Grilleur d’étapes

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Il étonne avec les Zèbres après quinze années passées à Anderlecht.

Daniel Calvo n’avait sans doute été transféré que pour faire nombre dans le noyau d’ Enzo Scifo. Du moins en début de saison. Mais ce joueur est tellement convaincant depuis quelques semaines, qu’il a de bonnes chances d’être titulaire au poste de back droit dès l’entame du championnat. Indéboulonnable à cette place durant une bonne partie de la saison dernière, Gauthier Remacle a du souci à se faire. L’ancien Standardman peut aussi jouer dans l’entrejeu et il a d’ailleurs une préférence pour une position plus avancée. Mais il se retrouve alors en concurrence avec un Grégory Dufer qu’on imagine mal ailleurs que dans le onze de base. La lutte sera âpre sur le flanc droit des Zèbres!

« Je joue mes matches sans me mettre la pression et je prends tout ce qui vient », explique modestement Calvo. A 22 ans, un bel avenir lui semble promis. Jusqu’ici, sa seule apparition en première division remonte à un déplacement en Campine que le Sporting d’Anderlecht n’oubliera jamais: le fameux 6-0 à Westerlo, avec un Arie Haan qui vivait ses dernières heures à la tête des Mauves. « Comme unique souvenir en D1, il y a mieux », sourit aujourd’hui Calvo. « Pour un jeune, c’est terrible de découvrir le championnat de Belgique dans de telles conditions ». C’était en septembre 98 et Calvo avait joué une petite demi-heure en remplacement d’ Alin Stoica. Depuis lors, plus rien avec la Première d’Anderlecht. Si ce n’est un match de Coupe de la Ligue contre le Lierse (« Aux côtés d’Enzo Scifo, ce qui constituait déjà un aboutissement à l’époque ») et quelques heures d’attente sur le banc (notamment en Coupe de l’UEFA), en espérant une vraie chance qui ne vint jamais.

Arrivé en fin de contrat au Parc Astrid cet été, Daniel Calvo a tiré ses conclusions. « La direction me proposait de resigner et on m’aurait prêté pendant un an à une autre équipe de D1. J’ai pensé qu’il était préférable de tourner la page anderlechtoise et de prendre un nouveau départ dans un autre environnement. Mon ambition est de retourner un jour à Anderlecht et d’y devenir titulaire. Pas par esprit de revanche, mais pour montrer aux gens de ce club que je méritais de recevoir une chance ».

« Comment ne pas progresser avec un cadre Scifo-Brogno-Bertinchamps? »

Aimé Anthuenis n’a pas l’habitude de modifier une équipe qui gagne. La tournante, ce n’est pas son truc. « Les résultats lui donnent raison, mais cela ne faisait pas mes affaires », affirme Calvo. « A Anderlecht, on a aussi l’habitude de faire plus facilement confiance aux joueurs transférés. Mais je ne cherche pas d’excuse. Je n’étais peut-être pas assez fort pour ce club, tout simplement. Enzo Scifo m’a lui-même téléphoné pour que je vienne à Charleroi. Je sais qu’il aime donner une chance aux jeunes. Tout cela m’a convaincu que Charleroi était un bon choix ».

Il y a un an, il faillit déjà être transféré chez les Zèbres. Mais les deux clubs ne purent trouver de terrain d’entente quant à l’indemnité de transfert. Comme Scifo, Manu Ferrera avait bien connu Calvo à Anderlecht. Ferrera est revenu à la charge cet été. Il souhaitait transférer Calvo à Alost. Entre ces deux clubs, le choix du jeune Bruxellois fut vite fait. « Ce ne sont pas tellement les difficultés financières chroniques d’Alost qui ont influencé ma décision, mais plutôt la qualité du staff de Charleroi. Avec Enzo Scifo, Dante Brogno et Michel Bertinchamps, je suis sûr que je vais beaucoup progresser et que la sauce peut prendre. Sur un plan purement sportif, il n’y a pas photo entre Charleroi et Alost ».

Calvo sort d’une excellente saison avec la Réserve d’Anderlecht. Scifo l’a toujours tenu à l’oeil. Avec cette équipe Réserve, il a conquis un nouveau titre national. Une vieille habitude chez lui. En quinze années passées à Anderlecht, il doit en avoir accumulé une dizaine. « Je ne les ai pas comptés, mais je sais que j’ai été champion au moins une fois dans chaque catégorie d’âge ».

Pas mal de garçons avec lesquels il a écrasé ces championnats pour gamins évoluent aujourd’hui dans l’anonymat des séries inférieures. Quatre seulement font actuellement une belle carrière professionnelle: Chris De Witte et Kurt Van de Paar aux Pays-Bas, Akin Bülent à Galatasaray et Walter Baseggio. « Tout le monde a directement vu que Walter était au-dessus du lot et que, si un de nous seulement devenait professionnel, ce serait lui. Il survolait les matches, il faisait ce qu’il voulait ».

Avec Bülent, il a encore de fréquents contacts. « Nous habitions tous les deux à Schaerbeek et nous allions à Anderlecht ensemble. C’est mon père qui avait choisi de m’affilier au Sporting quand je n’avais que six ans. Il était supporter des Mauves et trouvait logique que je tente ma chance dans ce club ».

Daniel Calvo restera toujours mauve de coeur. « Anderlecht m’a tout appris », reconnaît-il. « Pour un jeune, il n’y a pas de meilleure école en Belgique. La saison dernière, j’ai aussi appris à gérer la pression qui accompagne la préparation des gros matches. Je n’ai pas participé à la conquête du titre ou à la fabuleuse campagne de Ligue des Champions, mais j’en ai retiré des enseignements intéressants. Je sais maintenant comment on doit se préparer mentalement aux grandes échéances. Sans jouer, j’ai énormément mûri la saison passée parce que j’ai appris à réfléchir comme un titulaire. Le comportement des stars d’une équipe déteint inévitablement sur les réservistes. J’ai longtemps rêvé de faire partie de l’équipe Première d’Anderlecht. Cela aurait constitué la cerise sur le gâteau. Tant pis: cette cerise, je la croquerai à Charleroi ».

Pierre Danvoye

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire