Happy together *

Avant le match de Super Coupe face au Club Bruges, l’ennemi juré, Sport/Foot Magazine a rendu visite aux champions gantois en stage.  » Les cross au bois me font déjà moins peur « , dit Laurent Depoitre.

La journée d’un Buffalo débute généralement vers 8 h 30 mais, en période de préparation, il arrive régulièrement qu’elle commence une heure plus tôt au cas où Hein Vanhaezebrouck place l’un de ses célèbres et redoutables cross au bois au programme.  » C’est la préparation la plus intensive que j’aie connue depuis le début de ma carrière « , avoue Rudi Cossey, l’entraîneur-adjoint qui débarque de Lokeren et est lui-même spécialiste en matière de condition physique.

En pénétrant sur le parking du centre d’entraînement au Warmoezeniersweg, près de la E17, on remarque directement que la meilleure place de parking n’est pas réservée à l’entraîneur ou au président mais à Tatjana qui, depuis douze ans, exploite la cafétéria située entre les quatre terrains en herbe que compte le complexe. Pour être tranquille, elle habite un peu plus loin.  » Sans quoi les joueurs me téléphoneraient sans cesse pour me dire qu’ils ont oublié quelque chose « , dit-elle.

La plupart du temps, c’est Francky Vandendriessche, l’entraîneur des gardiens, qui arrive le premier. Parmi les joueurs, c’est Rafinha qui montre l’exemple. Il fait même parfois un peu de zèle…  » Un jour, je suis arrivée à 7 heures et il y avait déjà une heure que Rafi était là : il n’arrivait plus à dormir « , raconte Tatjana.  » Ce groupe est le meilleur que j’aie connu ici. Voici peu, lors d’un team building, ils nous ont applaudis, mon mari et moi, pour la qualité des repas que nous préparions. Ils nous apprécient et ils le montrent.  »

 » Le seul pour qui il faut parfois faire quelque chose de spécial, c’est Rami Gershon, parce qu’il ne mange que kasher. Pour le reste, ils n’exigent rien. Au contraire : ils me demandent souvent un petit truc : la façon dont je prépare la sauce pour les spaghetti, notamment.  »

Le premier supporter à arriver sur place est Willy, un pensionné qui affirme être présent lors de chaque entraînement. Quand on lui demande ce qu’il pense de la période de préparation jusqu’ici, il répète quatre fois :  » Il faut qu’ils achètent, monsieur.  »

Smoothie à la place de jus d’orange

Michel Louwagie et Ivan De Witte viennent rarement au centre d’entraînement. Gunther Schepens, le coordinateur sportif, vient une fois par semaine mais pour le reste, l’endroit est réservé aux joueurs et au staff. Ils y disposent d’une cafétéria, d’une salle de loisirs, de vestiaires, d’un bureau pour les entraîneurs, d’un centre de fitness et d’un dortoir. L’attaché de presse, Marc Van Lysebetten, y a aussi son bureau.

Pour le moment, il n’a pas encore trop de travail. Bien que le club soit champion, les demandes d’interviews n’affluent pas. Il y en a tout de même un peu plus de Wallonie. Ex-banquier et ex-professeur, Van Lysebetten occupe une autre fonction au sein du club : deux heures par semaine, il donne des cours d’anglais aux étrangers, individuellement ou par petits groupes.

Ce matin, il n’y a pas de cours d’anglais mais une initiation à la diététique sportive. Une spécialiste explique aux joueurs ce qu’ils doivent manger mais surtout quand ils doivent s’alimenter. Pendant une semaine, ils vont tous devoir suivre le même menu. Par la suite, elle établira des programmes individuels.

C’est une nouveauté car Vanhaezebrouck tend à la perfection dans tous les domaines. La Ligue des Champions obligera les joueurs à être plus attentifs à l’aspect extra-sportif de leur métier, sans quoi ils risquent de ne pas supporter le rythme de deux matches par semaine.

Tatjana va devoir changer ses habitudes également. Elle apprend ainsi qu’un verre de jus de fruit au petit-déjeuner, c’est mauvais pour un sportif de haut niveau : c’est trop sucré et ça augmente le taux d’acidité. Mieux vaut un smoothie. Le muesli, le pain, le fromage, le jambon et la confiture peuvent (provisoirement) garder leur place à table.

