» Gros GÂCHIS « 

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le dernier adversaire d’Anderlecht en Ligue des Champions patauge en championnat.

E nzo Scifo :  » Le noyau de l’Inter devrait permettre à ce club d’aligner la plus belle ligne médiane d’Europe. Il y a de tout dans cet entrejeu : des qualités techniques incroyables, du physique, de l’agressivité, de l’intelligence. Prenez les noms : Edgar Davids, Belozoglu Emre, Dejan Stankovic, Juan Sebastian Veron, Javier Zanetti, Julio Cruz. Impressionnant ! Et c’est aussi beau en attaque, du moins sur le papier : Obefami Martins, Christian Vieri, Leite Ribeiro Adriano. Mais la sauce ne prend pas dans le Calcio. Je m’attendais vraiment à autre chose de la part de Roberto Mancini. Je pensais qu’il allait apporter à ce club ce qui lui a manqué pendant des années : une combinaison de beau jeu et de caractère pour parvenir à des résultats constants. L’Inter s’est rapidement qualifiée pour le deuxième tour de la Ligue des Champions mais il faut relativiser : le groupe G n’est certainement pas le plus fort. On connaît toutes les faiblesses d’Anderlecht. Valence traîne la patte en championnat d’Espagne. Idem pour le Werder Brême, qui n’est pas un tout grand de la Bundesliga. Son titre de la saison dernière était plus un fait isolé qu’autre chose. Brême n’est pas le style de club qui devient champion en moyenne deux fois tous les cinq ans. Son sacre m’a un peu fait penser à ceux de Beveren, autrefois…

Le nombre de nuls réalisés par l’Inter en championnat est abominable : 10 sur les 12 premiers matches, et seulement 2 victoires. C’est comme ça qu’on se retrouve vite à 15 points de la Juventus. Incroyable pour une équipe que je considère comme une des plus talentueuses d’Europe. J’y vois deux raisons : un gros problème mental et une gestion déficiente de la part de Mancini. L’Inter a mené au score dans presque tous ses matches, pour se faire le plus souvent remonter après des changements fort contestés. Au lieu de continuer à aller de l’avant pour faire le break, le coach préfère gérer le résultat, mais ça ne marche pas. La défense est beaucoup trop fragile. Elle encaisse près de deux buts par match : c’est énorme, surtout en Italie. C’est carrément une des plus mauvaises de Serie A.

Massimo Moratti dépense une fortune chaque année : déjà près d’un demi-milliard d’euros depuis dix ans. Il ne comprend pas qu’il n’arrivera à rien s’il ne devient pas plus stable dans son recrutement. Les vedettes mondiales qui débarquent au Real y restent un bon bout de temps, et on en ajoute une ou deux chaque année. A l’Inter, rien de tout cela : c’est un va-et-vient perpétuel. On ne leur laisse pas le temps de s’adapter. C’est un énorme gâchis « .

L’énigme Vieri

 » Je suis sidéré quand je lis des articles sur Vieri. Je l’ai côtoyé à Torino, c’était un gars extraordinaire à tous les niveaux : un mental d’acier, une humilité incroyable, des capacités physiques phénoménales, un sens du but unique. Avec lui, une occasion, c’était un but. Et quand il perdait un ballon, il bouffait le gazon pour le récupérer. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse. Il se prend la tête comme s’il avait oublié le milieu modeste dont il provient, il lui faut cinq franches occasions pour marquer une fois, et quand il perd une balle, il s’en prend systématiquement à ses coéquipiers ou à l’arbitre. Il est clairement arrivé en bout de course, il n’a plus aucun punch, il ne respecte plus personne. Bref, il n’a plus faim.

Par contre, je suis sous le charme de deux autres attaquants : Adriano et Martins. Ce que réussit le Brésilien à 22 ans, c’est phénoménal. C’est un des meilleurs attaquants du Calcio : il allie puissance, technique, mental et sens du but. Le Nigérian, c’est l’explosivité pure. Il recherche constamment la profondeur, c’est l’ Emile Mpenza du championnat d’Italie. Ce n’est en tout cas pas devant que le bât blesse : l’Inter a une des lignes d’attaque les plus productives du pays. Les raisons de l’échec doivent clairement être cherchées dans la filtration insuffisante de la ligne médiane et la fragilité d’une défense très mal dans sa tête « .

Pierre Danvoye

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