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#GRANDE MERTENS

D’abord ignoré par Roberto Martinez et même par Thierry Henry, Dries Mertens a été élu homme du match contre l’Estonie. Il avait déjà fait le coup face à la Bosnie… Chronique d’un revival.

Interview de Dries Mertens à l’approche de l’EURO. Question :  » Kevin De Bruyne, Eden Hazard et Dries Mertens ensemble sur la pelouse, c’est envisageable ?  »

Réponse :  » Pourquoi pas ? On l’a fait contre Andorre et ça a bien fonctionné. D’accord, c’était simplement Andorre, mais pourquoi ne pas essayer plus souvent ?  »

Dans le même entretien, l’ailier XXS dit :  » De Bruyne et Hazard ont un peu plus de talent que moi, je l’avoue. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont toujours meilleurs pour l’équipe. J’ai aussi ma force de travail. Dans certaines situations, mes qualités peuvent être plus utiles que celles d’autres joueurs.  »

Dries Mertens a un peu déprimé depuis l’été. D’abord en France, où il a de nouveau dû se contenter de bouts de matches. Pendant tout son règne, Marc Wilmots l’a considéré comme un joker. Capable de faire ce qu’il fait si bien avec Naples : déchirer des défenses fatiguées en fin de rencontre. Son surnom là-bas : apriscatole. L’ouvre-boîte.

Puis, il y a eu le début de l’ère Roberto Martinez. Et rien ne s’est arrangé. Temps de jeu lors des deux premiers matches du nouveau coach, contre l’Espagne et à Chypre : rien ! On a même eu droit à un petit coup de déprime :  » L’entraîneur ne m’a pas expliqué pourquoi je n’ai pas joué. Cela m’a fait mal. Et Thierry Henry, qui s’occupe beaucoup des attaquants, ne s’est pas encore entretenu avec moi. J’espère que ça viendra. J’ai reculé dans la hiérarchie, je dois l’accepter, sinon je vais avoir mal à la tête. Et je n’ai pas envie d’avoir mal à la tête.  »

 » IL A FAIT TOUT CE QU’IL VOULAIT  »

Mais ça, c’était avant ! Dimanche, contre l’Estonie, Dries Mertens a fait du Dries Mertens. Il a tenté, provoqué, centré, tiré, marqué. Avec De Bruyne et Hazard dans l’équipe. Comme quoi c’est faisable. Il a, aussi, ébloui la presse européenne.  » Le grand bonhomme du match  » pour les Hollandais,  » Il a fait tout ce qu’il voulait  » pour les Estoniens,  » Un Mertens magnifique  » pour les Anglais,  » Mertens a conduit les Belges vers une victoire écrasante  » pour les Espagnols,  » Il était intenable  » pour les Français,  » Dries Mertens a été phénoménal  » pour les Italiens.

Pour lui, tout a basculé lors du match contre la Bosnie. Ce soir-là, il a profité de l’absence de Kevin De Bruyne. Et il a eu un pied dans les trois premiers buts des Diables. Déjà, il a été désigné homme du match et on a compris qu’il commençait à faire partie des plans de Roberto Martinez, qui a dit après la rencontre :  » Mertens a donné un exemple à tous les jeunes joueurs. Voilà comment il faut réagir quand on ne reçoit pas tout de suite sa chance. On ne peut mettre que 11 hommes sur le terrain et j’ai 45 bons joueurs à ma disposition. Il faut donc parfois être patient.  »

Il a ensuite enchaîné trois titularisations : Gibraltar, Pays-Bas, Estonie. Et ça, c’est un gros changement pour lui parce qu’avec Marc Wilmots, c’était rare qu’il commence un match. Il ne gardera pas un grand souvenir de son match à Amsterdam comme attaquant de pointe. Il joue régulièrement dans ce rôle avec Naples et ça ne marche pas mal, mais avec les Diables, ce fut un petit fiasco. Une expérience sans lendemain, probablement. On préfère de loin voir un colosse devant. Un Romelu Lukaku avec, dans son dos et à ses côtés, les artistes Mertens, Hazard, De Bruyne et Yannick Carrasco, c’est joli et efficace. A charge maintenant pour Christian Benteke, Divock Origi et Michy Batshuayi d’imiter Dries Mertens, de prouver comme lui à Martinez qu’ils peuvent devenir indispensables.

LES ITALIENS LE SURNOMMAIENT MARTINEZ…

Quand Dries Mertens a quitté la pelouse sous une standing ovation, il y avait plusieurs symboles. 1. Roberto Martinez a prouvé qu’il pouvait adapter son système aux joueurs, comme Mertens, qu’il souhaite aligner. 2. Les Diables parviennent maintenant à marquer sur des phases arrêtées qui ont clairement été travaillées, comme sur le premier but de Mertens, servi par De Bruyne. 3. D’autres buts ont été inscrits au terme de mouvements répétés à l’entraînement (appels, déviations, passes à l’aveugle, etc), une impression qu’on avait beaucoup moins pendant la période Wilmots. 4. Les Belges ont retrouvé leur public, pourtant ce n’était pas gagné après l’accueil plutôt glacial réservé au nouvel entraîneur pour ses débuts face à l’Espagne, début septembre.

En commentant son match, Mertens a annoncé qu’il se préparait à prolonger son contrat à Naples et qu’il se verrait bien terminer sa carrière là-bas. Il y gagnerait près de 2,5 millions par an, soit des chiffres anglais. Quand il est arrivé là-bas en 2013, les Italiens ne savaient rien de lui. On l’appelait Martens, Dreis et même… Martinez ! Quand il a été question de son départ après une seule saison, le noyau dur des supporters s’est rebellé et a lancé une campagne sur le thème Mertens non si tocca : On ne touche pas à Mertens. Il a craint, un moment, que le fait de ne pas jouer en Angleterre lui soit préjudiciable au niveau de l’équipe nationale. Il est entre-temps rassuré. Il avait autrefois mis #GrandeMertens sur la page d’accueil de son site officiel. Une allusion à sa petite taille. Celle-là, il peut maintenant la replacer.

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTOS BELGAIMAGE

 » Voilà comment il faut réagir quand on ne reçoit pas tout de suite sa chance.  » ROBERTO MARTINEZ À PROPOS DE DRIES MERTENS

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