Hampden Park, stade porte-bonheur

Bruno Govers

Il y a de ces enceintes qui portent chance, sans que l’on sache trop pourquoi. Et, pour les Diables Rouges, Hampden Park en est une, assurément. Le 19 décembre 1979, ce stade mythique qui comptait alors parmi les plus vastes du Vieux Continent, avait été le théâtre du renouveau pour notre football représentatif.

En éliminatoires du Championnat d’Europe des Nations 1980, on ne donnait plus cher des chances de la Belgique, à ce moment-là, de se qualifier pour la phase finale de l’épreuve, en Italie, tant nos représentants avaient bâclé leur copie à la faveur de leurs rendez-vous précédents: hormis une victoire significative contre le Portugal et une autre devant une équipe de Norvège qui ne présentait pas encore, tant s’en faut, les mêmes lettres de noblesse qu’aujourd’hui, les nôtres s’étaient avant tout signalés par quatre nuls de piètre facture, non seulement face aux deux formations précitées, mais aussi contre l’Autriche qui était tout, sauf un foudre de guerre.

Pour les joueurs de Guy Thys, il n’y avait pas trente-six solutions: s’ils voulaient conserver un mince espoir de rallier la Botte, ils devaient ni plus ni moins s’imposer en Ecosse. Et ils le firent avec brio grâce à une ligne d’attaque dont on allait encore souvent parler par la suite, et composée de Jan Ceulemans, Erwin Vandenbergh et François Van der Elst.

Vingt-deux ans après, il n’est pas interdit de penser du tout que la même cuvette, chère à la Tartan Army, a à nouveau servi de rampe de lancement, mais pour la génération de Robert Waseige cette fois. A l’image de Guy Thys, le coach liégeois aura dû, au tout début de son mandat, expérimenter quelque peu, aussi bien au niveau de la tactique à adopter que des hommes pour l’appliquer. Et sans doute l’EURO 2000 est-il survenu un rien trop tôt dans le cadre de ce passage en revue. Car on ne nous ôtera pas de l’esprit que l’effectif revu et corrigé d’aujourd’hui, avec cet inestimable bélier qu’est Bob Peeters, aurait pu poser des problèmes, voici quelques mois, à la Turquie voire l’Italie, pourquoi pas?

Mais puisqu’on ne peut plus refaire le passé, réjouissons-nous donc du présent, à savoir d’une phalange des Diables Rouges qui a réussi la gageure de ramener un point de Glasgow alors qu’elle était menée 2 à 0 et réduite à dix unités avant la pause. L’introduction au jeu de Bob Peeters d’abord, puis de Daniel Van Buyten, se sera finalement révélée un double coup dans le mille pour Robert Waseige qui, dans ce même Hampden Park, aura peut-être bien hérité, qui sait, de cette fameuse patte de lapin qui contribua à la légende de Guy Thys. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, en tout cas.

La jolie performance des Belges à l’échelon international, porteuse d’espoirs, désormais, dans le cadre d’une sixième participation de rang en Coupe du Monde, aura évidemment été le point d’orgue d’une semaine footballistique qui avait plutôt mal débuté. En cause, bien sûr, ces accusations de trafic de joueurs et même d’esclavagisme pur et simple auxquels certains seraient mêlés dans notre pays.

De telles pratiques se doivent d’être dénoncées, c’est certain. Encore faut-il être sûr de ce qu’on avance et, à cet égard, on ne peut que déplorer la légèreté dont ont fait preuve certaines personnes à ce propos, comme Anne-Marie Lizin ou Jean-Marie Dedecker. Car quand, comme elle, on prétend que « des » Brésiliens ont été traités honteusement à Bruges, c’est quand même étonnant, dans la mesure où le Club n’a jamais eu qu’un seul joueur de cette nationalité dans son noyau ces dernières années ( Wiver Hernandes da Silva) et que tout fut réalisé dans les règles de l’art par son manager, Israël Maoz, avec le club d’origine du joueur, l’Atletico Mineiro.

Et que penser alors des paroles de Jean-Marie Dedecker, affirmant que le SK Lovendegem aligne depuis des semaines, sous une fausse identité, un footballeur africain, séropositif de surcroît. Entre-temps, il appert que John Adam Abdul n’a jamais joué sous un autre nom et que ses papiers sont en ordre. Tout comme son état de santé, d’ailleurs. Comme quoi, avant de dire n’importe quoi, certains feraient peut-être mieux de tourner sept fois la langue en bouche.

Bruno Govers

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