Hara-kiri à Helsinki

Parlons des Diables évidemment, mais varions cette fois la formule, les deux récentes déculottées s’étant suivies de trop près pour faire l’objet de deux bafouilles. Avant le Belgique-Portugal du 2 juin, j’ai soufflé le chaud et le froid en compulsant le classement. Un, je me suis dit qu’un 6/6 était tout à fait plausible vu les forfaits annoncés en face : je ne voyais rien d’invincible chez des Portugais notamment privés de Cristiano Ronaldo et de Ricardo Carvalho, on annonçait chez les Finlandais les forfaits de Jari Litmanen et de Sami Hyypia. Deux, j’ai calculé qu’avec ce 6/6, nous totaliserions 13 points en 8 matches… et que ça nous ramènerait à des rêves de seconde place (qualificative) pas si fous que ça ! Ceci pour le chaud.

Le froid, en trois, c’est que si ça se passait effectivement comme je le supputais, moi comme tous les scribouillards défaitistes pourrions alors ramasser un grand bras d’honneur mérité de la part de René Vandereycken, logiquement revanchard envers les outrecuidants qui l’avaient enterré vivant…

L’inverse s’est passé : désormais sixièmes, moins bons que l’Arménie, talonnés par le Kazakhstan, nous sommes dans les profondeurs glaciales du classement. Et de facto, plus l’équipe touche le fond, moins la presse s’en trouve outrecuidante : voici 8 mois, et sans même parler des trois rencontres nous opposant aux présumés faire-valoir, si tu avais prédit à VDE qu’il se retrouverait avec 0/15 et un average de 1-10 après avoir joué la Serbie, la Pologne, la Finlande et deux fois le Portugal, jamais René ne t’aurait cru : il se serait même engagé à prendre la porte, de son plein gré et sans indemnité de rupture, en cas de scénario à ce point fantaisiste ! Ben voilà : la fantaisie s’est faite réalité, faut admettre que personne n’avait rêvé pire, c’est la différence entre un simple flop et un flop du top…

VDE n’est pas coupable, il n’est qu’impuissant comme le seraient sans doute beaucoup d’autres. Mais il s’est cru capable de puissance et, le carrousel du foot étant ce qu’il est, d’autres sont tout prêts à se croire puissants à sa place : cela implique que ses employeurs n’auraient rien à perdre, sportivement, en tentant leur chance au grand jackpot traditionnel du limogeage… et qu’évidemment ils le savent ! Leur seul hic, c’est le fric, ce sempiternel débours des indemnités de rupture, ce gaspi immanquablement ressenti… mais dont ils portent, comme d’hab en foot, l’entière responsabilité : car dans un jeu qui ressemble à ce point au vogelpik, je n’ai personnellement jamais compris qu’on puisse engager un coach national, quelle que flatteuse soit sa réputation, pour une durée supérieure à la compétition qu’il entame…

Avant le flop portugais, lire qu’une prime exceptionnelle serait attribuée aux joueurs en cas de 4/6 m’a foutu les boules : on avait déjà dérapé suffisamment, fallait partir avec l’unique idée que c’était 6/6 ou la mort, et sans y ajouter l’indécence d’imaginer que le pognon pouvait motiver davantage ! Ensuite, et indépendamment de la (bonne) prestation de Jan Vertonghen comme de la (mauvaise) prestation de Tom De Mul, ça m’a irrité de les découvrir au coup d’envoi : quand tu as déjà aligné 41 joueurs en 11 rencontres, démarrer ton 12e match avec un 42e et un 43e gars tous deux néophytes, ça sent davantage le coach déboussolé que le programme prémédité, davantage la concession au jeunisme que l’approfondissement tactique. Enfin, faut que je m’inscrive en faux contre l’opinion générale qui veut que cette défaite fut néanmoins une bonne prestation : quand tu perds 1-2 et que ton gardien a sauvé cinq fois tes meubles sans que celui d’en face ait sauvé une seule fois les siens, tu ne fais jamais un bon match,… même si tu n’as pas mal joué à la baballe ! Sans blague, c’était moins mauvais en Serbie.

Et notre prestation rikiki à Helsinki ? François Sterchele joker au départ, d’accord, rien de scandaleux : mais ne le faire jouer que 5′ à la place d’ Emile Mpenza, alors qu’on court après le score depuis la 27e, c’est grand comme le mystère de l’Incarnation, faut avoir la Foi pour admettre ! A moins qu’arrivé en Finlande, VDE, pas moins insondable, ait secrètement décidé de se faire hara-kiri pour mourir sans souffrir… Ara qui rit ? Non Ben, ce n’est pas un perroquet qui s’est foutu de nous et a fait stopper le match, c’est un hibou, c’était la tournée du grand-duc ! Moment de télé inoubliable : un grand hibou box to box (c’est le néologisme footeux en vogue !), imperturbable, seigneurial au point qu’aucun mortel n’ose l’approcher, s’installe sur une transversale puis sur l’autre, défie la foule et les acteurs, et paraît nous demander ce qui nous prend à tous de nous exciter tant…

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par bernard jeunejean

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