Graines, pas stars

Parmi mes petits gènes bien à moi, il doit y en avoir un qui est, en quelque sorte, un gène anti-star : bien souvent en effet, j’ai du mal à porter au pinacle des joueurs qu’y portent unanimement le monde footeux. Ce n’est pas que je les trouve mauvais, mais j’ai le sentiment d’une exagération, d’une charrue mise avant les b£ufs, d’une glorification pour le moins hâtive.

Exemple 1, Oguchi Onyewu, qu’on annonçait en partance du Standard depuis qu’il y a débarqué (j’exagère). A mes yeux, c’était un fort bon défenseur central de D1 belge, ni plus ni moins. Mais mes petits yeux se gourent sûrement puisque j’ai appris que Newcastle le convoitait en étant en concurrence avec Chelsea, Lyon, Real, Inter et Manchester, sans compter de moyennes pointures comme Fulham, Marseille ou Middlesbrough. De deux choses l’une. Soit Oguchi est le nouveau Fabio Cannavaro, les grands clubs friqués ont boosté les enchères pour se l’arracher, et les dirigeants de Sclessin s’assoient avec ravissement devant leur tiroir-caisse pour l’écouter chanter.

Soit les managers charriaient un peu beaucoup pour faire mousser le bazar : du style j’envoie la figurine Panini d’Onyewu à Alex Ferguson, Ferguson bafouille gentiment  » Not bad… «  au téléphone et je propage en conséquence l’info selon laquelle Man U est intéressé. Jean-Michel Aulas lit l’info, demande à une relation journaleuse  » Onyewu, c’est qui ? » et hop, c’est parti pour une propagation de type grippe aviaire (j’exagère…).

Exemple 2, Mbark Boussoufa,… faut bien que je prenne un Mauve après un Rouche pour réaffirmer ma neutralité ! Je serai éternellement reconnaissant envers celui qui m’offrira l’intégrale (VHS ou DVD, qu’importe le flacon !) de ce que le petit Mbark a réussi comme gestes, assists et buts durant le premier semestre 2006 avec La Gantoise : et je pourrais même pleurer d’émotion, vraiment, en regardant ça solitaire quand j’ai du vague à l’âme… Mais n’empêche, nom de dieu : ce n’était que six mois et que La Gantoise ! Passé sans rien casser par Ajax et Chelsea, Boussoufa est à Anderlecht un espoir de 22 ans : espoir, ça veut dire qu’on espère qu’il sera et qu’il n’est pas encore ! Et je n’arrive pas à admettre que cela vaut déjà chez nous cette distinction suprême qu’est, ou devrait être, le Soulier d’Or !

Voici trois semaines, au vu du parcours malheureux de pas mal d’heureux élus après leur élection, Pierre Bilic et votre mag favori se demandaient si le Soulier d’Or était maudit. Le palmarès prouve en tout cas qu’en privilégiant le court terme et la performance de proximité, ses électeurs ont parfois refilé les honneurs, prématurément, à de jolies chenilles, qui se sont plantées avant d’être papillons.

Cette godasse dorée 2006, Boussoufa aurait dû l’installer lui-même sur la cheminée de Georges Leekens, c’est à lui qu’il la doit, tout le monde le dit. Ce qu’on dit trop peu par contre, c’est que la Gantoise est cette saison tout aussi performante sans Boussoufa, que ce soit avec ou sans Alin Stoica. Leekens sait mettre un technicien en valeur, en même temps qu’il sait s’en passer et avoir des résultats dans la durée, c’est la marque des vrais grands coaches. Leekens sait aussi dire à Studio 1, en faisant briller ses yeux et sans en penser un traître mot, qu’il rêve de Stoica et Boussoufa dans la même équipe, c’est la marque des grands communicateurs…

Puisque j’en suis au Studio 1 du lundi soir, j’en profite pour un petit mot sur Stéphane Pauwels. J’adore son côté rentre-dedans, son besoin obsessionnel de n’être jamais d’accord, son refus quasi religieux de pratiquer la langue de bois. J’adore SAUF quand il entame son hebdomadaire couplet de démolition de l’arbitrage belge, qu’il estime en dessous de tout. Pas d’accord, Stéphane ! Les lois du jeu sont mal foutues, contradictoires, inapplicables, et elles engendrent le même bordel partout ! Même que ce bordel et les polémiques qu’il permet sont partie intégrante de la popularité du ballon rond ! Mais rapport à la hiérarchie mondiale, notre arbitrage est moins nul que nos Diables et pas plus nul qu’ailleurs ! Et là, quand Benoît Thans commente une phase en estimant que le referee pouvait siffler ou pas selon sa sacro-sainte faculté d’interprétation, Benoît ne pratique pas la langue de bois : il a raison dur comme fer !

par bernard jeunejean

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