HORLOGE BIOLOGIQUE

Le fantasque coureur renouera-t-il avec le succès ? Son directeur sportif, Lucien Van Impe, et son ancien manager, Patrick Lefevere, balancent entre espoir et doutes.

« Le meilleur Vandenbroucke de ces cinq dernières années « ,  » Je suis un autre homme « . Les titres dont a fait l’objet Frank la semaine passée sont prometteurs mais ont un petit goût de déjà-vu. Le coureur affirme avoir remis de l’ordre dans sa vie privée et trouvé aux alentours de Milan la sérénité qui lui faisait défaut en Belgique. Il y vit en famille avec sa femme Sara. Mais ce revirement constitue-t-il pour autant une garantie de succès ?

 » Derrière tout homme fort se cache une femme solide « , commente Patrick Lefevere, son ancien manager.  » C’est pareil pour tous les coureurs. Mais j’ai 51 ans et je ne crois plus aux miracles. Il m’est difficile de l’estimer. Je ne pense de toute façon pas qu’il retrouvera son niveau de 1999. Ses jours de gloire sont révolus. Il a perdu trop de temps alors que son horloge biologique a continué à tourner. Au prix de beaucoup d’efforts, si tout va bien, il peut égaler les performances accomplies en 2003. Mais je ne serais pas surpris qu’il réapparaisse dans le final de quelques courses « .

Lors de précédentes tentatives pour renouer avec le top, il s’est fait dépasser par des coureurs nettement moins doués que lui et plus d’une fois, il a jeté l’éponge. Lefevere :  » Avec sa classe, Frank aurait dû comprendre que ce n’était qu’une question de temps, qu’il devait s’accrocher. J’ai tout essayé avec lui, sans succès. Pourtant, je ne lui en veux pas, je serais vraiment très heureux qu’il revienne « .

Dernière chance

 » Si l’Etoile de Bessèges se passe bien, je serai lancé « , a déclaré Vandenbroucke lors de la présentation de la formation Unibet. com. Il a couru l’épreuve et terminé 92e.  » Qu’il termine 20e ou 90e n’a pas d’importance « , nuance son directeur d’équipe, Lucien Van Impe.  » C’est sa façon de rouler qui compte. Il est en progrès, sans qu’on puisse dire que la course se soit bien passée. Par moments, il s’est fait lâcher. Il ne faut pas que ça se reproduise trop souvent sinon nos encouragements n’agiront plus. S’il continue à se laisser décramponner, il devra prendre une décision. Quand on ne peut plus, on doit s’incliner. Je comprends qu’il est pénible de ne pas pouvoir suivre des gars qu’on dépassait la fleur au fusil. Alors, il abandonne et le regrette après. Mais c’est en se forçant à franchir la ligne qu’il reprendra confiance tout en accumulant les kilomètres de course. Ils sont plus importants que les distances abattues à l’entraînement. C’est une question de rythme. J’insiste pour qu’il achève ses courses. C’est tout ce que nous lui demandons pour l’instant. Dans un mois, ce sera différent : nous choisirons une épreuve dans laquelle nous miserons sur lui. S’il réussit, il nous offrira encore de bons moments car s’il participe à cinq sprints, il en gagnera bien un « .

Van Impe a déjà laissé entendre que sa patience n’était pas illimitée. Le crédit de VDB pourrait être épuisé s’il rate cette saison :  » Je suis plus nerveux que Frank lui-même. Dès qu’il fait quelque chose de travers, je le rappelle à l’ordre. Nos patrons sont sur la même longueur d’ondes. Ils ont tout fait pour lui l’année passée alors qu’il n’a presque pas roulé. Hilaire Van der Schueren, le manager de l’équipe, et moi mettons aussi notre réputation en jeu en lui accordant une nouvelle chance. Nous lui maintenons notre confiance mais avec une certaine réserve, même s’il est plus affûté que les années précédentes. C’est un chouette métier quand tout va bien : on est assailli de louanges. Dans le cas contraire, c’est dur. Il faut faire son autocritique. On n’a pas le droit de se laisser aller. Il faut se battre. A sa place, je ferais tout, vraiment tout ! Il a 31 ans. Il peut encore figurer parmi l’élite pendant cinq ans, avec ses qualités. Il le comprend mais revenir est très dur « .

KRISTOF DE RYCK

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