Qui est ce Trinidadien que les grands ont essayé d’arracher à Zulte Waregem pendant le mercato ?

Lu dans la presse au cours des dernières semaines. Le Standard tente de transférer Khaleem Hyland, le médian de Zulte Waregem. Mais encore. Anderlecht est sur Khaleem Hyland.

Et dans les heures qui suivent.

Zulte Waregem s’oppose formellement au départ de Hyland durant ce mercato.

Et pendant l’été 2010, c’est Tottenham qui s’était mis sur le coup. Il faut croire que ce joueur de 21 ans seulement a du foot dans les pieds. Il a aussi, pêle-mêle, un caractère bien trempé. Une mentalité de guerrier dès qu’il met des godasses aux pieds : il a notamment eu une sérieuse altercation (exclusion en bonus) avec Vadis Odjidja lors d’un match nerveux contre le Club Bruges dans les play-offs de la saison dernière. Et une histoire pas banale, également. Portrait.

 » Trinité & Tobago, c’est très chouette « , lance Hyland.  » Mon pays, on l’appelle parfois little Brazil, ça veut tout dire. C’est plein de plages paradisiaques et l’ambiance est très relax.  » Depuis 2006 seulement -et la qualification complètement surprenante pour le Mondial -, le monde sait qu’on joue au foot sur cette île des Caraïbes. C’est même le sport numéro 1. Et Trinité est monté jusqu’aux 70 premières places du ranking FIFA. Devant la Belgique.

Les larmes à Glasgow

Hyland découvre le foot dans les rues.  » On passait des journées entières à faire des petits matches, puis on plongeait dans la mer pour se rafraîchir.  » Il a quatre frères et une s£ur. Un père policier dont il ne veut pas trop parler car l’homme ne s’est pas occupé de la famille comme il aurait dû le faire. Une mère infirmière en gériatrie. C’est elle qui éduque tout le monde et ne veut pas de mal élevés dans la maison. La discipline et le respect, c’est sacré. Alors, elle inscrit Khaleem à 13 ans dans le club de foot de l’armée : Trinidad and Tobago Defence Force.  » Nous étions entraînés par des militaires. Ils nous apprenaient entre autres choses le sens de la hiérarchie.  » A 17 ans, il passe dans un club pro : San Juan Jabloteh.

Mais ce n’est qu’en 2007 que Khaleem Hyland touche à son rêve : il reçoit une invitation pour aller passer un test au Celtic Glasgow. Un essai concluant avec au bout un contrat d’un an. Mais tout tombe à l’eau quand les Ecossais apprennent le prix réclamé par son club : 520.000 euros.  » Ces deux semaines en test avaient été fabuleuses. Quand j’ai appris que le transfert n’allait pas se faire, je me suis effondré, en larmes.  » Il rend la monnaie de sa pièce à San Juan Jabloteh en refusant quelques mois plus tard de prolonger son contrat. Il se retrouve sans club pendant six gros mois mais continue à jouer avec son équipe nationale et inscrit 16 buts durant cette demi-année. Parmi ces matches, un le marque à jamais : contre l’Angleterre, il est remplacé à un quart d’heure de la fin par son idole : Dwight Yorke, l’ex de Manchester United.

Le Home Office chicane

Nouveau test européen en été 2008. En Premier League, à Portsmouth, où le manager Harry Redknapp tombe sous le charme. Et cette fois, c’est l’administration qui s’en mêle et met à nouveau des bâtons dans les roues. Le très pointilleux Home Office refuse de lui accorder un permis de travail. Il est pourtant international confirmé ? Oui, mais les Anglais estiment que le classement mondial de Trinité & Tobago est insuffisant pour que ce seul critère suffise. Le joueur attend, attend, attend encore. Patient anglais, qu’on vous dit. Il reste quelques mois à Portsmouth chez son copain Harry, mais sans contrat. Une solution est trouvée en janvier 2009 : il est prêté à Zulte Waregem, qui a un accord de collaboration avec le club anglais.

Ici, il s’impose directement. Il joue presque tous les matches de la deuxième moitié de saison. Puis il rompt définitivement ses attaches avec Portsmouth en signant pour trois ans en Flandre. Sa deuxième saison est toutefois moins rose : il ne joue plus que la moitié des matches, Francky Dury le trouve moins bon que lors de ses premiers mois en Belgique. Et Hyland a du mal à cacher qu’il n’est pas trop triste quand Dury part à Gand.  » Plusieurs joueurs plus âgés avaient un lien très fort avec ce coach, pas moi.  »

On a entre-temps retrouvé le Hyland pétillant. Avec Bart De Roover en début de championnat puis Hugo Broos. Il a brillé à plusieurs postes de l’entrejeu et a marqué quelques buts. A côté de cela, il n’a pas perdu son habitude d’exploser inutilement quand c’est chaud sur le terrain : une carte rouge, pas mal de jaunes. L’homme des îles est un viril. Et assume :  » Presque tous mes entraîneurs m’ont fait des remarques sur mon jeu dur. J’espère que ça ne va pas me valoir une réputation négative mais je maintiens que le football est un sport de contacts. J’utilise toute ma force pour arracher le ballon ou le conserver.  »

Le dur Hyland est aussi un sensible. Sous son maillot, il porte un T-shirt à l’effigie d’un de ses frères. Explication.  » Ce frère, qui avait 25 ans, a été tué en 2009 lors d’un échange de tirs dans notre ville natale. Il était simplement au mauvais endroit, au mauvais moment. « 

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO: BELGA

 » Presque tous mes entraîneurs m’ont fait des remarques sur mon jeu dur. « 

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