Comme Pep Guardiola

A 9 h 50, les joueurs se retrouvent sur le terrain B. Ils rigolent, jonglent un peu ou se font des passes. Pendant ce temps, Bernd Thijs, Rudi Cossey et le kiné Stijn Matthys placent les cônes et les obstacles. Ils mesurent attentivement les distances. Vanhaezebrouck ne laisse rien au hasard.  » L’entraînement est de très haut niveau « , dit Etienne De Wispelaere, qui suit la séance depuis la cafétéria.

Le responsable des équipes d’âge est très apprécié. Il a lui-même dirigé des équipes premières (c’est lui qui, à Alost, avait repêché Dries Mertens, viré par Gand), donne des cours à la Topsportschool (Ecole de Sport-Elite) et a également entraîné les espoirs des Buffalos. Il a été l’adjoint de Trond Sollied, Georges Leekens, Michel Preud’homme, Mircea Rednic et Victor Fernandez.

Actuellement, c’est lui qui organise les entraînements pour les nouveaux et les joueurs en disgrâce comme Ante Puljic, David Hubert ou Wouter Corstjens. Ceux-ci sont tenus à l’écart du noyau A afin de ne pas plomber l’ambiance. Vanhaezebrouck est très heureux du travail fourni par De Wispelaere l’an dernier avec Serge Tabekou et Kenny Saief. Il souhaite d’ailleurs qu’il soit désormais plus proche du noyau A.

De Wispelaere se montre également très élogieux envers le T1.  » Il y a du contenu dans les entraînements de Hein « , dit-il.  » Il ne se contente pas d’occuper les joueurs. Seul Preud’homme était aussi concerné par les détails. Maintenant, Hein va devoir apprendre à travailler avec les vedettes.  »

Après un échauffement intensif sous l’oeil bienveillant de Stijn, le préparateur physique, les joueurs travaillent l’aspect tactique. L’objectif est de former des triangles sur les flancs. La finition n’entre pas en ligne de compte. Ils répètent inlassablement l’exercice pendant une demi-heure.

Ce n’est pas gai mais c’est utile. Lorsque vous verrez une combinaison sur l’aile entre trois joueurs lors d’un prochain match, vous vous souviendrez que cette phase a été répétée pendant des heures.

Après une heure d’entraînement, les joueurs se rassemblent dans le rond central. Dans un excellent anglais et d’une voix plus forte que le bruit de l’autoroute, Vanhaezebrouck leur explique l’objectif de l’exercice suivant. Comme Pep Guardiola, c’est une chose à laquelle il attache énormément d’importance : les joueurs ont besoin de savoir à quoi sert ce qu’ils font.

Sur chaque moitié de terrain, quatre attaquants affrontent quatre défenseurs. L’accent est mis sur un jeu direct et l’objectif consiste à trouver des solutions face à une défense en ligne. La mission paraît simple mais la réalisation est difficile. A la moindre mauvaise passe ou au moindre mauvais choix, Vanhaezebrouck arrête le jeu et montre à ses joueurs ce qu’il attend d’eux dans telle ou telle situation. Son passé de professeur refait surface.

Tout cela se passe sous un agréable soleil matinal mais le nombre de spectateurs est restreint. Nous n’en comptons que huit, dont un connu : l’ex-coureur cycliste Dirk De Wolf, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège en 1992 et ami de Gunther Schepens.

L’hymne de la Champions League

Dans le noyau gantois, Uros Vitas est le joueur qui présente le look le plus étonnant : costaud, la barbe bien fournie, il est le seul à s’entraîner avec des longues manches par 23 degrés. Il fête ses 23 ans aujourd’hui mais n’a pas amené de gâteau  » Les magasins étaient fermés mais je me rattraperai plus tard en organisant une petite fête « , rigole-t-il en rentrant au vestiaire.

Après le repas – ils ont le choix entre de la viande, du poisson, du riz, des pâtes et du potage – les joueurs ont deux heures de libre. Sauf Laurent Depoitre, réquisitionné par Sport/Foot Magazine pour une séance photos. Le titre n’a pas changé le chouchou du public, toujours aussi aimable.  » Nous sommes tous plus sûrs de nous mais il n’y a pas de gros cous « , dit-il.  » Le titre et la Ligue des Champions, on en a surtout parlé lors de la dernière semaine de la saison écoulée. Il nous arrivait même de faire retentir l’hymne de la Champions League dans la cafétéria.

Mais actuellement, nous sommes tous concentrés sur la prochaine saison. Nous savons qu’il faudra confirmer. Notre premier objectif, c’est la Super Coupe. Nous voulons gagner quelque chose. Nous avons l’avantage d’avoir conservé le même noyau, nous connaissons le système de jeu et, sur le plan physique, nous sommes en avance sur la saison dernière. Les cross au bois nous font déjà un peu moins peur.  »

A ce moment, Rudi Cossey traverse la cafétéria avec une assiette vide. Il sort du bureau des entraîneurs où le staff prend son repas de midi et prépare les séances suivantes.  » J’avais vraiment envie de travailler avec Hein Vanhaezebrouck « , dit le T2 en expliquant pourquoi il a quitté Lokeren.  » Je suis frappé par l’intensité de la préparation. Les joueurs n’ont guère eu le temps de souffler mais personne ne se plaint. Il faut également rarement leur faire des remarques en matière d’ordre ou de ponctualité.

A ma connaissance, nous n’avons pas encore distribué d’amende. Ces gars-là ont une mentalité de gagneurs. Hein laisse une place à la compétition dans tous les exercices et les activités mais ce sont les joueurs qui font des concours avec tout. Ça tire le groupe et ça c’est chouette.  »

Il est 15 h 30 lorsque l’échauffement en vue de la deuxième séance d’entraînement du jour débute et, manifestement, certains ne sont pas encore bien réveillés. Maintenant, ça ne rigole plus. Quinze spectateurs sont présents, dont deux Hollandais : un père et son fils. Ce sont des supporters de l’Ajax en vacances à Gand. Et là, on voit tout de suite que le succès des Buffalos est relatif.

 » C’est lequel, l’entraîneur ? « , demandent-ils. Nous leur montrons Hein Vanhaezebrouck.  » On dirait Johan Boskamp « , dit le père. Hormis Sven Kums, qui a joué aux Pays-Bas, ils ne connaissent aucun joueur. Un peu plus loin, une mère et son fils prennent des photos de leurs idoles. Ils n’ont pas de préférence.  » Ils sont tous très sympathiques « , disent-ils.  » Sauf un, mais il est parti : David Pollet.  »

Exploiter les erreurs adverses

Le deuxième entraînement se poursuit par quelques exercices de conservation de ballon. Les voitures des joueurs sont en sécurité derrière le but du terrain B, sauf une : la Maserati immatriculée en Suisse de Danijel Milicevic. Celui-ci a manifestement confiance en l’adresse de ses équipiers.

A 16 h 45, Hein Vanhaezebrouck estime qu’il est temps de passer à la dernière partie de la séance : des matches de quatre contre quatre sur un demi-terrain. Les titulaires d’un côté, les réservistes de l’autre. Comme il faut quatre gardiens, Vandendriessche (44 ans) prend place entre les perches. Après quelques minutes, Vanhaezebrouck siffle et on procède à des changements sans arrêter le jeu.

En suivant l’exercice, on comprend que, cette saison, Vanhaezebrouck misera sur une reconversion offensive rapide par un jeu vertical. Lors de chaque petit match, il insiste sur l’importance de l’efficacité, de la vitesse d’exécution et de l’exploitation des erreurs de l’adversaire.

 » A 17 h 30, l’entraînement est terminé et les joueurs peuvent rentrer chez eux. Le lendemain, à 8 heures, ils iront courir au bois puis partiront ensemble et en famille à Pairi Daiza. Hein ne s’arrête pas.

* Chanson de The Turtles jouée à la Ghelamco Arena les soirs de victoire

PAR MATTHIAS STOCKMANS – PHOTOS BELGAIMAGE / CHRISTOPHE KETELS

PENDANT CE TEMPS, À LA GHELAMCO ARENA on n’a jamais vendu autant d’abonnements. Des centaines de supporters ont campé devant le stade pour être certains d’en avoir un. On est à 17.000.

PENDANT CE TEMPS, À LA GHELAMCO ARENA des milliers de gamers transforment le stade en paradis du multimedia. C’est l’eSports Festival. D’autres événements comme Love The Samba, Fight Night ou la Ghelamco Arena Run y ont déjà été organisés.

PENDANT CE TEMPS, À LA GHELAMCO ARENA on effectue les travaux d’agrandissement de la tribune de presse et du vestiaire visiteur exigés par la Ligue des Champions. Dont coût : 15.000 euros.

PENDANT CE TEMPS, À LA GHELAMCO ARENA la direction présente Hatem Abd Elhamed, le défenseur israélien que le club a fait signer au nez et à la barbe du Club Bruges.

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