Gouverner, c’est prévoir

Festivités du centenaire, entraînements et victoire en coupe mais surtout : préparation de la prochaine saison et transferts avant tout.

Lundi 12 mai Bouba Saré fait des émules

L’année passée, la direction anderlechtoise avait réclamé quinze invitations pour assister au Gala du Footballeur Pro organisé par Sport/Foot Magazine à Spa. Tout le monde voulait être de la fête, conscient que les Mémé Tchité, Lucas Biglia et autre Daniel Zitka avaient de grandes chances de triompher… ce qui s’était d’ailleurs vérifié. Cette année à Ostende, la présence mauve et blanche est anecdotique ; et pas seulement aux petites heures de lundi matin. Seuls les administrateurs Jan De Winne et Emile Servranckx et le manager, Herman Van Holsbeeck répondent présents. Sans oublier, les deux nominés Ariel Jacobs chez les coaches et Mbark Boussoufa du côté des joueurs. Ce dernier s’est fait prier pour rallier la reine des plages et pour cause : Milan Jovanovic, qui recueillait personnellement ses faveurs, l’a finalement emporté. Aux petites heures du matin, le lundi, le n° 11 du Sporting essayait d’ailleurs de convaincre Jova du bien-fondé d’un passage dans son club, précisément en quête d’un goal-getter. Car aucun artificier anderlechtois dans les 20 premiers du classement, il faut bien avouer que ça fait quand même désordre. Confronté lui aussi au souhait de l’ancien Buffalo, Van Holsbeeck se montre dubitatif.  » Pas à l’ordre du jour  » dit-il. Mais avec lui, il convient toujours de se montrer prudent. N’est-ce pas Monsieur Herman en personne qui avait soutenu, lors du dernier mercato, que le talent belge, voire celui évoluant sur le sol belge, était hors de portée pour le Sporting ? Après quoi, Luigi Pieroni, Thomas Chatelle et Guillaume Gillet s’étaient empressés, malgré tout, de rallier le grand club de la capitale.

Brouiller les pistes, c’est un jeu auquel l’ex-bras droit de Johan Vermeersch aime s’adonner. La preuve, tous nos collègues croyaient qu’il était parti en mission de prospection, la semaine précédente, en Amérique du Sud, avec Philippe Collin. Et bien non, c’est en Côte d’Ivoire que le duo s’est arrêté, histoire de faire l’état des lieux au FC Bibo. Cette filiale anderlechtoise à Abidjan, avait été un tant soit peu délaissée, ces derniers mois, suite au retrait de la scène active du manager Serge Trimpont, qui servait justement d’intermédiaire entre les locaux et la direction du RSCA. Son homme de confiance sur place, Alfred Obrou, a toutefois continué à £uvrer pour le compte du Sporting et les résultats sont, ni plus ni moins, stupéfiants.

 » Tout le monde s’est engouffré dans la brèche créée autrefois par Jean-Marc Guillou avec son Académie de Sol-Béni  » nous dit Van Holsbeeck à Ostende.  » De nos jours, pas moins de 200 centres de formation pour jeunes footballeurs existent en Côte d’Ivoire. Des anciens pros se trouvent le plus souvent à leur tête. Comme Patrice Zéré, qui a encore fait les beaux jours du Racing Harelbeke dans un passé pas si lointain, voire l’ex-international Cyrille Domoraud. Chacun se bat pour enrôler les meilleurs mais nous avons pu constater que le Sporting a toujours une longueur d’avance sur tous les autres grâce à la réussite de Cheik Tioté d’abord, mais aussi et surtout de Bakary  » Bouba  » Saré. Celui-ci a réellement fait toutes ses classes là-bas, dans le fameux  » bac à sable  » d’Abidjan avant de pouvoir se distinguer chez nous, par intermittences, cette saison. Sa prestation au Bayern Munich a été sur toutes les lèvres, au point que les jeunes se ruent en rangs serrés vers le FC Bibo aujourd’hui, alors qu’ils ont l’embarras du choix dans la capitale. Une chose est sûre : d’autres Bouba sortiront dans les mois à venir là-bas. Même si je n’y ai pas encore déniché la perle susceptible d’enfiler les buts chez nous dans un proche avenir. Pour ça, il faudra aller voir ailleurs « .

