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Demain jeudi, l’équipe de Jean-François de Sart débute le tournoi contre les Auriverde.

Cette fois, c’est fait. L’équipe olympique belge s’est envolée pour la Chine, il y a dix jours. Demain, jeudi, elle débutera son tournoi contre l’ogre brésilien dans le stade de Shenyang. Avec comme certitudes, celles apportées par les deux seuls petits matches amicaux disputés par les troupes de Jean-François de Sart contre les Pays-Bas et la Corée du Sud.

Depuis dix jours, les Olympiques s’acclimatent à l’environnement chinois. Après quelques jours passés à Yantai et un détour par Séoul, ils sont arrivés le week-end dernier à Shenyang, le lieu de leurs deux premiers matches (contre le Brésil le 7 et la Chine le 10). Situé à 750 kilomètres de Pékin, ce chef-lieu de la province du Liaoning (située dans le nord de la Chine, non loin de la Corée du Nord) compte 7 millions d’habitants et peut s’enorgueillir d’avoir donné naissance à la belle actrice Gong Li. C’est là que les Belges découvrent l’ambiance olympique, dans un hôtel rassemblant toutes les sélections présentes à Shenyang.

Les incertitudes

Tout aurait pu être parfait. Pourtant, pas mal d’interrogations subsistent autour de cette équipe olympique. La préparation a été étudiée professionnellement, le staff de Jef de sart ne laissant rien au hasard (du travail physique aux problèmes de déshydratation) mais rien ne laissait présager toutes ces incertitudes autour de la sélection. Deux mystères continuent à planer et ils ont trait à deux pions majeurs de ce noyau : Marouane Fellaini et Vincent Kompany. L’accord entre Hambourg et la fédération concernant l’ex-Soulier d’or reste nébuleux. Personne à l’Union Belge ne sait dire combien de temps Kompany restera en Chine. Et au moment de l’annonce de la libération du joueur par Hambourg, certains se mettaient même à douter de sa présence. Ainsi, les plus sceptiques virent un signe avant-coureur de l’absence de Kompany en Chine lorsque le défenseur se tint la cuisse juste avant son remplacement lors du match amical contre les Pays-Bas, à Genk. De Sart, pour ne pas ouvrir la porte à la polémique, coupa court en conférence de presse en disant que Kompany n’avait rien.

Le cas Fellaini est tout aussi complexe. Le médian du Standard est, lui, arrivé en Chine avec le groupe. Mais il pourrait faire ses valises, une fois la rencontre contre le Brésil consommée. Les départs de Kompany et de Fellaini ne poseront pas de problème en cas d’élimination précoce mais si la rencontre contre la Nouvelle-Zélande s’avère décisive, ils seront clairement critiqués. Une fois le tirage de Ligue des Champions entériné, le Standard a clairement fait savoir qu’il comptait sur Fellaini contre Liverpool. Le médian ne sera donc présent en Chine que pour une rencontre ! Cet imbroglio a clairement déjà eu des répercussions.

Devant de telles incertitudes, de Sart a dû moduler sa liste de sélectionnés. Alors qu’il a toujours clamé qu’il lui fallait un autre style d’attaquant aux côtés du duo Moussa DembéléKevin Mirallas, et qu’il avait retenu, dans cette optique Mbo Mpenza dans la sélection des 38, et Giuseppe Rossini dans les 22, voilà qu’il place le nouvel attaquant de Malines dans les réserves. Sans être un diamant pur, Rossini a sa taille en sa faveur. Il pouvait servir de pivot et fournissait au coach une solution de rechange. C’est la mort dans l’âme que le sélectionneur a dû sacrifier Rossini.  » J’ai préféré prendre des défenseurs et des médians supplémentaires « , expliqua-t-il. Un discours convenu quand on sait que c’est en attaque que les solutions ne foisonnent pas et que c’est dans ce secteur-là qu’un problème de concrétisation risque de se poser si on tient compte du nombre d’occasions galvaudées contre les Pays-Bas. Mais de Sart n’avait pas le choix. Craignant toujours que Kompany ne lui glisse entre les doigts et que Fellaini parte en cours de tournoi, il a préféré conserver dans son noyau des garçons comme Jeroen Simaeys (qui peut évoluer tant en défense qu’au poste de médian défensif) ou Laurent Ciman (qui peut suppléer Kompany).

