GROS OPTIMISTE

Comme son club, le défenseur serbe transféré du Cercle, connaît un début de championnat difficile.

« N’attendez pas de grandes déclarations « , précise d’emblée Djordje Svetlicic.  » Je répugne à critiquer mes coéquipiers. Je suis plus enclin à être déçu de mon propre niveau que de celui des autres. Je jauge mes prestations d’un £il très critique et j’ose admettre ses erreurs, comme le deuxième but contre Genk. Sur le coup de coin, je n’ai pas été assez incisif contre Eric Matoukou et je n’ai pas vu arriver le ballon, puisque Dario Smoje était devant moi. Personne n’a besoin de me le dire, j’en suis parfaitement conscient « .

Le défenseur de 32 ans a quitté le Cercle Bruges pour Gand l’été passé. Il a signé pour trois ans. Le transfert du Serbe ne s’est pas déroulé sans plis. Svetlicic avait paraphé un nouveau bail de trois ans au Cercle à la fin de l’année 2005. Le rugueux ancien défenseur du Germinal Beerschot était indispensable aux yeux de Harm van Veldhoven. Il était d’ailleurs devenu un des piliers du deuxième club brugeois.  » Je pensais achever ma carrière dans la Venise du Nord. Tous les ingrédients étaient réunis : on me respectait, on me faisait confiance et ma famille s’y plaît. Nous nous y sommes fait beaucoup d’amis. On peut résumer le charme du Cercle en quelques mots : c’est un fantastique club familial. Je continue à assister à certains de ses matches à domicile car nos liens sont restés étroits « , avoue Svetlicic.  » Cependant, quand un entraîneur de l’envergure de Georges Leekens vous veut à tout prix, vous n’hésitez pas. Je ne pouvais résister à cette promotion. Je suis passé d’un club moyen à un membre du subtop. C’était l’occasion de faire mes preuves à un niveau supérieur « .

Une exception

Svetlicic brûle d’ambition. Le camarade de Darko Pivaljevic est pourtant conscient de ne pas avoir cette réputation. Il soupire :  » Ah, mon image… Je sais qu’on me prend pour un homme incolore, inodore et insipide. Peu importe. Au fond, je suis une exception dans ce milieu. Je ne suis pas de ces fanatiques qui suivent tout. Je n’aime pas non plus les feux de la rampe, pas plus que les vêtements de marque ou les bolides. Je l’étais peut-être avant mais j’ai appris à apprécier d’autres choses au fil des années. Je veille à éduquer mes deux fils correctement, avec sévérité, aussi. J’aime lire, visiter les nombreux musées que recèle Bruges ou me reposer à la maison. Vous voyez, je suis vraiment une exception dans ce milieu de glamour. J’aime mon appartement. L’argent n’a jamais constitué de facteur décisif dans mes choix. Je privilégie la sobriété. Si je pratique le football, c’est parce que c’est mon sport favori. Lorsque je ne pourrai plus gagner ma vie ainsi, je continuerai à jouer en amateurs. J’aime aussi le basket. Michael Jordan était mon idole. L’été, quand je retourne en Serbie, il m’arrive fréquemment d’y jouer avec mes camarades d’autrefois. Comme ça, entre nous, pour le plaisir, en rigolant. Néanmoins, dès que nous disputons un petit match, je suis décidé à le gagner. Je supporte mal la défaite. Le Partizan Belgrade m’a bien drillé « .

Sa préparation a été contrariée par une tenace douleur dorsale, qui est d’ailleurs à l’origine de son mauvais début de championnat. Svetlicic peine manifestement à retrouver son niveau.  » Je suis un optimiste indécrottable « , affirme l’arrière, que ses partenaires décrivent comme le type même du professionnel.  » Ici, on place la barre plus haut. Je le remarque jour après jour. On nous pousse à émerger. Les circonstances m’ont empêché d’apporter une plus-value à l’équipe, jusqu’à présent. Cela m’énerve, même si j’en connais les raisons. Cette blessure au dos, jointe à quelques problèmes aux ischio-jambiers, m’a privé d’entraînement pendant deux semaines. Je dois refaire ce retard de préparation maintenant, en jouant. Je ne panique pas, je ne doute pas davantage. Mes atouts vont bientôt refaire surface « .

Svetlicic préfère ne pas s’attarder sur ses points forts. Néanmoins, le Germinal Beerschot et le Cercle ont apprécié sa vitesse, son expérience et son sens tactique. Svetlicic a entamé sa carrière belge il y a sept ans comme arrière droit offensif. Il préfère désormais évoluer au c£ur de la défense.  » Parce que j’y ai une meilleure vision du jeu et que je peux mieux diriger les autres de ce poste. Or, c’est ce que l’entraîneur attend de moi. Je dois penser plutôt que courir. En Belgique, j’ai appris à penser en termes défensifs (il rit). C’est un travail intense. Même si je ne ressemble pas au prototype du leader, je ne fuis jamais mes responsabilités. Pour le moment, je ne suis pas satisfait du cours des choses. Nous pouvons et devons faire mieux « .

Un puzzle

Gand a formé un solide bloc défensif la saison passée. Il était particulièrement difficile à fissurer sur les phases arrêtées. Alors que sa ligne arrière a à peine changé, Frédéric Herpoel était le gardien le plus passé de D1, après six journées.  » Le puzzle n’est pas encore bien imbriqué « , explique posément le Serbe.  » En principe, nous avons une défense très solide. DarioSmoje s’appuie sur sa technique, StephenLaybutt est redoutable dans les duels et fort de la tête, NicolasLombaerts et/ou Sandy Martens ont un remarquable jeu de position. Jerko Tipuric m’a appris à m’appuyer sur une solide organisation défensive. De son temps, le Cercle n’encaissait pas beaucoup de buts. Nous devons y parvenir ici aussi car Leekens ne cesse d’insister sur ce point. L’équipe est cependant encore à la recherche de l’équilibre idéal. Nous devons apprendre à être plus efficaces. Nous gaspillons des occasions en attaque, au moins deux ou trois par rencontre. La défense, elle, doit être plus concentrée, doit mieux communiquer et peut-être être un rien plus agressive « .

Gand a terminé la saison écoulée à la quatrième place. Le président Ivan De Witte avait bien l’intention d’accrocher solidement son équipe dans le sillage d’Anderlecht, du Standard et du Club Bruges. Le piètre début d’exercice a sans doute compromis les ambitions présidentielles. Svetlicic reste positif :  » Laissez-nous un peu de temps. On aura le loisir de poser un jugement dans quelques mois, quand Alin Stoica, qui s’entraîne avec feu, Adekanmi Olufade et Patrice Noukeu se seront vraiment bien intégrés. Ils doivent logiquement accroître la qualité de l’équipe. J’attends beaucoup de Stoica. Il me rappelle Marc Degryse, le meilleur footballeur avec lequel j’ai jamais joué. A l’instar d’ Ahmed Hassan et de Mbark Boussoufa, il anticipe ses actions. La saison passée, le premier tour de Gand a été soi-disant dramatique puis l’équipe a démarré. Ce doit être possible cette fois aussi. Nous ne jouons pas mal pour l’instant mais avons vraiment la poisse. La moindre erreur est sanctionnée. Il suffit que notre adversaire se crée une occasion pour marquer. Cela doit changer. Je suis convaincu que c’est pour bientôt « .

FRÉDÉRIC VANHEULE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire