» Guy Roux, radin et drogué de foot « 

Pierre Bilic

NÉ EN 1941, HEYLENS FUT UN EXCELLENT BACK DROIT (67X DIABLE ROUGE, ÉQUIPE D’EUROPE 65, MONDIAL 70 AU MEXIQUE, 7 TITRES ET 3 COUPES DE BELGIQUE AVEC ANDERLECHT). COACHA UNE DOUZAINE DE CLUBS (PASSA 5 ANS AU LOSC ET FUT COACH BELGE 1984 À SERAING)

 » Ceux qui connaissent bien Guy Roux (72 ans) savent que Monsieur Auxerre était un admirateur de Napoléon. Et comme l’Empereur, le célèbre coach de l’AJA a parfaitement organisé son club, sa marche vers le top. Je dois l’avoir vu pour la première fois au Mexique en 1970. Les Diables Rouges étaient qualifiés pour la phase finale de la Coupe du Monde. Roux m’a raconté un jour qu’il avait dépensé tous ses sous pour se payer ce voyage. Il n’était pas encore un entraîneur connu et avait traversé l’Atlantique pour étudier le foot moderne. Sur place, il sympathisa avec Roger Laboureur, l’ex-journaliste de la RTBF TV, et se retrouva dans le sillage de l’équipe nationale. Il a adoré cette génération et l’école anderlechtoise.

40 ans plus tard, certains affirment que le coach fauché qui était avec nous au Mexique est devenu un des hommes les plus riches de Bourgogne. La légende raconte que ce fils de militaire a vécu des fins de mois difficiles au début de sa carrière, devant se contenter souvent d’un cornet de frites en guise de repas du soir. Son passé peut expliquer une avarice légendaire… Moi, je retiens avant tout ses exploits de drogué de foot. Roux a catapulté Auxerre de la cave au balcon de la L1 : un titre de champion de France (1996) et quatre Coupes de France (1994, 96, 03, 06). Roux était un pionnier. Il avait l’art de détecter du talent pour pas cher à l’étranger et comprit vite que l’avenir passait par les centres de formation. Il a lancé des tas de jeunes qui ont rapporté des fortunes à son club.

Quand je suis arrivé à Lille en 1984, il était président de l’Unecatef, l’Union nationale des entraîneurs et cadres techniques du football français. Il était difficile de bosser chez nos voisins. Roux a envoyé un huissier durant un mois à l’entraînement à Lille. Il voulait savoir si j’étais capable de diriger un groupe professionnel. Puis, il y a eu une action en justice qui dura cinq ans. L’Unecatef ne reconnaissait pas l’équivalence des diplômes : il fallait avoir le sésame français. Arsène Wenger et Michel Hidalgo m’ont apporté leur soutien. J’ai finalement gagné cet important procès qui a fait jurisprudence et l’Unecatef a payé 25.000 euros de frais de justice. Radin comme il l’était, cela a dû choquer Guy ! Malgré cela, je le retrouvais avec le sourire quand je me rendais au stade de l’Abbé-Deschamps avec le LOSC. Guy nous recevait autour d’une tasse de café et je repartais toujours avec une bouteille de Chablis. Je suppose qu’il ne la payait pas lui-même mais cela faisait quand même plaisir.  »

PIERRE BILIC

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