Golden Shoe ESM 2006-2007

Le Romain réagit à son titre de meilleur buteur européen sur base du classement des European Sports Magazines.

Quand il évoque les inconvénients de la popularité, son regard se fait mélancolique.  » Je n’ai plus fait une promenade dans le centre-ville depuis huit ans. Et encore, c’était de nuit. La dernière fois que je me suis baladé de jour à Rome, je devais avoir 18 ans… « . A l’époque, Francesco était un champion en devenir ; aujourd’hui, il parle en caressant le Golden Shoe du meilleur buteur du continent. Le roi des buteurs européens, c’est lui. Il est passé du statut de star chez les trequartisti (soutien d’attaque) à celui de goleador.

Auriez-vous imaginé cette consécration ?

Non, jamais. Avant, je pensais plus aux assists qu’aux goals. Il y a deux ans, un manque d’attaquants à la Roma m’a transformé en centre-avant et j’avoue qu’aujourd’hui je m’amuse plus quand je marque que quand je fais marquer.

Jamais un vrai numéro 10 n’avait remporté le Golden Shoe ESM. Et pour trouver la trace en Italie d’un lauréat du classement des buteurs qui n’était pas un avant de pointe, il faut remonter à Michel Platini et Diego Maradona. Y a-t-il des analogies ?

Peu, le football a changé. Tout est plus difficile à présent et un centre-avant doit être plus fort et plus complet par rapport à cette époque-là.

Qui remportera le Golden Shoe 2008 ?

Je crains que ce soit David Trezeguet à la Juve ou, surtout, Luca Toni qui, au Bayern, peut marquer beaucoup. Et puis, il y a moi qui vais tenter de faire le bis afin d’avoir la paire…

Ce trophée, auquel il faut joindre la Coupe et la Supercoupe d’Italie avec la Roma, pourrait-il vous ouvrir le chemin vers le Ballon d’Or ? Qui voyez-vous comme favori à part vous ?

Je pense à Kakà, Cristiano Ronaldo et Ruud van Nistelrooy. En ce qui me concerne, sincèrement, je n’ai pas encore compris les critères du choix de France Football-NDLR : tous les correspondants étrangers du magazine français votent ; à ne pas confondre avec le Footballeur FIFA, où ce sont les entraîneurs nationaux et les capitaines qui votent. En tout cas, aujourd’hui, j’ai le rendement et les trophées. Et si je débute bien en Ligue des Champions, toutes les données devraient concorder…

En championnat, la Roma est bien partie : sentez-vous comme un parfum de titre ?

Inutile de nous cacher, nous figurons parmi les quatre clubs qui peuvent remporter le titre. Nous avons une grande équipe mais, dans cette ville, il vaut mieux ne pas céder trop vite à l’espoir parce qu’on passe très rapidement de l’euphorie à la dépression.

Roberto Mancini, le coach de l’Inter, a dit que la Roma jouait bien mais que lors du dernier championnat, elle avait accusé 22 points de retard sur son équipe…

C’est une donnée chiffrée correcte, mais il avait à sa disposition 40 joueurs alors que nous étions toujours les mêmes avec quelques gamins de la Primavera.

Si l’on ne tient compte que des 11 titulaires, vous seriez donc les plus forts ?

Je crois que c’est le cas. De toute façon, l’Inter est l’équipe à battre tandis que Milan ne se rend jamais. Vous avez vu la finale de la Supercoupe d’Europe contre Séville ? C’était une soirée triste à cause de la mort d’Antonio Puerta, mais les Rossoneri sont très forts. Regardez Pippo Inzaghi.

Après la Lazio, quelle équipe vous procure le plus grand plaisir quand vous la battez ?

La Juventus. Elle a été reconstruite pour viser haut.

Et la Champions League ?

C’est mon rêve mais les favoris, ce sont les habituels grands italiens, le Real Madrid, Chelsea, Liverpool, Manchester et Barcelone qui, selon moi, peut faire évoluer de concert les quatre fantastiques (Ronaldinho, Samuel Eto’o, Lionel Messi et Thierry Henry). Il suffira que derrière eux on coure.

Vous souhaitez dire quelque chose à propos de votre revanche sur Manchester ? Les tabloïds anglais craignent l’enfer.

Cette fois je veux gagner mais par un score de 7-0… Mais laissons tomber les tabloïds, ils écrivent des choses de ce genre pour vendre plus.

Comment votre adieu à l’équipe nationale a t-il été géré ? Seriez-vous resté avec Marcello Lippi à sa tête ?

Pour ma part, il a été bien géré même si cela m’attristait. Et je ne serais pas resté non plus avec Lippi.

Mais si l’Italie se trouvait en état d’urgence, reviendriez-vous pour le prochain Mondial en Afrique du Sud ?

Ce serait une belle expérience mais je dirais toujours non.

Pensez-vous vraiment que le fait d’être Romain vous ait lésé en équipe nationale ?

Oui, lors des moments les plus difficiles, de nombreux médias m’ont pris pour cible. Cela m’a fortement blessé de me faire traiter de paralytique.

L’affaire du crachat sur Christian Poulsen à l’Euro 2004 vous a également attiré les critiques des dirigeants du Calcio. Qu’avez-vous éprouvé quand le Moggiopoli a éclaté en éclaboussant ces personnes ?

Il était facile de pointer du doigt quelqu’un qui n’a pas l’habitude de se tromper. Mais la roue a tourné et tous les petits secrets ont été mis au jour. Après le scandale, tout n’a pas changé comme il aurait fallu. Il y a encore trop de gens qui sont restés à leur poste.

A Rome, on prétend que la Roma a finalement pu faire son marché parce que Luciano Moggi, le dirigeant maudit de la Juve, n’était plus là. Est-ce vrai ?

Il semblerait que oui mais j’espère qu’il ne s’agit que d’une coïncidence.

Vous avez aussi été mêlé à l’affaire du maître chanteur Corona (NDLR : ce photographe aujourd’hui condamné montait des photos scandaleuses.) Qu’en pensez-vous ?

Je dis que c’est une honte ! Plus tu fais du mal et plus on te suit. Les gens sont curieux, pensent seulement à la vie des VIP et à se mettre en évidence. Je suis préoccupé : cette Italie n’est pas celle dans laquelle j’ai été élevé. J’espère que mes enfants, Cristian et Chanel, qui ont reçu une bonne éducation, grandiront convenablement… même s’ils portent mon nom.

par massimo cecchiani

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