» Hiddink, tête de Turc « 

Pierre Bilic

NÉ EN 1941, HEYLENS FUT UN EXCELLENT BACK DROIT (67X DIABLE ROUGE, ÉQUIPE D’EUROPE 65, MONDIAL 70 AU MEXIQUE, 7 TITRES ET 3 COUPES DE BELGIQUE AVEC ANDERLECHT). COACHA UNE DOUZAINE DE CLUBS (PASSA 5 ANS AU LOSC ET FUT COACH BELGE 1984 À SERAING)

 » Le T1 de la Turquie, Guus Hiddink, a de gros problèmes avec la presse depuis qu’on a appris que Roman Abramovitch songe à le faire revenir à Chelsea. Le camp d’entraînement de l’équipe nationale turque à Tegelen, près de Venlo, aux Pays-Bas, a été pris d’assaut par tous les médias turcs. Hiddink a cinq gardes du corps mais il ne m’étonnerait pas qu’on retrouve un cameraman à l’un ou l’autre endroit de l’hôtel Château Bilderberg. Si la rumeur d’un passage à Londres se confirme, je prévois une tempête médiatique, surtout si la Turquie laisse échapper la deuxième place du groupe qualificatif pour l’Euro 2012. Hiddink devra rendre des comptes tout comme les huiles de la fédération. La Turquie, c’est pas la Belgique : un coach fédéral qui mise sur deux chevaux (spécialité hollandaise), ça ne passe pas. Hiddink doit le savoir car il a déjà travaillé en Turquie, à Fenerbahçe en 1990-1991.

Moi, j’ai eu l’honneur de bosser à Gençlerbirligi et à Gaziantepspor. C’était chaud et… show. Je me souviens d’un succès à Galatasaray. J’ai cru que nous n’allions jamais quitter Istanbul vivants. Gençlerbirligi est un club de la capitale et, le long du Bosphore, on n’aime pas ce qui vient d’Ankara. Mon président, un richissime importateur de blé de Russie et des Etats-Unis, était heureux après un superbe succès (1-3). Notre autocar a été caillassé en partant du stade. Puis, ce fut une grêle de projectiles dangereux qui déferlaient du haut des ponts de l’autoroute menant à l’aéroport. Nous nous sommes cachés derrière les sièges pour ne pas être lapidés. Toutes les vitres étaient brisées.

A côté de cela, je me souviens d’accueils formidables. En province, il m’arrivait régulièrement de me promener seul la veille des matches, histoire de me détendre. Des supporters adverses me reconnaissaient et m’invitaient à prendre le tchaï (thé) chez eux. C’était fabuleux. Je ne sais pas si Hiddink aura la chance de vivre cela un jour. Pour le moment, il est la tête de Turc. Mais, cela dit, les Néerlandais, comme les ex-Yougos, sont des voyageurs, on en retrouve aux quatre coins du monde.

Dick Advocaat coache la Russie mais qui est champion du Rwanda ? Le club de l’armée (APR FC) qui jouera en Ligue des champions d’Afrique. Et qui coache ce club ? Un Hollandais évidement : Ernie Brandts, un ex-international qui joua notamment à Ekeren de 1989 à 1991. Ils s’appuient sur des réseaux que les entraîneurs belges, qui se débrouillent en solo, n’ont pas. Il y a des exceptions : Eric Gerets, Michel Preud’homme, Walter Meeuws… Nous exportons mieux qu’avant mais les Néerlandais, têtes de Turc ou pas, gardent une énorme avance.  »

PIERRE BILIC

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