Mardi 13 mai L’ancrage liégeois aux funérailles de Sterchele

A la demande du groupe des joueurs, la séance de préparation du jour, prévue le matin à 10 heures est reportée à 16 h 30 afin de pouvoir assister à Alleur aux funérailles de François Sterchele. Tout le monde était désireux de rendre cet ultime hommage à un collègue qui s’était encore produit sur la pelouse du Parc Astrid trois jours à peine avant son effroyable accident de la route à Vrasene. Dans la banlieue liégeoise, toutefois la présence du RSCA se limite en définitive à l’entraîneur, Ariel Jacobs, au manager Herman Van Holsbeeck ainsi qu’à l’un ou l’autre des Liégeois du Parc Astrid, comme Jonathan Legear ou Guillaume Gillet. Prévu lui aussi, Jelle Van Damme a préféré renoncer, question de ne pas froisser certaines susceptibilités dans le camp des supporters brugeois. On se souviendra que lors du récent match au sommet entre le RSCA et les Bleu et Noir, le gaucher anderlechtois avait ponctué son but par le geste cher à la fois à François Sterchele et à Luca Toni. Histoire de chambrer un joueur avec qui, pour le reste, il n’avait pas de problème :  » On a dit que, j’avais voulu me payer sa tête. Mais ce n’était pas du tout mon intention. François nous avait possédés au match aller et s’était plu à mettre de l’huile sur le feu avant le retour. En faisant tourner ma main, je ne faisais que lui rendre la monnaie de sa pièce. D’ailleurs, il l’a bien compris. Après coup, dans ses déclarations, il a avoué que tout ça, c’était de bonne guerre. Je ne sais trop si les sympathisants du Club auraient réagi de manière semblable. C’est pourquoi j’ai préféré éviter la confrontation. Je n’étais peut-être pas présent physiquement, sur place. Mais en pensées, j’étais là et bien là. C’est dingue : être adversaires le samedi et, trois jours plus tard, tout est fini pour lui « .

Mercredi 14 mai Un Argentin en chasse un autre

Le fait d’avoir déplacé l’entraînement du mardi de 10 à 16 h 30 arrangeait plutôt bien Ariel Jacobs, soucieux de se préparer le plus souvent possible dans les conditions de la finale de coupe. Le coach des Mauves, pour qui ça roule manifestement au deuxième tour (43 points sur 51 en championnat) n’entend laisser absolument rien au dépourvu et a insisté pour la programmation d’une joute amicale censée maintenir en forme optimale ceux qui ont eu peu de temps de jeu ces dernières semaines. Face à l’AS Eupen, c’est une équipe mixte qui est alignée, composée à la fois de jeunes comme Bakary Saré ou Cor Gillis mais aussi de valeurs confirmées telles que Silvio Proto, Mark De Man, Bart Goor, Sacha Iakovenko et Mbo Mpenza. Ce dernier inscrit d’ailleurs le seul but de la partie suite à une accélération meurtrière sur le flanc droit. L’aîné des frères ne devrait d’ailleurs pas faire de vieux os au Parc Astrid, tout comme De Man qui, cette saison, a éprouvé les pires difficultés à dégommer la concurrence, tant dans l’axe de la défense que sur l’aile. Mais ces deux-là ne sont pas les seuls en partance. Au Parc Astrid, on s’attend aussi à la migration sous d’autres cieux de Lucas Biglia, dont le rêve est de retrouver son pote Sergio Agüerro à l’Atletico Madrid. Les pensionnaires du stade Vicente Calderon ont, en tout cas, les moyens de délier les cordons de la bourse, puisqu’ils sont assurés de disputer la lucrative Ligue des Champions en 2008-09. Pour remplacer l’Argentin, Anderlecht possède déjà la solution : faire descendre Jan Polak d’un cran et le remplacer par le Beerschotman Hernan Losada, capable de jouer à la fois dans ce registre mais aussi dans celui d’un autre partant au Sporting, Ahmed Hassan. (voir cadre). Avec Arnold Kruiswijk, jugé par tous ceux qui l’ont vu à l’£uvre comme le complément idéal de Roland Juhasz au centre de la défense, Losada peut être considéré comme un futur incontournable au sein du onze de base.

Pour les autres acquisitions, un délai d’attente est toutefois à prévoir. C’est le cas pour le jeune Argentin Matias Suarez, originaire de Belgrano, club de D2 argentine. Idem pour Kanu, teenager brésilien. Et aussi, qui sait, pour le Sénégalais Cheikhou Kouyatédu FC Brussels. En l’espace de dix matches à peine, le médian des Coalisés a tapé dans l’£il des scouts bruxellois. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à voir en lui un futur Patrick Vieira. Flanqué de son compatriote Moussa Gueye ainsi que d’ Arnaud Sutchuin au Gala du Footballeur Pro, le garçon avait, en tout cas, le sourire aux lèvres chaque fois que ses pas croisaient ceux de Van Holsbeeck. Son cas sera finalisé dès qu’il se sera soustrait au contrat d’un an qu’il doit encore, soi-disant, à son employeur bruxellois mais que lui-même conteste. L’affaire est entre les mains des avocats.

Jeudi 15 mai Dîner de gala à 250 euros

Anderlecht fête son centenaire cette année et espère toujours la venue du Milan AC début août. La direction du RSCA a préféré cet adversaire-là plutôt que le FC Barcelone, pourtant invité comme sparring-partner à l’occasion du 50e et 75e anniversaire des Mauves. Si le Barça a effectivement confirmé ses nombreux problèmes tout au long de la défunte campagne, force est de reconnaître que les Milanais sont singulièrement rentrés dans le rang, eux aussi, n’entrant à aucun moment en ligne de compte pour le scudetto. Du coup, on songe sérieusement à renforcer l’équipe du côté de San Siro et, à cet égard, les oreilles sont pointées vers le FC Barcelone, précisément, qui, en échange de Kaka, est prêt à céder Ronaldinho, Deco et Gianluca Zambrotta, plus 20 millions d’euros. Soucieux de remplir tant et plus leurs caisses, les Transalpins sont davantage tentés par une expédition lucrative en Asie que par un détour par le stade Constant Vanden Stock.

Mais aujourd’hui, un dîner de gala a réuni les joueurs, anciens et modernes, mais surtout les sponsors du club. La participation n’est pas donnée car il en coûte pas moins de 250 euros par couvert. Il n’empêche qu’ils sont un bon millier à se délecter des mets préparés par Pierrot Wynants, du réputé restaurant Comme Chez Soi… avec l’accompagnement musical d’ Helmut Lotti.  » Une soirée inoubliable « , observe Georges Heylens, convié à la fête au même titre que plusieurs autres Sportingmen de sa génération tels Pummy Bergholtz, Jean Plaskie, Jean Trappeniers et Jean Cornelis.  » Cela m’a fait quelque chose de fouler à nouveau l’aire de jeu principale, cadre de l’apéritif, avant d’être dirigé vers le terrain 2 où un vaste chapiteau avait été dressé pour le repas. La direction a vraiment mis les petits plats dans les grands pour faire de cette soirée un moment inoubliable « .

Opel, l’un des partenaires financiers du club, profite de l’opportunité pour présenter un nouveau modèle : l’Astra GTC RSCA Limited Edition. Après un bolide sur les circuits, le Sporting possède donc aussi, désormais, une version urbaine…

Vendredi 16 mai La Fan Party annulée

La RSCA Fan Party aurait dû être théoriquement programmée. Mais elle a été annulée in extremis. Officiellement à cause de la proximité de la finale de coupe mais certains insiders observent qu’elle a tout simplement été rayée faute de succès auprès des inconditionnels du club. Il est vrai que 25 euros par tête de pipe, c’est chérot pour qui veut se déplacer en famille. On peut comprendre, dans ces conditions, que les fans préfèrent répondre présents le 25 juillet au Centennial Fan Day, gratuit, qui correspond à la journée portes ouvertes du club.

Samedi 17 mai Rnic est le nouveau back droit

En attendant que la direction anderlechtoise et celle du Germinal Beerschot accordent leurs violons sur le montant de transfert de Losada, l’Argentin profite de cette fin de semaine pour parapher un bail de quatre ans avec les Mauves. Il les verra d’ailleurs à l’£uvre en finale de la coupe, après quoi il mettra le cap sur son pays pour des vacances. Le stratège du Kiel n’est pas le seul à conclure un accord avec le club bruxellois : le Serbe Nemanja Rnic l’imite. Trois ans pour le back droit du Partizan Belgrade, âgé de 23 ans (1,80 m pour 74 kg), qui était depuis quelques mois dans le viseur du RSCA. Plus précisément depuis l’EURO des Espoirs à la faveur duquel il avait d’ailleurs été partie prenante dans la victoire de ses couleurs face à nos Diablotins (2-0). Considéré par Nenad Jestrovic comme un clone de Michal Zewlakow, qui avait fait le bonheur du Sporting au poste de latéral droit avant de tenter sa chance en Grèce, à l’Olympiacos du Pirée, Rnic est appelé à concurrencer Marcin Wasilewski dont la propension à prendre des cartes jaunes (12 rien qu’en championnat cette saison) pose problème. Avec le nouveau transfuge, la question d’une solution de rechange au back, sur cette portion du terrain, est en tout cas toute trouvée. Suite à l’acquisition d’un arrière latéral, seul un poste est encore à meubler : celui de buteur. Avec 8 goals chacun, Ahmed Hassan et Nicolas Frutos n’ont pas atteint la moitié du total réalisé par le meilleur artificier de la compétition, Joseph Akpala, du Sporting Charleroi. L’Egyptien ne sera plus au Parc Astrid la saison prochaine tandis que l’Argentin est souvent blessé. Présenté comme une alternative, Luigi Pieroni n’a pas convaincu tout son entourage et son option ne devrait logiquement pas être levée, sauf si Nantes met beaucoup d’eau dans son vin. Matias Suarez risque d’être encore un peu tendre pour endosser le rôle de leader d’attaque et ce jugement vaut aussi pour un autre avant que les scouts du RSCA ont repéré lors de leurs voyages en Amérique du Sud : le jeune Colombien Marcos Perez, âgé de 17 ans à peine, mais titulaire déjà en Première du club de Boyana Chico, troisième du championnat de Colombie. Pour ses débuts au plus haut niveau, le garçon a d’ailleurs inscrit 3 buts en 6 matches. Si le dossier est suivi, c’est en revanche toujours la bouteille à l’encre concernant l’identité du joueur que le Sporting a en tête pour occuper la position la plus avancée sur la pelouse. A moins que Tom De Sutter ne fasse quand même l’affaire ? Son manager, Didier Frenay, était présent au RSCA la veille, pour un très vaste tour d’horizon. L’artificier du Cercle Bruges a, semble-t-il, ses idées à l’AZ davantage qu’au Sporting, où il craint de faire banquette en raison de la concurrence ardue. Réalité ou man£uvre déguisée ?

Dimanche 18 mai La victoire tactique de Jacobs

Longtemps, on a cru que la coupe de Belgique ne serait pas anderlechtoise cette saison. Ni dans le chef des… dames, battues aux tirs au but (5-4) par le KVK Tirlemont, ni chez les messieurs, encore menés 1-2 par La Gantoise à l’heure de jeu. A juste titre d’ailleurs car privés d’un véritable homme-orchestre, les Mauves n’avaient pas réussi, jusque-là, à mettre sur orbite leur division offensive formée de Stanislav Vlcek, Nicolas Frutos et Mbark Boussoufa. Les Buffalos, en revanche, s’appuyaient bel et bien sur des éléments de ce profil avec Bryan Ruiz et Khalilou Fadiga, rois du terrain en première mi-temps. Après la rentrée d’Ahmed Hassan, jointe au passage de Guillaume Gillet en défense ainsi qu’à la permutation entre Jelle Van Damme et Olivier Deschacht à gauche, le combat allait toutefois changer d’âme, au point de déboucher sur un succès mérité des Sportingmen.

Le premier depuis 1994, le premier aussi pour Roger Vanden Stock, 12 ans après son accession à la présidence. Mais aussi le deuxième pour Ariel Jacobs, déjà à la fête contre Saint-Trond, avec La Louvière, en 2003, et qui a à nouveau prouvé ses immenses dons de stratège. Face à Trond Sollied, qui plus est, un coach qui n’est pourtant jamais à court d’idées. Pour les joueurs, cette victoire constitue une belle cerise sur le gâteau. Non seulement d’un point de vue sportif mais aussi financier. Elle rapporte en effet pas moins de 14.000 euros à chacun d’entre eux, qui s’ajoutent aux 23.000 euros déjà glanés auparavant dans le cadre de cette épreuve. Mais une somme qui ne représente pas grand-chose, finalement, en regard des gains que pourrait engendrer pour eux la participation à la phase des poules de la Ligue des Champions en 2008-09. Mais ça, c’est une autre histoire…

par bruno govers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire