Hasard de la formation

Le Real Madrid a dépensé une belle somme pour acheter un joueur formé par lui et qu’il pouvait récupérer gratuitement un an plus tôt !

9 buts, toutes compétitions confondues : à-mi-parcours, c’est un bilan appréciable pour un réserviste. José Maria Callejóna parfaitement saisi les quelques opportunités que lui a offertes José Mourinho. Lors des matches de Ligue des Champions contre le Dinamo Zagreb et l’Ajax Amsterdam, par exemple, quand le Real Madrid était déjà qualifié. Ou en Coupe du Roi, face à la modeste formation de la Ponferradina, évoluant en D3. Ces belles prestations lui ont valu d’être titularisé lors du dernier match de Liga de 2011 : une victoire 2-6 au FC Séville qui a permis aux Madrilènes de passer Noël en tête du classement.

Neuf buts, c’est seulement un de moins que son total en trois ans à l’Espanyol Barcelone. C’est là que le Real Madrid est allé le chercher, l’été dernier, pour cinq millions. Cinq millions pour un joueur formé pendant six ans à l’ombre du stade Santiago Bernabeu ! Pire : lorsqu’il l’a vendu à l’Espanyol pour 1,2 million en 2008, le Real Madrid avait fait insérer une clause dans le contrat de quatre ans, stipulant qu’il pouvait éventuellement récupérer son joueur pendant les deux premières saisons. Il ne l’a pas utilisée : il l’a rapatrié au bout de trois ans et a donc dû payer le prix fort, fixé par l’Espanyol !

De centre-avant à ailier droit

Il faut dire que Callejon n’a pas éclaté directement dans le deuxième club catalan. PacoHerrera, alors directeur sportif des Bleu et Blanc, l’avait présenté comme le nouveau RaulTamudo, le meilleur buteur de l’histoire du club. Sa dernière saison avec Castilla, l’équipe filiale du Real Madrid, avait été prolifique : 21 buts en 37 rencontres en 2007-2008. Il avait aussi marqué dès ses débuts en équipe nationale U21, le 25 mars 2008 contre le Kazakhstan. Il s’est montré moins inspiré en Catalogne : deux buts en 2008-2009, deux buts encore en 2009-2010, avant de se libérer un peu en 2010-2011 avec six réalisations.

Entre-temps, l’entraîneur MauricioPocchettino l’avait repositionné sur l’échiquier. De centre-avant pur qu’il était à son arrivée, Callejon est devenu un ailier. Droit, le plus souvent. Rapide et habile, son sens du but a diminué, mais il est devenu un joueur plus complet : il a appris à travailler la récupération du ballon et ses diagonales et ses centres millimétrés ont fait de lui un pilier de l’équipe. Callejon ne s’est jamais plaint de ce changement de position. Son caractère naturel lui a aussi valu d’être apprécié dans le vestiaire.  » Je garderai de très bon souvenirs de l’Espanyol « , a-t-il déclaré lors de son dernier match du championnat 2010-11 alors qu’il avait pourtant été sifflé par ses propres supporters.  » J’ai considéré ces sifflets comme une marque d’estime. Les supporters ne voulaient pas que je m’en aille.  »

Les prestations de Callejon avaient suscité l’intérêt de plusieurs clubs anglais. On avait aussi évoqué un transfert à Getafe. L’attrait du Real Madrid a été le plus fort :  » Retourner à la maison est un rêve que je réalise. C’est le meilleur club du monde. S’entraîner avec de tels coéquipiers, sous la houlette d’un tel entraîneur, est un luxe. Il y a énormément de concurrence en attaque, mais je me battrai pour m’imposer. « 

Mourinho n’a pas oublié que, contre le Real Madrid la saison dernière, Callejon avait provoqué l’exclusion d’ IkerCasillas sur l’une de ses actions. Il lui a offert une première chance lors des matches de préparation. Callejon a inscrit son premier but lors de la tournée américaine, face au LA Galaxy de DavidBeckham. Puis, il s’est montré à ses supporters lors du trophée Santiago Bernabeu, contre Galatasaray. Mais lorsque le championnat a commencé, il s’est retrouvé sur le banc.

Nuit blanche à Motril

Callejon est Andalou. Il est né le 11 février 1987 à Motril, dans la province de Grenade. Motril, cela ne vous dit rien ? C’est là que le Roi Baudouin avait sa résidence d’été et est décédé le 31 juillet 1993.

En novembre 2011, Callejon avait été convoqué par la municipalité de Motril pour faire office de suppléant du président d’un collège électoral. Après le match du samedi soir à Valence, il avait pris la route de l’Andalousie, sans dormir. Il était arrivé à 6 h du mat’. Constatant la présence du président à 8 h, il avait pu prendre un avion pour rentrer à Madrid et était arrivé juste à temps pour l’entraînement… alors que Mourinho préparait le match de Ligue des Champions contre le Dinamo Zagreb. Seulement un quart d’heure de retard. Cela lui avait valu les railleries de ses coéquipiers.  » Callejon maire ! « , s’était exclamé GonzaloHiguain.  » Ils t’ont payé, au moins ? », avait demandé SergioRamos.  » 60 euros ! « , a ajouté Pepe.

Callejon a répondu sur le terrain. Contre l’équipe croate, il a réussi un doublé.  » Ma plus belle soirée comme footballeur, que je dédie à mon frère et à tous ceux qui ont cru en moi. « 

José María Callejon a un frère jumeau, JuanMiguelCallejon. Juanmi a également joué au Real Madrid jusqu’en 2008 mais a un peu galéré depuis. Prêté à Majorque, il n’y a inscrit qu’un seul but et depuis lors, cherche sa voie en D2 : Albacete, Cordoba et cette saison Hércules. Il joue surtout comme milieu de terrain offensif et parfois aussi comme ailier droit.

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO : IMAGEGLOBE

Le directeur sportif de l’Espanyol voyait en lui le successeur de Raul Tamudo

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