Gonzalo Higuain

Voici comment en moins de trois ans, le jeune international argentin (22 ans) est devenu un attaquant référence au Real Madrid.

Positif

Sa conduite de balle est exceptionnelle. Le ballon lui colle littéralement au pied et le fait de jouer continuellement tête levée lui permet de lire le jeu de façon remarquable. Il dirige le cuir aussi bien du gauche que du droit et tous les enchaînements sont effectués instinctivement et placés sous le sceau de la grande classe.

L’ancien joueur de River Plate possède une technique de frappe, qui le place en position de tir instantanément. Son pied droit est son meilleur atout mais son gauche est également de très haut niveau. Ses gestes étant emprunts d’une très grande spontanéité, il décoche des frappes soudaines sur des ballons qui retombent à sa portée. Les shoots en pleine foulée, les volées et les tirs en drop n’ont aucun secret pour lui.

La marge de progression est encore énorme malgré le fait qu’il est déjà doté d’une grosse expérience. A 22 ans depuis le 10 décembre, il en est déjà à sa quatrième saison au Real (depuis janvier 2007) après avoir effectué ses débuts en Argentine à 17 ans à peine. Le fait d’évoluer dans un tel club, entouré de tant de stars, va certainement l’amener vers les sommets du football mondial vu qu’il est encore perfectible dans de nombreux domaines.

Le placement et le sens du jeu sont exceptionnels. Dans les 25 derniers mètres, dès qu’un ballon est dévié ou repoussé, il retombe presque toujours dans ses environs. Et cela n’est pas dû simplement au hasard mais à un feeling extraordinaire.

La maîtrise et le sang-froid dans le grand rectangle font partie de ses plus grandes qualités. Il est très fort pour fixer le gardien quand il se retrouve en face à face et, qui plus est, il cadre ses envois dans au moins 80 % des cas. La précision et la puissance de ses tirs font le reste. Tout cela lui donne le statut de véritable buteur.

Sans être un tout grand virtuose technique, il enchaîne les contrôles, les amorties et les dribbles avec beaucoup de facilité. Qui plus est, ses gestes sont réalisés avec énormément d’élégance.

Balle au pied, il provoque continuellement son adversaire direct dans le 1 contre 1 et fait preuve de beaucoup d’audace dans ce domaine.

La précision de ses passes est remarquable et l’intérieur de son pied est utilisé avec une telle aisance que l’expression être né avec un ballon lui convient parfaitement.

Sa vitesse de course sur 30-40 mètres, surtout en possession de balle, est d’un excellent niveau et elle lui permet de prendre le dessus sur les défenseurs les plus véloces.

Négatif

Il est parfois individualiste à l’extrême. Dans certaines situations où il a deux solutions de passes pour des partenaires démarqués, il choisit de s’enfermer dans un étau de deux voire trois adversaires plutôt que de chercher la solution collective. Quand cela se termine par un but, cela passe mais dans le cas contraire, il a tendance à irriter ses coéquipiers. Toutefois, on peut dire qu’il tend à vouloir gommer ce défaut devenu moins flagrant que lors de sa période River Plate.

Même s’il se débrouille plus que correctement dans les duels ballon au sol, sa capacité à résister aux charges et au jeu avec les bras est encore très perfectible. L’expérience des matches de haut niveau va lui permettre de s’améliorer dans ce domaine très spécifique. Il manque encore un peu de gabarit (75kg pour 1,84m) pour rivaliser avec les défenseurs les plus costauds.

Son explosivité sur les toutes premières foulées est plus que moyenne pour un attaquant de pointe même s’il compense ce petit déficit par un excellent placement et par sa technique.

Les situations dos au but ne constituent pas sa spécialité. Il éprouve parfois des difficultés dans le jeu en déviation et en combinaisons courtes.

Il manque clairement de polyvalence : c’est un véritable centre-avant axial. Il s’aventure de temps à autre sur les flancs mais il évolue alors contre-nature et son efficacité s’en ressent très fort.

Malgré sa taille intéressante, son jeu de tête est d’un niveau très moyen, dû surtout à son manque d’engagement dans le duel aérien. Il a plutôt tendance à jouer sur l’erreur de l’adversaire que de disputer franchement la confrontation directe alors que son timing et sa détente sont de niveau correct.

Le jeu en perte de balle est encore beaucoup trop passif et il a tendance à se reposer sur le travail de ses partenaires plutôt que d’apporter sa pierre à l’édifice. Cela n’est cependant pas trop préjudiciable dans une équipe comme celle du Real Madrid.

Son intégration dans un dispositif tactique bien précis n’est pas facile à gérer pour son entraîneur qui a plutôt tendance à le laisser donner libre cours à sa créativité. Tant qu’il est efficace, pas de problèmes ; dans le cas contraire, attention aux réactions de ses partenaires.

Né en 1963, Etienne Delangre joua comme défenseur au Standard de 1981 à 1992 (267m en D1 et 6b, champion en 82 et 83). Ex-chargé de cours à l’Ecole du Heysel, il coacha de la P1 à la D1 (Charleroi).

Par Etienne Delangre

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