GROS naïf ?

L’entraîneur anversois n’est pas un rigolo mais cela ne l’empêche pas d’avoir une vision rafraîchissante de son métier.

Marc Brijs a beau être un nouveau venu dans la corporation des entraîneurs de D1, sa prise en charge des entraînements au Germinal Beerschot n’est pas passée inaperçue. Tout comme son travail précédent, au sein de la police, et son passage à Berchem Sport, d’ailleurs.  » Loin de moi l’idée de renier mon passé, mais je suis à présent le coach du Germinal Beerschot et j’aimerais qu’on s’adresse à moi à ce sujet-là « . Dont acte.

Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre équipe ?

Marc Brijs : Au niveau du nombre de points récoltés, j’aurais signé tout de suite. Le but était de passer une saison tranquille, et c’est ce que nous sommes en train de vivre. Mais le groupe veut progresser, donc nous restons concentrés. Notre jeu est en progrès et nous grappillons pas mal de points : c’est une combinaison parfaite. Au début, j’ai choisi avec le groupe un système en 4-4-2 assez offensif. J’aime évoluer avec deux avants de pointe. Nous avons les joueurs pour le faire et la condition physique suit. Nous ne sommes à cet égard pas toujours récompensés par rapport à cette prise de risques. C’est aussi dû à une baisse de régime des joueurs qui font tenir ce système, les deux médians centraux qui ont un rôle de distributeurs pour les flancs et les attaquants. Nous avons laissé à un moment trop d’espaces, mes milieux étaient noyés.

Avez-vous trop longtemps conservé ce système de jeu ?

Ce système est percé par nos adversaires, nous devons dès lors évoluer. La grande différence se situe dans l’axe central : un trio au sein duquel Haagdoren évolue à présent derrière les attaquants, avec deux backs qui se transforment en ailiers lorsqu’il le faut. La dominance est centrale à présent, et plus exclusivement sur les flancs. C’est une différence remarquable, car nous jouons maintenant avec un au lieu de deux attaquants de pointe. Nous jouons de manière plus réservée, dès lors. Nous prenons moins l’initiative et pressons moins haut. Au moment où nous étions quelque peu dans le creux, ce fut une bonne décision du groupe. Tout l’art sera de ne pas rendre ce système transparent pour nos futurs adversaires. Seuls Anderlecht et, sans doute, le Standard peuvent se permettre d’appliquer une tactique sans se soucier de l’adversaire.

Votre groupe possède une condition physique époustouflante : vos joueurs sont capables de parcourir 15 km par match, alors que la moyenne est de 11 ; doit-on s’attendre à un tout bon second tour du GBA ?

Ce sont bien sûr des moyennes effectuées par notre médecin sur l’ensemble du noyau. Nous avons progressé de presque 2 km supplémentaires depuis le début de saison. Cela a des bons côtés : les joueurs doivent moins puiser dans leurs réserves, restent plus frais, récupèrent plus rapidement, peuvent jouer à un rythme plus élevé, etc. Cela offre du confort mais le physique n’est pas le seul critère en football. J’espère que nous signerons en effet un bon second tour, bien que les creux soient inévitables. Mais nous voyons plus loin que cette saison seulement. Nous devrons entamer la saison prochaine à un niveau plus élevé.

Le titre dans les trois ans

Vous voulez lutter pour le titre dans trois ans, avez-vous déclaré…

Je confirme ces propos, plus que jamais. J’ai constaté d’ailleurs que depuis, de nombreuses personnes ont repris mon idée. (Il rit) Nous en avons discuté avec les joueurs : le club demandait d’éviter la relégation, mais ensemble nous avons choisi d’être plus ambitieux. J’estime en effet qu’il faut toujours conserver un objectif à plus long terme. Ce n’est pas en disant que nous devrons rester en D1 les trois saisons à venir que je vais motiver mes troupes ! L’an prochain, la barre sera plus haut. D’ici trois ans, nous verrons bien si c’était réaliste ou pas. C’est en tout cas le souhait du président, Jos Verhaegen. Bien entendu, le budget devra progresser, lui aussi.

