GOD SAVE THE TEAM

L’élimination des oeuvres de l’Islande en huitièmes de finale de l’EURO constitue une énième humiliation pour l’Angleterre qui, depuis 1966, n’a quasiment plus rien fait de bon lors d’un grand tournoi. Retour sur un demi-siècle d’espoirs déçus.

L’élimination des Three Lions par l’Islande en huitième de finale de l’EURO a glacé le sang des supporters anglais. Un pays de 54 millions d’habitants sorti par une île de 330.000 âmes. Quelques titres de la presse en disent long : « A national sporting embarrassment », « A humiliating exit », « The worst performance ever ». Alan Shearer (45 ans), consultant pour la BBC, résumait la situation comme suit :  » Nous avons été surclassés à tous les niveaux : combativité, tactique. Ce fut désespérant pendant 90 minutes. Certains joueurs de la sélection ne méritaient pas leur place en France. Comment peut-on sélectionner Jack Wilshere ? Raheem Sterling n’a rien montré et je pourrais continuer de la sorte. Les corners étaient bottés par un attaquant, Harry Kane. La liste des erreurs commises est interminable « . L’ex-attaquant prévenait :  » Nous sommes devenus aveugles. Nous pensons que la Premier League est le championnat où il y a le plus de talent mais ce n’est pas le cas. En matière de show, nous dépendons totalement des joueurs et des managers étrangers. Nous ne sommes pas aussi bons que nous le croyons.  »

Shearer, auteur de trente buts en équipe nationale, a bien entendu le droit de s’exprimer mais lui non plus n’a jamais rien gagné avec les Three Lions alors qu’il a pris part à quatre phases finales de grands championnats entre 1992 et 2000. Le seul tournoi remporté par  » le pays qui a inventé le football  » remonte à 1966, lorsque l’Angleterre organisa le championnat du monde. A l’époque, l’équipe était dirigée par Alf Ramsey, dont la phrase Never change a winning team est restée célèbre. L’Angleterre de l’époque était un mélange de battants expérimentés comme Bobby Charlton et de jeunes talentueux comme Alan Ball. Elle avait remporté sa poule devant l’Uruguay, le Mexique et la France. En quarts de finale, elle a battu l’Argentine (1-0) avant une demi-finale légendaire face au Portugal d’Eusébio. Elle s’est imposée 2-1 grâce à deux buts de Bobby Charlton, aujourd’hui âgé de 79 ans.

Lors de la finale à Wembley, elle a difficilement battu l’Allemagne (voir encadré). Le score était de 2-2 après 90 minutes et, avant les prolongations, Ramsey a interdit à ses joueurs de se reposer. Il leur a montré les Allemands, tous assis ou couchés sur le sol, et leur avait dit :  » Ils sont cuits, ils n’en peuvent plus. «  Le truc a fonctionné car l’Angleterre a inscrit deux buts au cours des prolongations. Un doute planera toujours sur la validité du premier, inscrit par Geoff Hurst. Le ballon a heurté la transversale et est retombé au sol. Juste derrière la ligne de but, a décrété l’arbitre-assistant, très déterminé. Les Allemands n’étaient pas d’accord et se sont sentis floués. Mais à la dernière minute, Hurst, encore lui, a dissipé tous les doutes en faisant 4-2.

Ce triomphe remonte déjà à cinquante ans. Un demi-siècle d’espoirs déçus. Comme avant le Mondial 1982, lorsque l’Angleterre disposait d’une levée talentueuse avec Kevin Keegan, Glenn Hoddle et Bryan Robson. Avant de partir pour l’Espagne, la sélection a même enregistré un disque,  » This time we’ll get it right «  (Cette fois ça va marcher). Mais l’Angleterre est sortie lors de la deuxième phase de poules (à l’époque, on disputait deux phases de poules avant les demi-finales). Encore raté, donc ! On dirait qu’après 1966, l’Angleterre a chuté dans un trou noir. Pourtant, quand on s’y plonge, on tombe sur des moments hauts en couleur. Un florilège.

PAR STEVE VAN HERPE – PHOTOS BELGAIMAGE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire