GROS MALIN

Jan Hauspie
Jan Hauspie Jan Hauspie is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Ce n’est pas un hasard si le médian a joué un rôle crucial dans le brillant second tour de Gand la saison passée et qu’il se trouve maintenant en tête du classement.

« Beaucoup de gens se méprennent au sujet de Wouter « , pense Willy Reynders, le directeur technique de Genk.  » On sous-estime beaucoup sa vitesse d’exécution. Il était peut-être encore plus décisif à Gand qu’ici mais c’est lié au système de jeu des deux équipes. Gand misait avant tout sur une relance rapide, par de longs ballons et Wouter était constamment en zone dangereuse, en plus de l’avant-centre. Notre construction est plus patiente. Wouter doit fréquemment participer à cette construction en se démarquant. Il ne joue en profondeur que dans un second temps. C’est contraire à son tempérament. Il veut foncer et obtenir le ballon en profondeur. Le fait qu’il soit parvenu à surmonter son naturel aussi aisément plaide en sa faveur « .

Rik Van de Velde, scout de Zulte Waregem, a visionné tous les matches de championnat et la plupart des rencontres de préparation de Genk cette saison. Zulte Waregem a entamé la compétition à Genk puis a systématiquement affronté le dernier adversaire du Racing :  » Au début, Vrancken a semblé s’épanouir dans le rôle de distributeur en délivrant des passes en profondeur à ThomasChatelle et à TomSoetaers. Il a donc été moins présent dans le rectangle. Puis il a évolué. Il s’y est présenté de plus en plus souvent, ce qui représente une énorme plus-value pour Genk. Sur chaque centre, il faut à nouveau tenir compte de lui « .

Vrancken a moins d’espaces où s’infiltrer à Genk, puisque l’équipe aligne deux avants-centres.  » Au départ, j’ai eu l’impression que Vrancken s’occupait plus de l’aspect défensif avec WimDe Decker que de son point fort : l’infiltration dans le rectangle « , explique Van de Velde.  » Il demandait le ballon assez bas, il tentait souvent de délivrer une passe en profondeur mais selon moi, il n’a pas les qualités requises. Ses passes étaient brouillonnes, il perdait beaucoup de ballons. Suite à la grave blessure au genou d’ IvanBosnjak, Genk a plus souvent recours à un seul avant-centre, ce qui lui permet de placer un homme de plus dans l’entrejeu – FarisHaroun. C’est idéal pour Vrancken qui est ainsi plus libre de surgir dans le rectangle. Contre Mouscron, lui et Haroun n’ont cessé de s’y présenter. Si Vrancken est le seul à monter ainsi, l’adversaire peut plus facilement trouver une parade « .

Reynders et Van de Velde sont cependant convaincus que le rendement de Vrancken va encore s’améliorer, quel que soit le système de jeu pratiqué.  » Au début, mentalement, il a souffert « , commente Reynders.  » Comme il est originaire de St-Trond, les supporters le regardaient de travers. Ils ont mis du temps à l’accepter. Un joueur sent cela. Maintenant, tout le monde reconnaît son importance et Wouter se libère. J’espère qu’il va augmenter sa production de buts aussi. Normalement, il doit marquer sept à huit goals par saison « .

Van de Velde :  » Je pense que c’est surtout lié à Vrancken lui-même. Je trouve que même si Genk revenait à un duo d’attaque, il doit s’infiltrer de la même manière, sans ballon. Ainsi, même avec des flancs offensifs, Genk conserve au moins trois défenseurs et De Decker derrière le ballon. C’est suffisant. Je ne renoncerais pas à l’avantage que procurent les infiltrations de Vrancken au profit de plus de certitude défensive : au bout du compte, la première tactique rapportera plus de points « .

Georges Leekens, le coach de Vrancken à Gand, nuance :  » Ce n’est pas parce qu’il marque moins qu’il est devenu moins important. Ce n’est pas un hasard si la formation pour laquelle Wouter joue obtient des résultats. Chez nous, le second avant, MbarkBoussoufa, créait des brèches dans lesquelles il plongeait. Genk évolue différemment mais Wouter s’efface au profit du groupe : marquer n’est pas l’essentiel à ses yeux. Cette mentalité est un don. Un autre dirait qu’il devrait être plus égoïste. Pas moi : je pense qu’il sait pertinemment ce dont il est capable et, surtout, ce qu’il ne sait pas faire « .

Reynders ajoute que s’il n’avait pas été convaincu des qualités footballistiques de Vrancken, il ne l’aurait pas embauché. Le directeur technique ne manque cependant pas de souligner les qualités de meneur de Vrancken, sur le terrain comme dans le vestiaire. Cet atout a également été décisif pour son transfert.

C’est à ce don que Leekens pense en premier :  » Wouter est dominant. Pas sur le plan technique. Il ne relèvera pas la créativité d’un groupe comme AlinStoica. Je parle de sa mentalité, de son intelligence. C’est vraiment un don. Peu de joueurs sont en mesure de mieux diriger un groupe. Wouter sait jusqu’où il peut aller. Il n’a pas peur d’assumer ses responsabilités, même dans des circonstances difficiles. C’est un footballeur malin, rusé, parfois à la limite : il est capable d’influencer l’adversaire et l’arbitre, il commet des fautes qui cassent le jeu quand c’est nécessaire. En ce sens, il me rappelle l’international islandais ArnarVidarsson que j’ai eu à Lokeren « .

Rik Van de Velde a le mot de la fin :  » On perd souvent un match difficile parce qu’on se focalise trop sur le ballon et qu’on n’anticipe plus les déplacements des adversaires. En fait, un joueur devrait toujours savoir où se trouvent les deux. Mais quand la pression est là, ce n’est pas toujours possible. C’est pour cela que les spécialistes des infiltrations comme Vrancken ou Karel Geraerts sont toujours aussi dangereux « .

JAN HAUSPIE

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