, aussi, que Don Nelson soit parvenu à hisser Dallas aussi haut au classement. Voilà un vieux coach dont on s’était un peu moqué et qui fait taire ses détracteurs de belle manière. Et je constate avec plaisir qu’un jeune joueur allemand de 22 ans, Dirk Nowitzki, soit classé dans le Top 10 dans trois statistiques différentes ».

Qu’est-ce qui attire Robert Waseige au basket? « J’adore ce sport », avoue-t-il. « Je suis notamment très impressionné par les capacités physiques des joueurs, bien plus encore en NBA qu’en Europe. Des gars de 2 mètres et plus sont capables de courir comme des joueurs de football de 1m75. Ils développent une explosivité incroyable: j’ai l’impression qu’ils ont de la dynamite dans les jambes. Ils sont également capables de conserver une précision diabolique alors qu’ils sont en plein effort, de course ou de saut. La force et la finesse: ce sont des données tout à fait paradoxales qu’ils maîtrisent à la perfection. Un sport d’adresse pratiqué par des joueurs athlétiques et explosifs: cette combinaison confine à l’art. De par mon métier, les subtilités du coaching m’intéressent très fort également. Je suis ébahi par toutes les possibilités qui s’offrent à un coach de basket. Il faudrait un jour calculer le nombre de combinaisons possibles avec dix joueurs que l’on peut permuter autant de fois qu’on le veut -ou plutôt autant de fois qu’il y a d’arrêts de jeu- comme c’est le cas en basket. On arriverait à un total énorme ».

Au niveau belge, Robert Waseige est surtout attiré par Charleroi. Les liens d’amitié qu’il a noués avec Giovanni Bozzi n’y sont pas étrangers. « Mon amitié pour Giovanni Bozzi date de mon premier passage au Sporting. Il débarquait aux Spirous à ce moment-là. Dès notre première rencontre, le courant est passé. Je trouvais que ce jeune gars avait une bonne bouille. Aujourd’hui, il est toujours resté aussi jeune. Du moins pour moi, puisque l’écart d’âge est… resté le même! Et, comme il avait joué et coaché à Pepinster précédemment, il connaissait mon fils Frédéric, qui est un inconditionnel de ce club et possède d’ailleurs un abonnement à Pepinster.

Vendredi, précisément, Charleroi accueille Pepinster. Robert Waseige avait assisté au match aller au Hall du Paire. « Charleroi, c’est du belge et cela fonctionne bien. C’est du vrai professionnalisme. En dehors de Giovanni Bozzi, j’ai aussi appris à connaître d’autres personnes de ce club, comme le secrétaire Jean Guilbert ou le président Eric Somme. Parmi les joueurs, je trouve que Ron Ellis est exemplaire. Il a les qualités que l’on reconnaît habituellement à un Américain mais aussi celles qui sont généralement le propre des joueurs belges, comme l’abnégation et la discrétion. J’apprécie Jacques Stas pour la palette de qualités qu’il déploie. David Desy me plaît beaucoup également ».

Si Lenny Brown joue toujours à Charleroi actuellement, il le doit peut-être à Robert Waseige. « N’exagérons rien », tempère le coach des Diables Rouges. « Giovanni Bozzi m’avait téléphoné pour je ne sais plus quelle raison. J’ai senti qu’il était ennuyé par cette affaire et je lui ai confié qu’en règle générale, j’étais d’avis d’accorder une deuxième chance à un joueur qui avait commis une grosse bêtise. A-t-il tenu compte de mon avis? C’est possible. Mais je ne suis pas intervenu personnellement pour que Lenny Brown reste à Charleroi ».

Comme en football, on trouve de nombreux étrangers dans nos clubs de basket. « Je préférerais qu’il y ait 50% de joueurs belges dans les effectifs, mais l’évolution dans ce domaine me semble inéluctable. La population du basket me semble la plus mobile de toutes. Encore plus qu’en football. Cela démontre, dans le chef de tous ces joueurs, une faculté d’adaptation étonnante. Couper un Américain pour en prendre un autre est entré dans le mode de fonctionnement. C’est difficile pour le nouveau venu de s’intégrer dans un nouvel environnement, mais c’est tout aussi difficile pour les gens en place de jouer en fonction d’un joueur avec qui ils ne possèdent aucun automatisme. Cela se passe apparemment sans beaucoup d’anicroches ».

Et au niveau européen? « Le monde du basket n’est jamais un long fleuve tranquille », constate Robert Waseige. « Cette année, nous avons deux coupes européennes rivales. Un mouvement dissident s’est créé. Un peu comme le G14 avait voulu le faire en football. Je suis très étonné que les médias ne se soient pas penchés davantage sur cette révolution qui a été menée. Il y a des dissidents qui jouent en Euroligue, mais qui parallèlement, sont toujours membres à part entière de la grande famille de la FIBA! »

Daniel Devos

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