Hugo Boss

L’ancien homme fort des Hurlus a repris le flambeau au Parc Astrid. Chronique d’une semaine qui ouvre une ère nouvelle chez les Mauves.

LUNDI: PASSATION DES POUVOIRS

De mémoire de manager (et il est quand même dans le métier depuis 35 ans), Michel Verschueren n’avait encore jamais vécu ça: une passation des pouvoirs où l’ancien et le nouveau coach se transmettent le relais en présence l’un de l’autre et sous un feu nourri d’applaudissements. Au propre comme au figuré, Aimé Anthuenis sort par la grande porte. Hugo Broos, lui, pénètre à nouveau dans un monde qu’il avait quitté il y a près de 20 ans. « Tout a bigrement changé en deux décennies », observe-t-il. « En fait, seule l’ambition du club est toujours restée la même. Et ce constat n’est pas pour me déplaire ».

L’ancien coach de l’Excelsior Mouscron sait ce qu’on attend de lui: après une année de vaches maigres, le RSCA ne se contentera de rien de moins que le titre. « Cela tombe bien, j’ai faim de succès moi aussi », observe Hugo Broos, qui bouleverse d’entrée de jeu l’agencement de la semaine. « Un entraînement par jour, puis congé le samedi et le dimanche, ce n’est pas assez pour la reprise ». Va donc pour une séance journalière tous les jours, deux le jeudi et départ pour le stage de préparation aux Pays-Bas, le dimanche déjà. De quoi gagner 24 heures sur le programme préétabli.

MARDI: QUATRE BUTS POUR ZANE

Pour la deuxième fois en l’espace de deux jours, les Sportingmen sont à pied d’oeuvre sur le terrain de 10h15 à 12h15: deux heures d’entraînement par séance, c’est un régime auquel ils n’étaient guère habitués ces dernières années. Seul Nenad Jestrovic n’est pas dépaysé. Il est vrai qu’en l’absence d’ Yves Vanderhaeghe, qui goûte un repos bien mérité après sa Coupe du Monde dantesque, le Yougo est le seul à avoir déjà travaillé sous la coupe du nouvel entraîneur à Mouscron. Des retrouvailles que l’ami Jestrogoal apprécie: « Loin de moi l’idée de dénigrer Aimé Anthuenis, qui ne m’a jamais vu sous mon meilleur jour ici, la saison passée. A présent que la vis, qui me gênait à hauteur de la cheville, a été ôtée, j’ai hâte de rattraper le temps perdu. La présence au Parc Astrid de mon ancien coach chez les Hurlus ne peut que hâter encore tant et plus ce processus. Car Hugo Broos me connaît par coeur et sait comment m’utiliser ».

Lors de la séance de préparation du jour, le Yougo confirme que ses tracas appartiennent définitivement au passé. « Compte tenu de ses problèmes la saison passée, il ne m’étonnerait pas qu’il se révèle comme le meilleur transfert du RSCA cette saison », avait d’ailleurs prophétisé Aimé Anthuenis la veille. Reste à voir quand même si Clayton Zane n’y apportera pas un démenti. A l’occasion d’un match entre deux équipes improvisées, l’Australien plante quatre des cinq buts des siens. Pas mal pour un débutant qui a encore tout à découvrir dans son nouveau cadre de vie!

MERCREDI: MAINTIEN A NEERPEDE

L’activité ne se borne pas qu’au seul terrain. Deux réunions figurent au programme pour la direction anderlechtoise. La première avec les autorités communales, le bourgmestre Jacques Simonet en tête. A l’ordre du jour: le site de Neerpede. Le Sporting, qui entend disposer d’un centre de formation digne de ce nom, aimerait l’implanter sur ces lieux, qu’il fréquente d’ailleurs depuis la nuit des temps. Mais les installations doivent être aménagées pour que les jeunes et le noyau professionnel puissent les utiliser dans des conditions optimales. A cet égard, les nouvelles sont plutôt bonnes: le premier citoyen de la commune répond au souhait d’étendre la surface, avec création d’une aire de jeu supplémentaire.

Et comme un bonheur ne vient jamais seul, la commune décide aussi de supprimer les 7500 euros mensuels que le RSCA paye pour la location des infrastructures locales. De quoi encourager les Mauves à persévérer avec tout le blé en herbe, et pas seulement avec une élite. Car dès la saison 2002-2003, les plus belles promesses, âgées de 14 à 18 ans (et au nombre d’une quinzaine) auront droit à un suivi particulier, histoire de favoriser tant et plus leur épanouissement. « Une élite ne peut se dégager que s’il y a une masse au départ », observe Jacques Simonet. Au Sporting, on l’a bien compris.

