Hi Goosh !

Le titre avec les Rouches et une participation à la Coupe du Monde avec les Etats-Unis : le défenseur américain ne manque pas d’ambition cette saison.

L’intersaison n’a pas été de tout repos pour le défenseur américain d’origine nigériane Oguchi Onyewu (23 ans). Sitôt terminés les test-matches contre Genk, le solide défenseur américain du Standard a mis le cap sur les Etats-Unis afin d’y disputer à la fois deux rencontres de qualification pour la Coupe du Monde 2006, ainsi que la Gold Cup qu’il a remportée (v. cadre). Dans l’intervalle, Goosh a eu, en tout et pour tout, une petite dizaine de jours pour décompresser auprès des siens à Washington DC.

Une quiétude relative, au demeurant, dans la mesure où son manager, Will Sherling, et lui, ont été assaillis de coups de fil de la part de clubs désireux de l’embrigader. Malgré l’intérêt d’Anderlecht, disposé à casser sa tirelire pour lui, le sculptural Yankee n’en a pas juré fidélité, pendant deux saisons supplémentaires, aux Rouches.

Oguchi Onyewu : Plusieurs facteurs m’ont incité à reconduire mon bail à Sclessin. En premier lieu l’assurance d’une place de titulaire à part entière, un statut qui ne m’aurait peut-être pas été réservé chez un ténor d’un pays avoisinant, telle la France par exemple. Or, dans l’optique du grand rendez-vous de l’été prochain, en Allemagne, il est absolument impératif, pour moi, d’avoir rang de valeur sûre, car le sélectionneur, Bruce Arena, ne table que sur des footballeurs faisant figure d’incontournables chez leurs employeurs respectifs à l’heure de désigner ses 23 noms. Par là même, il était important aussi que je sache exactement à quoi m’en tenir quant à l’identité du futur entraîneur du Standard, puisque Dominique D’Onofrio avait laissé entendre qu’il céderait le témoin. Quand j’ai appris qu’il était confirmé dans ses fonctions, mon désir de rempiler s’est tout bonnement accentué. Je sais qu’il m’a à la bonne et je le lui rends bien car c’est un coach envers qui j’ai une profonde estime. Pour finir, le troisième et dernier élément qui a influé sur ma décision, c’est la garantie que, contrairement à ce qui s’était souvent vérifié par le passé, les Rouches s’efforceraient de conserver cet été le gros de leurs forces vives. Même si Milan Rapaic a surpris tout son monde en décidant de rompre le contrat d’un an dont il était encore redevable, la semaine dernière, la direction avait indéniablement respecté ses engagements jusque-là. La veille de l’entrée en lice des Etats-Unis à la Gold Cup, le 5 juillet, j’avais donc décidé de prolonger mon bail. Je tenais à une orientation définitive, en la matière, avant le début de l’épreuve américaine afin de l’aborder l’esprit serein. Avec le recul, ce fut une bonne initiative. Car, quoique je l’affirme moi-même, j’ai disputé un bon tournoi, agrémenté par une victoire finale face au Panama : 0-0 puis 3-1 aux tirs au but.

N’est-ce pas contre cette même formation que vous aviez effectué vos débuts en formation A des States l’automne passé ?

C’est exact. Bien que le fédéral, Bruce Arena, ne m’ait jamais vu jouer ni sous les couleurs de La Louvière, ni sous celles du Standard, il s’était rallié au point de vue de son adjoint, Glenn Myernick, qui m’avait eu sous ses ordres avec l’équipe olympique avant de suivre ma progression en Belgique, pour m’octroyer une chance en A. Comme je faisais déjà partie du onze de base à Sclessin, à cette époque, le team-boss n’y avait pas vu le moindre inconvénient et c’est dans le cadre de ce match, que nous avions d’ailleurs gagné 6 à 0, que j’avais été repris pour la toute première fois avec les grands. Par la suite, j’ai participé à la revanche, remportée 0-3 à Panama City. Pour les besoins de l’apothéose de la Gold Cup, j’en étais donc à mon troisième match contre cette nation. Certains diront, à la lecture des trois résultats forgés, que nous avons régressé dans le même temps que notre adversaire s’est amélioré puisqu’il a chaque fois encaissé trois buts de moins (il rit). Mais le football n’est pas une science exacte et le dernier score ne reflétait sûrement pas la réalité. Bizarrement, nous avons gagné la compétition mais le participant qui m’a le plus impressionné, et qui aurait sans doute mérité la victoire finale, était la Colombie, l’un des deux invités de l’épreuve, au même titre que l’Afrique du Sud. Ce football colombien fait d’une progression constante en une touche de balle, appelé là-bas toque, est un véritable régal. Tout au long de ce mini championnat, ses représentants ont eu la cote auprès d’une assistance majoritairement hispanophile. La présence d’équipes comme le Honduras, Panama, le Costa Rica, le Guatemala et le Mexique a attiré bon nombre d’Américains originaires de ces pays.

Résultat des courses : la plupart de nos rencontres se sont déroulées devant un public acquis tout entier à la cause de l’opposant. Il en fut ainsi tant lors de nos matches de poule face à Cuba et au Costa Rica qu’en demi-finales contre le Honduras ou lors de la journée de clôture face au Panama. Il y avait 32.000 personnes pour cette manche ultime au Giants Stadium de New Jersey mais au moment de notre tour d’honneur, les deux tiers des gradins étaient vides. Comme quoi, malgré les progrès du football aux USA, tant au niveau de la Major LeagueSoccer qu’à l’échelon international, la pénétration n’atteint pas l’Américain de base. Ceci dit, une petite évolution est quand même perceptible. L’année passée, seuls les voisins de mes parents, à Washington, savaient que je jouais au football. Cet été, à l’occasion d’une balade dans un shopping, j’ai eu la surprise d’entendre un jeune me lancer :  » Hi Goosh ! « . C’est peut-être le début de ma notoriété là-bas (il rit). Ici, en revanche, je n’ai pas à me plaindre, je suis reconnu partout. Mais c’est normal. Le foot, ici, c’est a way of life, voire une religion. Dans mon pays, cette appellation n’est réservée qu’au basket et au base-ball.

Drago, le guide

Vous entamez votre troisième campagne en Belgique. En quoi la deuxième, au Standard, aura-t-elle été différente de la première, à La Louvière ?

En débarquant chez les Loups, j’avais encore tout à apprendre, à l’instar d’autres jeunes en défense comme Silvio Proto et Michael Klukowski. Quand je vois où nos pas nous ont conduits entre-temps, je me dis que l’apprentissage là-bas, sous les ordres d’Ariel Jacobs, se sera révélé des plus précieux. Depuis lors, j’ai le sentiment d’avoir énormément progressé au plan de l’expérience. Mais quoi de plus normal lorsqu’on a la chance d’être entouré de routiniers du calibre d’Eric Deflandre, Philippe Léonard et, surtout, Ivica Dragutinovic. Drago, c’est mon guide. Jusqu’ici, dans ma jeune carrière, je n’ai jamais eu de partenaire plus précieux que lui. Honnêtement, je frémis à l’idée qu’après Milan, lui aussi nous quitte sous peu. Il est bien avec l’Olympiakos, semble-t-il, et je puis comprendre que compte tenu de son âge et de son vécu, un transfert le tente. Son départ serait une petite catastrophe pour moi, mais pour le Standard aussi. Il me paraît difficile de pourvoir au remplacement d’un gaucher aussi polyvalent. Je n’ai jamais vu un joueur capable de briller à autant de places que lui : back, stoppeur, milieu récupérateur, demi gauche : il tire son épingle du jeu, avec un égal bonheur à n’importe quelle position.

Cette richesse-là n’est-elle pas d’application à vous aussi ? Car avant de vous imposer dans le rôle de stoppeur, vous vous étiez signalé tour à tour comme attaquant puis comme arrière latéral, non ?

C’est vrai mais mes prestations n’étaient pas aussi autoritaires dans ces deux autres registres qu’elles le sont actuellement au centre de la défense. J’ai commencé en tant qu’attaquant car, par rapport à mes compagnons d’âge, j’avais deux têtes de plus. Il suffisait d’un centre bien balancé pour que je catapulte automatiquement le ballon de la tête au fond des filets. A mesure que les années ont passé, j’ai perdu cette avance par rapport aux autres et je suis automatiquement rentré un peu dans le rang comme buteur. Jusqu’au jour où, pour contrer un ailier des plus mobiles, je me suis proposé comme back droit à l’entraîneur. J’avais 16 ans et je m’étais à ce point bien acquitté de ma tâche que pendant plusieurs saisons, j’ai conservé ce poste. D’ailleurs, quand j’ai été repéré au tournoi de Toulon par le FC Metz, c’est à la place de latéral que j’officiais. Mais après quelques semaines en Lorraine, l’entraîneur Jean Fernandez, qui officie aujourd’hui à l’Olympique Marseille, décida de me faire coulisser au centre de la défense. – Vu ton gabarit et tes qualités footballistiques, c’est là que tu t’exprimeras le mieux, me disait-il. Même si je ne conserve pas les meilleurs souvenirs de lui, il a vu juste.

Qu’attendez-vous de cette saison, tant d’un point de vue personnel que collectif ?

Après m’être affirmé en 2004-2005, j’entends tout simplement confirmer avec l’espoir que mes prestations me vaudront d’être retenu dans la sélection américaine en prévision de la Coupe du Monde. Le 17 août et le 3 septembre prochains, les USA livreront deux matches importants au bout desquels le passe-droit pour l’Allemagne pourrait d’ores et déjà être acquis. La première joute nous opposera à Trinidad & Tobago, à Hartford, dans le Connecticut, tandis que l’autre, plus importante, sera disputée face au Mexique à Columbus, chef-lieu de l’Ohio. Un endroit stratégique, car c’est là que le public américain est le plus chaud (il rit). Avec le Standard, mon objectif est de rafler une des deux places qui donnent accès à la Ligue des Champions. L’idéal, bien sûr, serait de terminer premier, puisque le champion sera qualifié d’office pour l’épreuve des poules. A défaut, une deuxième place et la perspective de disputer les préliminaires ne me déplairait pas non plus. Je reste persuadé, en tout cas, que l’équipe a les moyens de telles ambitions. La saison passée, il ne nous a pas manqué grand-chose, en définitive, pour empoisonner jusqu’au bout l’existence du Club Bruges et d’Anderlecht. Du Club, je retiens essentiellement la régularité, qui lui a en définitive valu le titre. Chez nous, hélas, cette constance ne s’est vérifiée que de novembre à avril. En début et en fin de saison, nous avons joué avec notre bonheur. Quant à Anderlecht, je ne trouve pas qu’il nous était supérieur. Sur l’ensemble de la saison, je suis même d’avis que nous avons dispensé un plus beau football. Mais davantage que la beauté, c’est la rigueur qui est payante. Cette leçon-là nous devons la méditer.

Bruno Govers

Bruno Govers

 » L’année passée, SEULS NOS VOISINS à Washington savaient que je jouais au football  »

 » Dominique D’Onofrio m’a à la bonne et JE LUI RENDS BIEN  »

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