Hérédité

A la faveur des Proximus Diamond Games d’Anvers, Daniela Hantuchova s’est dite plus que lasse des comparaisons effectuées avec la précédente joueuse la plus sexy, nettement moins douées tennistiquement, Anna Kournikova.

D’emblée, elle a précisé que l’entretien ne porterait que sur le seul tennis. Quelles autres questions poserions-nous à la numéro cinq mondiale, vainqueur du prestigieux tournoi d’Indian Wells et, en double mixte, de deux Grands Chelems?

Comment avez-vous découvert le tennis?

Daniela Hantuchova : Toute ma famille jouait. Dès que j’ai frappé ma première balle, j’ai su que j’avais trouvé ma passion. A l’âge de six ans, j’avais déjà effectué mon choix de vie. Mes parents jouaient également mais seulement pour le plaisir alors que ma grand-mère avait été une des meilleures joueuses de Slovaquie. Elle m’a dotée d’une bonne base technique, que mes entraîneurs suivants n’ont eu qu’à peaufiner.

A vos débuts, aviez-vous des idoles?

En 1988, Miroslav Mecir a remporté la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Séoul. Sa victoire m’a insufflé un regain de motivation. Un compatriote était devenu champion olympique! J’ai trouvé ça fantastique. A partir de ce moment, j’ai rêvé de devenir une des meilleures, à l’instar de Mecir lors de ces Jeux. J’admirais tout particulièrement son style spécifique, surprenant. Ses adversaires ne savaient jamais où il allait placer la balle. Mecir restait aussi d’un calme fou. Il n’avait pas la puissance de ses rivaux mais il avait un extraordinaire sens de la balle.

On dit que vos compatriotes slovaques cultivent un certain complexe d’infériorité à l’égard des Tchèques.

Certainement pas en tennis féminin: notre petit pays compte plusieurs joueuses dans le top-100, avec notamment Janette Husarova, Henrieta Nagyova et Martina Sucha.

Et Daniela Hantuchova, la première Slovaque à occuper la place cinq au classement mondial. Vos compatriotesvous considèrent-ils comme une héroïne?

Je n’oserais pas aller aussi loin mais je suis heureuse de voir que mes performances incitent des enfants à pratiquer le tennis, à faire du sport au lieu de fumer ou de boire. Ce que je pense de mon statut de numéro un de mon pays? Heureuse mais je pense pouvoir faire mieux encore.

A 14 ans, vous avez rejoint l’école de tennis de Nick Bollettieri, en Floride. Que vous y a-t-on apporté?

De la force mentale, sans le moindre doute. Il m’a appris à monter sur le court avec la mentalité adéquate, à penser positivement et à me battre pour chaque point, avec le sentiment d’être la meilleure. Il y a une grande différence de mentalité entre Américains et Slovaques. Le climat -excellent presque toute l’année- a constitué un autre plus par rapport à la Slovaquie. La décision de rejoindre l’académie de Bollettieri a été le cap le plus important de ma carrière. A cette époque, j’étais aussi ravie d’être conseillée par un des meilleurs entraîneurs du monde. Bollettieri a propulsé Boris Becker, Andre Agassi et tant d’autres au top. Pourquoi j’ai rompu avec lui? J’ai séjourné là-bas deux hivers, à raison de trois mois chaque fois, mais je visais l’élite et j’avais besoin de quelqu’un qui me suivre toute l’année. IMG ma conseillé Nigel Sears. Le courant est passé immédiatement. Nigel m’a fait progresser physiquement et surtout tactiquement: par exemple, il m’a expliqué quels coups je devais privilégier dans les moments clefs. C’est souvent ce qui fait la différence entre une bonne joueuse et une moyenne.Aidée par Navratilova

Votre grand-mère vous conseille-t-elle toujours?

Absolument! Elle comprend très bien le jeu et elle lit dans mes pensées. Et à 76 ans, elle continue à jouer. Donc, je ne fais pas la sourde oreille quand elle me donne son avis.

Martina Navratilova a été votre mentor dans le programme « Partners for Succes ». De quoi s’agit-il exactement?

Une ancienne joueuse qui a certains états de service en WTA aide une nouvelle et répond à toutes ses questions. Vous êtes confrontée à tant de choses nouvelles que vous risquez de perdre le Nord. J’ai été flattée qu’une des plus grandes légendes du tennis soit disposée à me conseiller. J’ai joué contre elle à Eastbourne. Ce fut très spécial car j’ai réalisé que j’affrontais une femme qui avait remporté Wimbledon à neuf reprises. Malgré son âge, elle reste incroyablement bonne. Je ne tiendrai certainement pas aussi longtemps qu’elle!

Les observateurs vous considèrent comme la meilleure spécialiste du revers à deux mains. Etes-vous d’accord?

Je n’ai pas de préférence pour le revers ou le coup droit. J’essaie de maîtriser les deux coups. Mon entraîneur et moi tentons d’atteindre le même niveau dans tout le registre, donc aussi dans mon service et ma volée. Je suis consciente d’avoir une marge de progression à tous points de vue.

Vous devez gagner en puissance?

Entre autres, mais aussi en vitesse. Pour battre les soeurs Williams, il faut un tennis impeccable. Elles ont conféré une autre dimension à notre sport et moi, je dois avant tout acquérir plus d’expérience.

Selon vous, les Williams ne sont pas intouchables?

Non. Il faut jouer chaque match. Aux derniers Masters, Kim Clijsters a prouvé qu’elles n’étaient pas invincibles et à l’Open d’Australie, elle n’a échoué que d’un cheveu. Serena et Venus ne sont pas à l’abri d’un mauvais jour. Pour le moment, elles dominent le tennis. Ce n’est pas un hasard si elles ont monopolisé les finales des quatre derniers Grands Chelems. Tout compte fait, ça constitue une source de motivation supplémentaire pour nous.

Lorsqu’on compare la morphologie des Williams à la vôtre et à celle de Justine Henin, on est tenté de croire que vous ne développerez jamais la même puissance…

C’est difficile à changer. Chaque semaine, nous établissons un programme de musculation mais en tennis, c’est la tête qui compte. Même s’il est impossible de battre les Williams en jouant sur la puissance, il y a suffisamment d’autres moyens. Techniquement, je pense être au même niveau qu’elles.

Que pensez-vous de nos deux étoiles belges, Kim et Justine?

Deux brillantes joueuses. Ce doit être quelque chose pour la Belgique d’avoir deux sportives d’un tel niveau. Et puis, elles sont charmantes. Je les connais assez bien et je peux même dire que nous sommes amies.

Et que pensez de votre surnom, « les jambes de Slovaquie »?

Ce n’est pas un problème, aussi longtemps qu’on parle de mon tennis.

Roel Van den Broeck et Frédéric Vanheule

« En puissance, les Williams sont imbattables mais c’est la tête qui compte »

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