L’autre entrevue se déroule en présence du président de Mouscron, Jean-Pierre Detremmerie. Celui-ci, qui a accepté le passage de Hugo Broos dans la capitale, a droit à une compensation financière. Comme il en va souvent dans ces cas de figure, l’offre anderlechtoise diffère sensiblement de la demande formulée par l’homme fort des frontaliers: 250.000 euros. En attendant un consensus, le Sporting accomplit déjà un premier geste sous la forme d’un appel du pied en direction de l’arrière international des rouge et blanc, Michal Zewlakow. Un apport qui serait d’autant plus prisé, au stade Constant Vanden Stock, que les véritables gauchers n’y sont pas légion.

De plus, l’un des seuls éléments qui réponde à ce critère, Davy Oyen, s’est à nouveau blessé aux adducteurs le matin. Si sa carrière n’est pas terminée, comme certains le soutiennent déjà, son concours dès le début de la saison, semble tout de même compromis. Dès lors une solution s’impose au plus tôt. Et comme il n’est plus question, pour toutes sortes de raisons, des Jean-Sébastien Jaurès, Ragnvald Soma et autres Janne Saarinen chez les Bruxellois, la piste menant à l’un des jumeaux Zewlakow est d’actualité.

JEUDI: PRESSING HAUT

Du beau monde pour suivre les séances dispensées par Hugo Broos puisque le président Roger Vanden Stock répond présent le matin et que le nouveau responsable de la cellule scouting, Peter Ressel, est sur les lieux l’après-midi. L’objet de sa sollicitude est là également: Martin Kolar, un jeune Tchèque de 19 ans, actif la saison passée au Bohemians Prague. Aussi bien le matin que l’après-midi, l’accent est mis sur le pressing. « Mon intention est de jouer chaque fois le plus haut possible », observe Hugo Broos. « L’idée directrice sera de tenter de récupérer le ballon dans le camp adverse déjà, afin de limiter les distances à parcourir ».

Le nouvel entraîneur a 37 joueurs à sa disposition. Il est d’avis que c’est trop pour effectuer du bon travail. « Je veux constituer le plus tôt possible trois noyaux », souligne-t-il. « Le A, composé des meilleurs, le B constitué des jeunes et des blessés et le C, formé de ceux qui n’entrent pas vraiment en ligne de compte pour une place en Première. Comme les revenants Ode Thompson et Ivica Jarakovic, par exemple. Ceux-là devront comprendre que leur avenir n’est pas – ou plus – au Parc Astrid et qu’ils ont intérêt de se mettre en quête d’un autre club.

VENDREDI: KNOKKE, PREMIERE

Comme le veut la tradition, le RSCA livre son premier galop d’entraînement au FC Knokke. Pour les besoins de cette sortie, le nouveau coach passe en revue toutes les troupes mises à sa disposition, les Mondialistes ne reprenant le collier que le lundi 15 juillet, ainsi que des blessés: outre Davy Oyen, il y a les anciens Oleg Iachtchouk, Zvonko Milojevic, Tarek Saïd, Aruna Dindane et Ivica Mornar. Mais un nouveau venu est du nombre aussi: Hannu Tihinen. La veille, le défenseur finlandais a passé un scanner de routine qui a révélé que la lésion temporale, successive à un télescopage qu’il avait subi à l’occasion d’un match en Norvège, n’est toujours pas complètement cicatrisée. L’ancien joueur du Viking Stavanger, qui avait effectué tous les entraînements jusque-là en prenant soin d’éviter les balles aériennes, est donc out pour un mois au moins.

De tous les joueurs fraîchement débarqués, seul Martin Kolar jouit d’emblée des faveurs du coach. Et pour cause, puisque son temps est limité au Parc Astrid. Dès la mi-juillet, le Praguois participera au Championnat d’Europe des -19 ans. Le Sporting ne dispose donc que de peu de temps pour juger cet élément, qui est également dans le collimateur des deux autres grands clubs de la capitale de la Tchéquie: le Slavia et le Sparta.

Pour un seul coup d’essai, il se révèle toutefois un coup dans le mille. Associé sur le flanc gauche à Olivier Deschacht, seul autre joueur avec Mark Hendrikx à disputer l’intégralité des 90 minutes, Martin Kolar a un pied dans toutes les bonnes actions des Mauves. En deuxième période, il isole d’abord Olivier Deschacht dont le centre tendu est à la base d’un own-goal signé par Geert Liefhooghe. Peu après l’heure de jeu, une feinte à la Rivaldo, profite toujours à Deschacht pour tromper la vigilance de Tom Pollet. Enfin, à un quart d’heure de la fin, un service au cordeau du Tchèque pour Yasin Karaca profite au jeune Turc pour fixer, de la tête, les chiffres définitifs: 0-4. De fait, seul le premier but, oeuvre de Mark Hendrikx sur une passe de Gilles De Bilde ne l’aura pas du tout impliqué.

Le Ket avait obtenu la préférence, d’entrée de jeu, au côté de Nenad Jestrovic. Mais ni lui ni son coéquipier n’avaient réussi à marquer le match de leur empreinte. Le Bruxellois s’était souvent perdu, pendant une mi-temps, dans des dribbles superflus tandis que le Yougoslave péchait toujours par un manque de rythme. Après le repos, Hugo Broos avait remplacé ce tandem par un autre duo: celui-ci constitué par Clayton Zane dans une position plus avancée et Yasin Karaca en retrait. L’Australien allait se révéler très habile non seulement dans la monopolisation mais aussi dans la conduite du ballon. Témoin cette scène où on le vit passer en foulée et en dribble pas moins de cinq joueurs avant de déposer le ballon sur le flanc pour un homme démarqué.

SAMEDI: RETOUR GAGNANT POUR KARACA

Décrassage, puis entraînement à Neerpede pour tous ceux qui sont passés en revue la veille: Filip De Wilde; Lamine Traoré, Olivier Doll, Aleksandar Ilic et Olivier Deschacht; Mark Hendrikx, Joris Van Hout, Walter Baseggio et Martin Kolar; Nenad Jestrovic et Gilles De Bilde avant la pause; Daniel Zitka; Manu Pirard, Bertrand Crasson, Sergio Hellings et Olivier Deschacht; Mark Hendrikx, Besnik Hasi, Junior et Martin Kolar; Yasin Karaca et Clayton Zane après. La seule constante dans cette partie fut ce qu’Hugo Broos avait annoncé dès son entrée en fonction quelques jours plus tôt: une défense à quatre opérant en zone, qui a été son label aussi bien au Club Brugeois qu’à Mouscron. « Pour le reste, tout est et reste ouvert: un 4-4-2, un 4-5-1, un 4-2-1-3, un 4-3-1-2, on verra bien », dit-il. De là, sans doute, un quatuor médian composé d’un offensif (Walter Baseggio) et d’un défensif (Joris Van Hout) pendant les 45 premières minutes tandis qu’en seconde mi-temps, deux demis ratisseurs (Besnik Hasi et Junior) formaient la charnière centrale avec Yasin Karaca en décrochage.

Le retour en grâce du Turc aura été l’un des faits marquants de cette semaine. Prêté à Westerlo, au même titre qu’ Ode Thompson, l’ancien joueur de Beringen ne s’était pas épanoui au Kuipje comme le RSCA l’eût souhaité. Au lieu d’y faire figure de titulaire indiscutable, il rongea même son frein plus souvent qu’à son tour sur le banc. Sans compter qu’il fut même banni de l’équipe Première, à un moment donné, à l’instar de Marc Schaessens, pour divergences de vue avec le coach, Jan Ceulemans. Aimé Anthuenis, qui estimait ne plus pouvoir l’utiliser, avait d’ailleurs suggéré à la direction de le placer sur la liste des non-prioritaires au même titre que Ki-Hyeon Seol, Joris Van Hout,Manu Pirard et, de manière plus surprenante, de Bertrand Crasson et Gilles De Bilde. Versé dans le noyau B, Yasin Karaca fut repêché par Hugo Broos dans la double optique du match à Knokke et du stage de préparation que les Mauves sont appelés à livrer à Oisterwijk aux Pays-Bas.

« J’ai eu une discussion avec lui », dit Hugo Broos. « Je lui ai fait remarquer que j’étais disposé à lui accorder une chance l’espace de ces quelques jours. Il a un bon coup à jouer, dans la mesure où, comme attaquant en retrait ou comme milieu le plus avancé, on appellera ça comme on voudra, il y a toujours une place à pourvoir au Sporting depuis le départ d’ Alin Stoica« . Et du Roumain, précisément, il aura été une nouvelle fois abondamment question à Knokke. Depuis son lieu de retraite à Bucarest, il a effectivement téléphoné avec l’un ou l’autre de ceux, au Parc Astrid, avec qui il est resté en contact étroit: Oleg Iachtchouk et Walter Baseggio notamment.

Son message était chaque fois le même: il avait des contacts avec deux clubs: Strasbourg en France et, de façon plus surprenante encore, le Club Brugeois en Belgique. Info ou intox? A Anderlecht, beaucoup voyaient dans cette information « belge » le souci du jeune Roumain de se rappeler au bon souvenir d’un club où il ne lui déplairait finalement pas de retourner, entendu qu’il n’a pas trouvé chaussure à son pied ailleurs. « Un bon Stoica, je préfère le voir chez nous que chez un concurrent direct », observe Hugo Broos. « Mais je précise bien: un bon Stoicaet pas un touriste ». Ici aussi, manifestement, la balle est dans le camp du joueur.

DIMANCHE: CALENCOV ARRIVE

Dennis Calencov, jeune talent de 17 ans originaire du Zimbru Chisinau, en Moldavie, fait son apparition au Sporting, où il s’est lié récemment pour cinq ans. Le même sort devrait être réservé à Martin Kolar, qui a fait grosse impression à Knokke. Tous deux sont du voyage à Oisterwijk, au même titre que l’ex-Ajacide Sergio Hellings.

Bruno Govers

« Broos me connaît par coeur et sait comment m’utiliser » (Nenad Jestrovic)

« Karaca a un beau coup à jouer… » (Hugo Broos)

Stoica à Bruges: info ou intox?

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