Votre président, justement, voit quatre candidats Diables Rouges au GB…

J’ai raté cette déclaration. Cependant, le groupe recèle des individualités qui sont passées du statut de bon joueur à un niveau supérieur et qui tirent l’équipe. Je pense notamment à notre axe central. Le triangle défensif Luciano-Hoefkens-Van Dooren est selon moi le meilleur en Belgique pour l’instant. En plus, il y a au centre Cooreman-Haagdoren-Victor. Je n’aime pas citer de noms mais ce sont des gars qui se sont mués en meneurs de troupes. Notre système actuel dépend également de la forme de mes joueurs extérieurs et s’ils ne savent pas se plier au collectif, l’ensemble est mis en péril.

Vous sentez-vous pleinement accepté au GB ?

Je ne veux pas paraître arrogant après six mois en D1. Je suis un nouveau visage qui a la chance d’être dans un club où souffle un vent nouveau, où il y a du positivisme, où tout le monde pense et agit dans la même direction. Accepté ou pas, c’est à moi de faire mes preuves. Je trace ma route, même si certains souhaitent partager leurs idées, même des personnes à qui je n’ai jamais parlé et qui n’ont jamais suivi mon travail de près. Mais bon, je n’ai pas cela sous contrôle et j’essaie de rester moi-même. J’estime par exemple que je dois défendre mon groupe quand je trouve certaines critiques trop rapides, trop sévères ou injustifiées. Je note tout durant les matches, les faits plaident pour moi. Au début, je tentais de proposer aux journalistes des analyses de A à Z, détaillées. Mais ils n’en ont cure, j’ai l’impression qu’ils attendent plutôt la petite phrase choc. C’est pourquoi je n’aime pas trop les moments après une conférence de presse. Mais il est évident que je dois grandir, dans ce rôle-là aussi.

Sacrée famille de sportifs

Vous avez parfois des décisions surprenantes. Lorsque cela tournait moins bien, vous avez conseillé à Tim Reigel d’aller au cinéma avec sa petite amie…

Lorsque vous avez travaillé à l’échelon inférieur, cela vous procure pas mal d’avantages. Notamment celui de savoir que votre ennemi, c’est la routine ; vos joueurs ne peuvent pas percer votre manière de penser : choisir de temps à autre une approche innovante, voilà le secret qui donne le meilleur rendement à mon avis. J’ai la chance de travailler avec un groupe avide d’apprendre et ambitieux. J’ai essayé au début de les sensibiliser à des situations de jeu ou de match où ils doivent se trouver en situation avantageuse. Au début, ils éprouvaient des difficultés, mais à présent, ils sont parfois plus malins que moi (il rit). Je ne peux que m’en réjouir car cela veut dire qu’à un moment, ma tâche sera remplie. Au GBA, l’entraîneur ne prêche pas seul, l’interaction est grande, d’une manière respectueuse. Cela nous rend tous plus forts, moi y compris.

Vous répétez souvent cet enthousiasme à travailler avec ce groupe. Qu’a-t-il de si particulier ?

Ce n’est pas courant qu’un groupe accepte aussi bien toutes les décisions du coach. Il y a normalement toujours des joueurs qui se trouvent dans une phase de leur carrière où ils n’ont plus rien à prouver sportivement et ne sont plus dans le besoin, financièrement. Ici, tout le monde a trouvé en quelque sorte sa motivation. La joie de la jeunesse n’a pas disparu chez eux. Leur volonté de penser avec moi m’a surpris. Après six mois, je constate que certains joueurs prennent plus spontanément leurs responsabilités. C’est pour moi le plus beau constat. Par exemple, les joueurs décident entre eux de la discipline de groupe : le foot en ce sens ne fait que refléter la vie en société : les joueurs doivent arriver au club avec l’esprit positif.

Dans une famille de sportifs, c’est un style de vie, non ?

En effet, mon parrain Pierre Brijs fut, je pense, désigné à treize reprises comme arbitre de l’année en basket. Il est à présent commissaire de table. Le sport est dans la famille, mon frère a fondé son propre club de sports de combat et mon père fut basketteur.

Raoul De Groote

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