Henry Guldemont s’est tapé tous les coaches fédéraux.

Journaliste à la retraite, Henry Guldemont a fait une carrière kilométrique pour notre magazine. Il a couvert de multiples phases finales de Championnat d’Europe et de Coupe du Monde et des dizaines de matches européens. La manière dont se comporte aujourd’hui René Vandereycken avec les médias ne l’étonne pas du tout :  » Je l’ai interviewé plusieurs fois quand il jouait et quand il était entraîneur de La Gantoise. Il était déjà froid, distant, intelligent, très calé tactiquement, concentré sur le jeu et rien que sur le jeu. Quand il était à Gand, il ne fallait pas le questionner sur un de ses joueurs qui avait l’un ou l’autre souci familial : il ne voyait que l’aspect purement football « .

VDE est à mille lieues d’autres entraîneurs fédéraux côtoyés par Guldemont :  » Le plus fort pour mettre la presse dans sa poche était bien sûr Raymond Goethals. Il ne parlait ni français, ni néerlandais, mais un mélange des deux avec un soupçon de bruxellois. Je le revois encore, juste après un match que l’équipe nationale venait de perdre à Moscou, sur penalty à la dernière minute. Nous faisions le pied de grue devant le vestiaire. Dès que la porte s’est ouverte, il a balancé violemment une orange vers nous. Pas pour nous toucher mais pour montrer sa rage. Il nous a aussi prouvé de quel bois il pouvait se chauffer après un match perdu par les Diables contre l’Allemagne de l’Ouest. Pendant les jours qui avaient précédé cette rencontre, tous les journalistes l’avaient poussé à aligner une équipe offensive. Il l’a fait et les Belges avaient été battus. Après le coup de sifflet final, il marchait de long en large dans le vestiaire et nous répétait : -Vous voyez ce que c’est ! Il nous reprochait clairement de l’avoir influencé.

Plus tard, j’étais à Marseille pour couvrir un match de l’OM. Après la rencontre, près de 60 journalistes et photographes l’attendaient dans le couloir en chantant : -Ray-mond, Ray-mond… Il est subitement apparu avec son faciès d’amuseur public et a lancé : -Et qu’est-ce que tu veux savoir ? Eclat de rire général. Son humour était une arme mais il avait deux faces : exubérant quand ça allait bien et quand les questions ne le mettaient pas en difficulté ; taiseux, voire colérique dès qu’on abordait Valenciennes-Marseille ou Standard-Waterschei « .

Guy Thys était complètement différent :  » Cool, très British, jamais un mot plus haut que l’autre, pas de drame, pas d’explosion. Très humain, aussi. Il protégeait toujours ses joueurs, même après avoir renvoyé Vandereycken de la Coupe du Monde 86 pour incompatibilités tactiques. Erwin Vandenbergh avait aussi dû rentrer pendant le tournoi parce que Thys n’en voulait plus mais il ne l’a pas assassiné : -Erwin est jeune, il a encore beaucoup de choses à apprendre. Il ne voulait rien lâcher sur sa composition et son système de jeu pour le match à venir, mais nous savions qu’il suffisait de l’appâter au bar de l’hôtel, la veille de la rencontre. Un bon cigare et un whisky de derrière les fagots permettaient d’en savoir plus… Il pouvait aussi se laisser influencer par un journaliste. On a souvent raconté que Rik De Saedeleer, le commentateur de la télé flamande qui avait joué en D1, lui inspirait parfois l’une ou l’autre trouvaille. A l’époque, les journalistes belges logeaient régulièrement dans l’hôtel de l’équipe. J’ai par exemple passé toute la Coupe du Monde 86 dans les mêmes murs que les Diables. Ce n’est plus du tout envisageable aujourd’hui « .

Paul Van Himst et Wilfried Van Moer, qui ont ensuite coaché les Diables, avaient moins de personnalité :  » Van Himst était très neutre. Une communication simple, sans histoires. On le sentait parfois irrité mais il ne le montrait pas trop. Van Moer, lui, était très nerveux et très désinvolte. C’était un gars extrêmement aimable en dehors du cadre professionnel, mais dès qu’il rencontrait la presse dans sa fonction d’entraîneur fédéral, il était moins à l’aise. Il gérait très mal sa relation avec les médias. Il était très mauvais bilingue et se sentait encore plus mal à l’aise avec la presse francophone qu’avec les néerlandophones « .

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