En fin d’olympiade, nul doute que de Sart glissera dans son rapport qu’il ne fut pas vraiment aidé par les clubs. Le Standard a exigé qu’on ne retienne que deux des quatre joueurs en lice pour Pékin. Anderlecht fut plus discret mais au final, tous les Bruxellois pressentis ont disparu de la présélection puis de la sélection. Quant à Bruges, il a demandé le report de la première rencontre de championnat et pour marquer encore plus son mécontentement devant la sélection de Ciman et Simaeys, il a obligé ces deux éléments à un entraînement à Bruges alors que la sélection avait une session en fin d’après-midi. Pour ne pas les surcharger, de Sart a donc dû les dispenser du dernier entraînement sur le sol belge. Et quand on lui a demandé son avis sur la question, il a glissé :  » Je préfère ne pas faire de commentaire « .

L’acclimatation

Tout semblait avoir été prévu. Des tests dans les conditions de chaleur et d’humidité de Pékin comme des conseils d’hydratation. Et pourtant, l’arrivée à Yantai, lieu de stage du COIB, a surpris plus d’un joueur. Lors du premier entraînement, le gardien Yves Ma-Kalambay a perdu 5 kilos. Pour compenser cette perte, il a dû boire 7,5 litres d’eau. Pour remédier à ce problème, les joueurs ont la possibilité de s’entraîner avec des vestes rafraîchissantes, permettant de baisser la température du corps et de la ramener plus proche de la moyenne.

Face à cette chaleur accablante, de Sart a choisi de faire ses entraînements en fin de journée.  » A cette heure-là, les conditions climatiques sont supportables et comme nos matches ne débuteront pas avant 17 heures, la température ne devrait pas poser problème « . Après quelques jours, les ennuis de chaleur étaient évacués et comme il fait nuit à 18 h 30, la fraîcheur tombe assez rapidement.

L’adaptation se fait donc sans problème. Mirallas et Stijn De Smet, partis blessés de Belgique, ont même participé au dernier match amical à Séoul contre la Corée du Sud de -20 ans. Jan Vertonghen a éprouvé quelques problèmes respiratoires (comme le laissait présager les tests effectués en Belgique) mais s’est adapté au fil des jours. Seul hic, le petit cas de turista qui a touché 30 % de la délégation mais qui s’est avéré ni bactérien, ni infectieux. Juste contagieux. Là encore, le problème fut vite réglé.

Enfin, de Sart est particulièrement satisfait de son groupe. Il n’a jamais manqué de rappeler la bonne entente régnant entre les joueurs. Et cela se confirme en Chine. Il n’est pas rare que, même après l’entraînement, les joueurs restent sur le terrain.

Quelle équipe pour contrer le Brésil ?

De Sart ne devrait pas sortir de lapin de son chapeau. Son équipe semble quasiment connue. Contre les Pays-Bas, la configuration ressemblait à une équipe type. Dans les buts, même si Ma-Kalambay a disputé la rencontre contre les Pays-Bas, il devrait céder sa place à Logan Bailly. Reste à savoir si le schéma de jeu se rapprochera davantage d’un 4-5-1 ou d’un 4-4-2. Comme Mirallas était blessé, de Sart avait choisi un 4-5-1 avec Dembélé seul en pointe, Faris Haroun en soutien d’attaque, Maarten Martens à gauche et deux médians défensifs. Martens a donné satisfaction à une place inhabituelle pour lui. En cas de retour de Mirallas, Dembélé pourrait être amené à jouer en retrait, Haroun en faisant alors les frais. A droite, Anthony Vanden Borre a toujours tenu la corde mais la très bonne prestation de Tom De Mul contre les Pays-Bas pourrait conduire le sociétaire de Séville dans le onze de base.

Si contre le Brésil, de Sart ne prendra pas le risque de ne jouer qu’avec un seul médian défensif, il pourrait opter pour une configuration plus offensive contre la Chine. Logiquement, c’est Vertonghen qui retournera sur le banc mais comme Fellaini risque d’être parti, le choix ne se posera plus. Cependant, le schéma avec cinq médians est vraiment prometteur. Contre les Pays-Bas, l’entrejeu belge a dominé et pris à la gorge son homologue néerlandais. Le duo Fellaini-Vertonghen est complémentaire. Et chacun peut apporter le danger offensivement. Le Standardman par sa taille, sur les phases arrêtées notamment, et l’Ajacide par sa frappe puissante.

En défense, de Sart tient son quatre arrière : Sepp De Roover (à droite), Kompany et Thomas Vermaelen (dans l’axe) et Sébastien Pocognoli (à gauche). A droite, Ciman a montré de bonnes choses contre les Pays-Bas mais De Roover est plus sobre et apporte davantage offensivement. A gauche, Pocognoli semble sans concurrence, tant Landry Mulemo a paru léger défensivement. En phase offensive, le Standardman apporte toutefois un petit plus.

Quelle est la valeur des adversaires ?

Le Brésil sera très fort. Peut-être même plus fort que l’équipe A, qui a vécu un démarrage raté lors des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2010. La jeune génération peut déjà se reposer sur des valeurs sûres. En attaque, Pato a redonné des couleurs à l’AC Milan dès son arrivée, en décembre. , l’ancien buteur du CSKA Moscou, a été récemment acquis par Manchester City pour la coquette somme de 24 millions d’euros (record du club !). Au milieu de terrain, Anderson a réalisé une très bonne première année à Manchester United. Certains en ont même fait la révélation de la saison même s’il a terminé le championnat sur les rotules. Un autre médian, Lucas a pointé le bout de son nez dans l’équipe première de Liverpool. Enfin, l’entrejeu sera réglé par la nouvelle star brésilienne du Werder Brême, Diego, élu troisième meilleur joueur de Bundesliga derrière Franck Ribéry et Luca Toni. En défense, Marcelo a arpenté tout le flanc gauche du Real Madrid (24 fois titulaire) tandis que Rafinha devenait un incontournable dans le onze de Schalke. Et pour encadrer ces jeunes pousses, Dunga, qui cumule les casquettes de sélectionneur de l’équipe A et olympique, a fait appel à Ronaldinho, qui aura de la fraîcheur à revendre après avoir passé plus de temps sur le banc que sur le terrain l’année passée à Barcelone.

Récemment, le Brésil a battu Singapour 3-0 avec la composition suivante : Renan – Rafinha, Alex Silva, Thiago Silva, Marcelo – Hernanes, Lucas, Anderson, Diego – Pato, Ronaldinho. Enfin, le Brésil ne part pas en Chine en vacances. La sélection auriverde n’a jamais remporté la compétition olympique, vide qu’elle aimerait combler à Pékin.

Dimanche, les Belges défieront la Chine, un adversaire qui se prépare depuis deux ans à ce rendez-vous mais qui ne fait pas preuve d’une grande sérénité. L’entraîneur serbe, Ratomir Djukovic, qui était à la tête du Ghana lors de la dernière Coupe du Monde, a été démis de ses fonctions il y a trois semaines.

 » Mais il est toujours conseiller de la Fédération. D’ailleurs, c’est lui qui s’est rendu à Genk pour visionner les Belges contre les Pays-Bas « , explique Li Shaozhou, journaliste chinois du magazine Titan Sport.  » Il a été démis de ses fonctions non pas à cause des résultats mais suite à des avis divergents avec la Fédération. Les deux parties n’arrivaient pas à s’entendre sur le programme olympique « .

Ce départ a créé quelques remous.  » La plupart des Chinois sont pessimistes et ils ne croient pas en une possibilité de victoire face à la Belgique. L’équipe n’est pas assez bonne et il y a de gros problèmes sur le flanc gauche. On n’arrive pas à trouver la solution. Pour le moment, c’est la vedette de l’équipe Zheng Zhi qui remplit ce rôle mais cela ne donne pas satisfaction. Est-ce parce qu’il n’est pas en grande forme ou est-ce une forme d’inadaptation à ce poste ? Cependant, le public devrait répondre en masse. Cela fait plusieurs années que l’équipe se prépare et cela nous étonnerait qu’elle loupe complètement son tournoi. Le peuple ne lui pardonnerait pas. Il faut espérer qu’elle puisse se transcender « .

Bluff ou réalité ? Toujours est-il que cette équipe a partagé avec la Serbie (0-0), cette même formation qui nous avait sorti en demi-finales du dernier Euro Espoirs.

Quant à la Nouvelle-Zélande, c’est le flou total. Une préparation minimale, des joueurs inconnus et peu de références à ce niveau-là. Mais de Sart ne s’en fait pas.  » Nous aurons tout le loisir de visionner cette équipe en Chine puisqu’il ne s’agira que de notre troisième match « .

par stéphane vande velde

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