Habemus Badaboum

 » Nous allons battre Chelsea parce qu’ils sont trop lents « . Un peu rapide comme jugement. Ça vient d’un homme qui pense et parle vite puis réfléchit. Cela dit, c’est clair, net et précis. Un comble pour quelqu’un de pas très clair, pas très net mais toujours précis dans ses approximations maîtrisées. GigiBecali est le président du Steaua Bucarest. Il se verrait bien Pape. Il se considère comme l’élu. Du calme !

On pourrait l’imaginer comme le treizième apôtre chargé de propager son propre évangile.

Sa foi, c’est celle en Dieu multipliée par celle qu’il a en lui-même. Énorme, solide, indiscutable.

D’ailleurs dans sa, pas vraiment très humble, demeure trône une réplique du tableau représentant la Dernière Cène. Il s’est fait représenter en JésusChrist entouré des 11 titulaires du Steaua et de l’entraîneur.

Le compte y est.

Le foot, c’est une religion. Avec ses traîtres. Becali fait de ses adversaires des  » amis « . A coup de millions, joueurs et arbitres du championnat roumain se remplissent les poches pour que Gigi remplisse son armoire à trophées.

Un jour, ses hommes de main sont arrêtés dans la ville de Cluj où le club local joue le dernier match de la saison et peut empêcher le Steaua de  » Dieu « , d’être champion. Dans leurs poches, 1,7 millions d’€.

Arrêtés, Gigi les fait libérer.  » Je leur ai donné cet argent pour acheter un terrain à bâtir dans la région de Cluj.  » Si si Gigi. De toute façon, il est au-dessus des lois. Avec une fortune estimée à deux milliards d’€, il sait plaider sa cause.

Faut dire, il fait aussi de la politique. Ça lui fait une excuse.

Niveau moeurs mais pas vocation. Son parti flirte avec l’extrême droite. L’été dernier, il refuse de transférer FlorentSinamaPongole :  » On m’a dit qu’il jouait bien et même qu’il était chrétien. C’est bien mais il est noir.  »

Dans l’intolérance il fait très fort. Les soirs de victoire, il a interdit le fameux  » Wearethechampions  » de Queen sous prétexte que son chanteur FreddyMercury était homosexuel et donc fou.

A l’aube de ces 1/8es de finale de l’Europa Ligue, on se dit qu’il se réjouit de croiser un comparse. Ce serait lui faire trop d’honneur car il lui fait de l’ombre.

 » RomanAbramovitch ? Pour être honnête, rien à foutre de lui. Il est riche, a beaucoup de pouvoir mais je me fous de le rencontrer.  »

Trop peur de la comparaison ? Abramovitch a sûrement beaucoup de défauts si on s’attarde à son accession à la fortune mais il ne se permet jamais d’émettre des jugements sur ses adversaires. Au pire, il se permet de virer ses coaches. Ça lui coûte des millions mais il assume en payant. Guère reluisant mais au moins cohérent dans l’incohérence.

C’est peut-être le seul point commun entre les deux nouveaux riches qui ont choisi le foot pour donner à leur pouvoir une image acceptable.

D’ailleurs Becali partage beaucoup le petit banc du Steaua. Depuis qu’il y est le boss, en 2003, 21 entraîneurs n’ont même pas eu le temps d’user leur training. Même ce Dieu du foot qu’est GheorgheHagi.

Il voulait prouver à travers cette double confrontation avec Chelsea que l’esprit est supérieur à la matière. En résumé, son intelligence allait battre le pouvoir de l’argent.

Après le match aller, gagné 1-0, on aurait dit qu’il avait oublié qu’il y avait un match retour.  » Terry ressemblait à un jeu vidéo pour enfants. Lampard n’avance plus. Le petit espagnol, c’était MataPata (pata veut dire tâche en roumain). Hazard a passé son temps à se  » hazardiser  » sur le terrain « .

Après le match retour, Gigi a compris que le talent rend moins lent et que la vitesse, c’est dans la réflexion qu’elle fait la différence.

Boss du Steaua Bucarest depuis 2003, Gigi Becali a déjà usé 21 entraîneurs.

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