GREMIO-INTERNACIONAL PORTO ALEGRE

Il n’y a qu’à Porto Alegre que la question fut soulevée lorsqu’il fallut choisir un stade pour la Coupe du Monde. Partout ailleurs, cela tombait sous le sens. Pas à Porto Alegre, la ville connue pour ses couchers de soleil et ses rues arborées d’arbres (la rua Gonçalo de Carvalho est appelée le tunnel vert), dixième mégalopole brésilienne en termes d’habitants et capitale de l’état le plus au sud, le Rio Grande do Sul. Car ici, deux stades se disputaient l’accueil de l’événement : la Gremio Arena, le stade du Gremio et le stade Beira Rio, l’antre de l’Internacional Porto Alegre.

Il s’agissait surtout d’une question de prestige. Et lorsque la FIFA désigna le Beira Rio sans aucune explication, Gremio se fit un honneur d’inaugurer son nouveau stade, tout au nord de la ville, en janvier alors que les travaux du Beira Rio, situé au sud de la ville et qui doit son nom à la proximité de la rivière Gaiba, pataugeaient.

Dimanche se déroulera donc un nouvel épisode de ce duel fratricide. Gremio reçoit l’Internacional dans ce que le Brésil a coutume d’appeler le Grenal. Ou l’affrontement entre la Tricolor (le Gremio joue en bleu, noir et blanc) et les Colorados (l’Internacional évolue en rouge et blanc).

La rivalité entre les deux clubs dépasse une question d’hégémonie régionale. Elle cristallise deux visions du football du début du siècle. Fondé en 1903, le Gremio n’accueillait que les immigrants italiens et allemands. En réaction à cela, les frères Poppe créèrent en 1909 l’Internacional, ouvert, lui, à toutes les origines et rapidement baptisé O clube de povo (le club du peuple).

L’histoire retient que pour son premier match, l’Internacional défia le Gremio qui voulut envoyer son équipe B. L’Inter refusa et mal lui en prit puisque Gremio gagna 10-0 le premier clasico gaucho. Aujourd’hui encore, les fans gremistas continuent à évoquer cette raclée.

L’Internacional dut attendre cinq ans avant sa première victoire. L’attaquant vedette Kluwe, blessé pour ce match, a tellement regretté de ne pas avoir battu le Gremio que l’Inter le rappela cinq ans après sa fin de carrière pour une ultime pige. Les médecins tentèrent de le dissuader mais rien n’y fit. Kluwe joua et marqua les deux buts de la victoire.  » Je peux désormais quitter le football en paix « , furent ses derniers mots de joueur.

Depuis lors, les deux clubs se partagent les distinctions : une Coupe Intercontinentale, deux Copa Libertadores, deux championnats du Brésil pour les Tricolores ; une Coupe du Monde des clubs, une Libertadores, une Copa Sudamericana et trois championnats du Brésil pour les Colorados font de Porto Alegre la seule ville du monde à compter deux clubs champions du monde !

PAR STÉPHANE VANDE VELDE

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