Horvath, le colosse slovaque de Molenbeek

 » Dès qu’il fut question du match amical Belgique-Slovaquie, je me suis souvenu d’Alex Horvath, aujourd’hui âgé de 74 ans, dont l’arrivée à Molenbeek en 1970 fit du bruit. Ce solide arrière central, impérial dans les airs, précis à la relance, avait déjà 32 ans et des lettres de noblesse acquises au Dynamo Zilina et surtout au Slovan Bratislava avec qui il remporta la Coupe des Coupes en 1969 contre le FC Barcelone à Bâle (3-2). Un an plus tard, grâce à Jean-Paul Colonval, le Daring CB le recruta et songea même à l’aligner en finale de la Coupe de Belgique, perdue 6-1 contre le Club Bruges. Si ce fut possible avec deux autres renforts allemands, Karl-Heinz Rühl (ex-Cologne) et Heinz Hornig, venu du même club que son compatriote, la fédération tchécoslovaque refusa de libérer son stopper (26 caps/3 b) car son équipe nationale devait préparer la phase finale du Mondial 70 au Mexique.

C’est après cette expédition chez les Incas qu’Horvath, fatigué par ce séjour en altitude, est arrivé au Daring qui évoluait alors en D2. Attention, c’était un sacré transfert : Horvath avait le niveau pour jouer à Anderlecht ou au Standard. Il passait de temps en temps dans mon magasin de sports. J’ai eu de belles discussions tactiques et techniques avec lui. Ce colosse n’a pas eu la fin de carrière qu’il espérait, chez nous. A cette époque-là, quitter l’Europe de l’Est constituait un événement, la chance de découvrir un autre monde et la liberté.

Accueilli par un coach que j’ai connu à Anderlecht, Norberto Höffling, Horvath n’a pas eu de chance et fut vite gravement touché au tendon d’Achille suite à une faute volontaire. Les rêves de ce joueur qui n’avait jamais été blessé s’envolèrent lors d’un match de début de saison. Il devint alors un grand entraîneur de jeunes, coacha la première du RWDM (à la place de Piet De Visser en 1977), lança des promesses du club en D1, comme Michel De Wolf. Horvath connaissait son métier, qu’il exerça aussi à Sakaryaspor, en Turquie, et à La Louvière. Il n’a jamais quitté Bruxelles, y vit encore et est désormais retraité après avoir travaillé durant des années, indépendamment du football, comme décorateur d’intérieur (peinture, tapissage, etc.).

Son papa était hongrois et sa maman slovaque. Son village natal était planté en Slovaquie, assez loin de Bratislava, alors que la Tchécoslovaquie n’était pas encore scindée en deux pays. Là-bas, les autorités se sont souvenues de lui pour lui rendre hommage et il est retourné quelques fois sur les terres de son enfance. Le football a guidé ses pas vers la Belgique et ce solide Slovaque a trouvé sa voie chez nous.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire