HEY bulldog !

Entre Alan Haydock et Richard Culek, le transfuge louviérois doit trouver sa place.

Avant d’affronter La Gantoise hier soir, le Brussels a pris un bon point face à Anderlecht, samedi en fin d’après-midi. Menés 0-1 à 20 minutes de la fin par un Sporting pourtant peu convaincant, les coalisés semblaient avoir perdu la partie mais ils ne baissèrent jamais les bras et furent récompensés de leurs efforts grâce à un penalty converti par Werry Sels.  » Ce point est loin d’être immérité « , estime Mario Espartero (27 ans),  » car nos voisins avaient ouvert la marque contre le cours du jeu. A l’exception d’un envoi de Walter Baseggio, ils ne s’étaient quasiment créé aucune occasion. On a eu le mérite de bien réagir après ce coup du sort et ce n’est que justice si nous avons pu égaliser « .

Toujours privé d’Igor De Camargo, et également de Kristof Snelders, Albert Cartier avait opté pour le même dispositif qu’à Westerlo, mais avec cette fois Musaba Selemani seul en pointe. Il avait aussi réparti les rôles de manière différente dans l’entrejeu. Alors qu’au Kuipje, c’était Culek qui évoluait à la pointe du trio de médians, c’est cette fois Espartero qui avait le rôle le plus offensif, devant le grand Tchèque et le capitaine Alan Haydock.  » Personnellement, je préfère évoluer comme n°6 (milieu défensif) « , reconnaît l’ancien Louviérois.  » Mais nous sommes trois 6 dans l’équipe, il faut bien que l’un d’eux accepte de remplir une autre fonction. Si c’est pour le bien de l’équipe, je me sacrifierai volontiers « .

Ses atouts offensifs s’étant réduits à leur plus simple expression, Albert Cartier avait dispensé des consignes claires : essayer de faire diversion chaque fois que c’était possible, mais surtout éviter d’encaisser. Son organisation était quasiment sans faille. Mais surtout, on avait retrouvé cet enthousiasme et cette solidarité qui étaient les marques de fabrique des Bruxellois depuis le début de la saison et avaient fait défaut en Campine.  » Par rapport à notre prestation de Westerlo, on a cette fois fait bloc et joué en équipe « , confirme Espartero qui a signé pour deux ans au stade Edmond Machtens.

Vous avez longtemps hésité avant de signer au Brussels. Vous avez failli aboutir au Standard mais pourquoi n’avez-vous pas pris le chemin de Sclessin ?

Mario Espartero : Je pouvais signer là-bas. Ce n’est pas que je ne voulais pas y aller mais à partir du moment où l’entraîneur qui est venu me tendre la main et qui m’a relancé à La Louvière m’appelle, il faut savoir rendre la pareille. Je suis resté un an et demi dans la galère et la seule personne qui m’a appelé, c’est Albert Cartier. Je n’ai pas besoin de lui parler pour savoir ce qu’il pense. Et au niveau de l’intégration, je n’ai pas de problème. Je sais qu’il me connaît. Une certaine confiance s’est créée entre nous mais cela ne veut pas dire que je ne pourrais pas travailler avec un autre entraîneur.

Mais vous avez quand même fait durer les choses…

Ce n’était pas une décision évidente à prendre. J’ai une famille et des enfants. Jouer au Standard de Liège, c’était le top. Et puis, les contacts dataient déjà depuis un certain temps. En octobre dernier, le Standard voulait déjà racheter mon contrat de Metz.

… et financièrement, un contrat au Standard, c’est solide ?

A votre avis ? ( il sourit).

Le choix du Brussels était donc un choix affectif.

Ce n’est un secret pour personne que j’ai de bonnes relations avec Albert Cartier. Cela va faire la sixième année que l’on se connaît. C’est lui qui m’a lancé en D1 en France et qui m’a tendu la main. J’aurais pu aller en France mais mon objectif, c’est la D1 et je n’avais aucune touche en Ligue 1. Sauf Le Mans mais cela ne s’est pas fait. En Ligue 2, j’avais de grosses opportunités comme Bastia, Guingamp, Lorient, Istres et Grenoble mais j’ai refusé. Tous les clubs qui ont fait appel à moi jouent la montée mais ce n’est jamais une garantie d’être promu. Quand je regarde par exemple le classement de Guingamp, je constate que le club breton est au plus mal.

 » L’accord parfait avec Vermeersch  »

Les discussions avec le président Johan Vermeersch n’ont pas été faciles, apparemment ?

Extérieurement, les gens pensent que cela s’est déroulé difficilement, mais pas du tout. On a discuté. Le président défend ses intérêts et moi, je défends les miens. Mais après, on trouve toujours un arrangement si on veut travailler ensemble. Financièrement, par rapport à d’autres offres, j’ai fait de gros sacrifices mais c’est la preuve que le club me plaît vraiment.

Avez-vous l’impression que par rapport à La Louvière, vous avez franchi un pallier en venant au Brussels ?

Oui. Evidemment. A partir du moment où je change de club, c’est pour toujours avancer. Sinon, cela ne sert à rien.

Pourtant, il y a peu de chances que le Brussels joue l’Europe ?

Mais La Louvière ne jouait pas l’Europe. Notre objectif consistait à assurer notre maintien ( il sourit). On était annoncé relégable. Mais c’est vrai que quand on se retrouve troisième à la trêve, cela donne beaucoup plus d’ambition et d’envie.

Vous auriez pu rester une saison supplémentaire à La Louvière ?

Cela dépend. En fin de saison, mon objectif était de partir en Allemagne. J’avais des contacts là-bas. Et même si Albert Cartier était resté, comme j’étais en prêt, cela n’était pas du tout garanti que je reste à La Louvière. Mais, si j’avais dû rester en Belgique et si les Loups avaient conservé le noyau de joueurs et son entraîneur, je serais peut-être revenu à La Louvière.

C’est votre deuxième club en Belgique. Quelle différence pointez-vous par rapport à La Louvière ?

Les deux clubs sont à peu près similaires. Au niveau des infrastructures, c’est un peu mieux ici. On a davantage de terrains d’entraînement. L’ambiance n’est pas pareille. A La Louvière, il y avait pas mal de Français alors qu’ici, c’est une autre atmosphère. Ici, l’état d’esprit est un peu plus guerrier alors qu’à La Louvière, l’aspect technique primait.

Quel souvenir conservez-vous de votre passage à La Louvière ?

Un très, très bon souvenir. Quand je suis arrivé, on nous disait relégable et puis on a fait une saison correcte. Six mois super et puis six mois moyens. Mais dans l’ensemble, on finit huitième. C’était vraiment une bonne saison, autant au niveau du travail que de l’ambiance extérieure. On s’entendait bien. On sortait tous ensemble. Et puis, moi, je sortais d’un an et demi d’arrêt. Je ne pouvais pas savoir que l’équipe allait réussir une telle saison et je voulais simplement retrouver du temps de jeu. Mais les bons résultats ont fait que tout s’est enchaîné très vite. Jusqu’à la trêve : on doit vraiment scinder notre saison en deux.

La fin de saison vous a laissé un goût amer ?

A partir du moment où on perd quatre éléments importants en janvier, on ne sait plus faire grand-chose. Les moyens financiers ne permettaient pas de conserver tout un groupe qui voulait rester ensemble. Mais il y a des gens qui décident au dessus s’ils vont poursuivre avec le même effectif ou non. A partir du moment où Albert Cartier n’a pas resigné, les joueurs en fin de contrat n’avaient plus envie de rester.

 » Mon caractère ne me fait pas peur  »

Que s’est-il passé lors du dernier match, la fameuse défaite au Lierse (7-0) ?

Plein de choses : on avait appris que l’entraîneur ne resterait pas, pas mal de jeunes étaient déçus et il y avait des problèmes entre certains joueurs et la direction.

Y a-t-il eu une volonté de laisser filer le match ?

( Il sourit). Pas de laisser filer le match : on a joué au maximum de nos possibilités du moment ( il sourit de nouveau). Par rapport à tout le contexte. Plein de joueurs savaient qu’ils partaient. Ils n’avaient donc aucun intérêt à se blesser.

Et le pillage du vestiaire ?

Il n’y a pas eu de pillage. Les joueurs ont simplement pris leur maillot. Chacun gère son club comme il le veut mais pour un président, voir qu’un joueur veut partir avec le maillot du club, cela doit être un motif de fierté. Moi, j’ai pris mes quatre maillots floqués du n°12. En France, chaque joueur, qu’il soit titulaire ou remplaçant, reçoit 14 jeux de maillots. Et puis, il y a 30 ballons qui ont disparu… Ce n’est pas un trou dans le budget d’un club mais je suis d’accord : ça ne se fait pas. Personnellement, je n’en ai pas pris. Mais on nous a facturé tout ce qui est parti.

Où vous situez-vous physiquement en ce moment ? Certains prétendent que vous traînez encore quelques kilos en trop…

Qui dit ça ? ( il rit). C’est vrai que j’ai peut-être encore un ou deux kilos excédentaires. Je ne suis pas encore au top mais je me connais : début octobre, cela devrait aller.

Vous avez aussi une image de forte tête…

Je l’accepte sans problème. Cela peut devenir une qualité, mais cela dépend de l’entraîneur avec lequel on travaille. Et du club aussi. Mais à partir du moment où on vient me chercher, on me prend avec mes défauts et mes qualités.

Vous quittez un président fort (Filippo Gaone) pour un autre (Johan Vermeersch). Constatez-vous des différences ?

Les deux hommes n’ont pas le même caractère. Gaone est plus réservé alors que Vermeersch a un gros charisme. Le président du Brussels n’a pas besoin de parler. Par sa seule présence, on sent déjà le personnage. Il a joué en D1 et est plus présent dans le sportif. Il donne des conseils et parle foot. Le président de La Louvière est davantage un président de gestion.

Vous êtes arrivé assez tard et vous devez intégrer un noyau qui marchait bien. Ne risque-t-il pas d’y avoir un trop grand chamboulement dans le système ?

On a changé le schéma de jeu à Westerlo. On est passé de deux à trois au milieu. C’est différent et il faut travailler. Mais on ne peut pas dire que l’équipe a perdu son équilibre. Si on avait gagné, on n’aurait rien dit. On doit voir cela sur du long terme. Et on devra faire le bilan en décembre. C’est clair qu’il faut trouver des automatismes. Mais ça ira : ce n’est pas une question d’équilibre mais d’état d’esprit.

Pourtant, tout le monde se pose la question : y a-t-il de la place dans le onze de base pour Richard Culek, Alan Haydock et Mario Espartero ?

Si les résultats suivent, oui.

Un lien particulier existe entre Albert Cartier et Mario Espartero puisqu’il s’agit de la troisième fois que l’un officiera sous les ordres de l’autre après les périodes messine et louviéroise.  » Ce qui nous unit, c’est le jeu, la volonté de gagner, les choses bien faites mais avant tout la conception, la philosophie du métier et de la vie « , explique l’entraîneur du Brussels.  » Ses qualités ? L’intelligence de jeu et d’homme. Il est altruiste, il partage les victoires comme les défaites. Il a compris que le football était collectif. Au niveau footballistique, c’est un animateur de jeu, un créateur. C’est quelqu’un qui fait gagner des matches « .

Après cet éloge, on comprend mieux l’attachement qui unit les deux hommes :  » Pourtant, je n’ai pas dû user beaucoup d’arguments pour l’attirer au Brussels car le président Johan Vermeersch le connaissait très bien. Avant même que je signe au Brussels, il me parlait déjà de Mario. Et si la transaction a mis du temps à aboutir, c’est simplement une question de montage. Le joueur désirait un an alors que le club voulait l’engager pour deux saisons « .

Stéphane Vande Velde

 » L’état d’esprit est PLUS GUERRIER AU BRUSSELS et plus technique à La Louvière  »

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