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I have a dream !

Comme Martin Luther King ! Mais un rêve attestant que j’étais loin d’être une âme pure comme lui ! Je coachais, le match allait être important, et mon n°9 chiait dans son froc : il avait une trouille bleue du défenseur qu’il allait se farcir, lequel collait toujours comme une sangsue brutale et affamée… Alors, dans mon rêve, je lui disais ceci :  » Dès le coup d’envoi, tousse comme un malade, en allant chercher du rauque bien profond dans tes poumons. Et chaque fois que le gars te frôle l’haleine, tu prends une gueule de déterré, tu te passes le bras sur le front et tu lui lâches négligemment en toussotant sur lui : Putain, j’ai une fièvre de cheval… Tu verras, le gars va illico penser Coronavirus et relâcher l’étreinte : tu auras juste les mètres qu’il faut pour le niquer avec ta vitesse !  »

Notre foot, avant d’être une compétition noble et franche, est une gare de triage basée sur le fric.

Rêve triste : mon âme est aussi noire que celles qui décuplent aujourd’hui le prix de vente des masques anti-contagion ! Mais ma douche m’a rasséréné, le foot est un monde où toutes les inepties sont imaginables, je me suis pardonné mon imagination. Ceci pour introduire l’ineptie ressentie en cette fin (différée…) de phase classique : pour jouer 30 matches, nos clubs auront flirté avec la trentaine de joueurs, peu ou prou alignés ! Anderlecht doit détenir le record avec 33 gars, mais ce ne fut pas la raison des hauts et bas mauves : le tic est généralisé, j’ai recensé 28 profils chez les dominateurs brugeois !

Ça veut d’abord dire que notre foot, avant d’être une compétition noble et franche, est une gare de triage basée sur le fric. Ça permet ensuite de ricaner sur le prétendu besoin de sacro-saints automatismes pour performer : couillonnade ! Apprendre à se connaître n’est plus guère gage de performance supérieure, le court terme est la norme. Même quand tout baigne, tu chamboules ton onze, c’est indispensable pour rêver de transferts sortants juteux. Ainsi la récente arrivée à Bruges d’un pivot espéré d’exception – Michael Krmencik – est-elle pour moi l’ahurissement de la fin de saison… Poker, quand tu nous tiens !

Enfin, il faut surtout bazarder l’argument selon lequel un noyau plantureux est aujourd’hui indispensable, vu le nombre de matches : à la fin de cette saison, Bruges en aura joué 58 officiels. De quoi, paraît-il, trucider d’épuisement les malheureux qui auraient dû tout jouer ! Mouais. Mollo. Comparons. Je suis allé refarfouiller dans  » Shot 70 « , un des annuaires du foot que concoctait annuellement Christian Hubert jadis. Voici un demi-siècle, c’était un championnat de 30 journées comme notre actuelle phase classique, vous y ajoutiez la coupe de Belgique et les coupes d’Europe pour les meillleurs : ça faisait quand même une quarantaine de rencontres par saison, soit 70% du record brugeois aujourd’hui. Et en 1970, pour jouer ces matches, nul besoin de 30 bonshommes différents, la moyenne était plutôt du côté de 18. Premier constat rapide : 18 mecs pour boucler 40 matches, ça devait en moyenne prester un peu plus que 30 mecs d’aujourd’hui pour en boucler 50…

Mais SURTOUT, sur 18 mecs de 1970, 8 ou 9 étaient titulaires inamovibles, ne laissant aux autres que des miettes lors de blessures ou suspensions : le onze de base était la norme ! Conséquence : Paul Van Himst, Wilfried Van Moer et la plupart de leurs potes se tapaient leurs 40 matches par saison. Aujourd’hui, à part un Hans Vanaken qui a énormément presté, il doit n’y avoir que quatre ou cinq Brugeois qui arrivent à égaler le temps de jeu des titulaires de 1970. Et tous les autres (le gros du troupeau ! ) ont un temps de jeu bien inférieur, voire dérisoire… La surcharge contemporaine de travail, c’est une fiction.

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