Giorgio Lineker

RTL poursuit son offensive de charme auprès du public sportif. Dès la saison prochaine, le golden boy présentera les émissions de foot.

Georges Grün a arrêté sa carrière active il y a cinq ans déjà, en Italie. Depuis lors, seuls les abonnés de Canal + le revoyaient régulièrement. Il officiait comme consultant, à raison d’une quinzaine de matches par saison. L’ancien défenseur international, auteur de différents éditoriaux pendant sa carrière, gravit à présent un nouvel échelon dans le monde audiovisuel. Il a signé un contrat d’un an à RTL. A partir du 20 août, il assurera la présentation des émissions entourant les matches de Ligue des Champions, les rencontres à domicile des Diables Rouges ainsi que certains matches amicaux et quelques rendez-vous de Coupe de Belgique. Le rôle de la chaîne privée durant l’EURO 2004 n’est pas encore défini.

Grün succède à Laurent Haulotte, promu directeur des sports et chargé, notamment, de la négociation des contrats de retransmission. L’engagement, à titre indépendant, de l’ex-Anderlechtois doit donner plus de consistance aux programmes sportifs de Club RTL, qui a consenti d’énormes efforts pour évincer la RTBF de pas mal d’épreuves, à commencer par la Ligue des Champions, depuis trois ans.

Votre travail sera-t-il très différent de celui que vous effectuiez à Canal+ ?

Georges Grün : Là, j’étais consultant, ce qui m’a permis d’avoir un contact avec la caméra. Je travaillais avec un commentateur. Je devais gérer des statistiques, réaliser des palettes, analyser le match et approfondir certaines situations de jeu. Je me plaisais à Canal mais j’aurais été stupide de refuser l’offre de RTL. Je franchis un cap en assumant la présentation des émissions. Elles commencent environ 20 minutes avant le coup d’envoi. Il faut gérer la mi-temps et l’après-match. Je serai sur le plateau avec des invités que j’aurai choisis. Mais mon travail ne se limitera évidemment pas à la seule présentation : je devrai préparer les émissions et trouver des invités qui ne seront pas nécessairement des hommes de foot mais parfois des passionnés issus d’autres milieux, pour induire un certain effet de surprise. Je respecterai le fil conducteur qui a fait ses preuves, en y apportant ma touche personnelle. J’entrerai peut-être plus dans la polémique dans certaines situations. Je devrai aussi éviter l’écueil des questions bateau.

Vous ne serez donc pas un nouvel Arsène Vaillant ?

Non. Nous conservons les commentateurs actuels. Si je suis tenté ? Il ne faut jamais dire jamais mais c’est un autre métier, qui requiert une certaine éloquence, l’art de l’improvisation. Il faut savoir broder.

Quel serait votre modèle ?

Gary Lineker, contre lequel j’ai joué, d’ailleurs. Il est excellent dans ce rôle sur la BBC. Il invite souvent d’anciens joueurs et le courant passe, ce qui est très important. Je pense que le contact est plus facile, que les invités sont davantage en confiance quand ils connaissent le présentateur et que celui-ci a le même vécu qu’eux.

RTL, l’esprit club

Serez-vous plus pointu, grâce à votre passé ?

D’abord, il ne faut pas importer le style d’autres cultures. Ensuite, je travaille pour une chaîne populaire, dont il faut conserver le style. Canal + s’adressait à des abonnés qui exigeaient sans doute des commentaires plus pointus.

Dans quelle mesure serez-vous accaparé par cette fonction ?

Je vais animer une trentaine de soirées. Au début, je vais réaliser quelques émissions pilotes, pour apprendre. Je dois visualiser l’emplacement des caméras, appréhender l’aspect technique de l’émission, déterminer si je travaillerai avec ou sans oreillette, apprendre comment lancer des sujets, mener des discussions… Cependant, je ne veux pas changer. Outre cet… entraînement, il y aura beaucoup de réunions de préparation, et puis RTL est une maison, elle a un esprit de club qui me rappelle celui que j’ai connu en football. Ainsi, mon contrat prévoit que je participe au Télévie, etc. C’est différent de Canal, où je travaillais en one shot. Je ne faisais pas vraiment partie de la maison.

Vous avez déjà des idées ?

Oui mais je les garde pour moi (il rit).

Vous êtes d’un naturel extrêmement calme. Ne devrez-vous pas vous faire quelque peu violence pour insuffler du rythme à vos émissions ?

Je suis trop monocorde. Je m’en rends compte et c’est un aspect que je compte travailler. Cela dit, mes nouveaux employeurs m’ont demandé de ne pas perdre mon naturel. Le public a déjà une certaine image de moi et elle ne doit pas changer. En plus, ça sonnerait faux. Disons qu’il y a des ajustements à réaliser. Vous savez, j’ai passé cinq ans en Italie. Les émissions y sont très différentes. Elles sont gaies, extrêmes. Ce style plairait-il aux Belges ? Chacun a sa culture, ses racines. Je viens d’assister au concert de Johnny. Je l’avais déjà vu à Paris. J’ai été étonné de la froideur du public belge, du moins à l’endroit où je me trouvais. Il fallait vraiment forcer les gens à sortir de leur coquille, et encore, ça ne durait que 30 secondes. Peut-être étaient-ils fascinés… En tout cas, il faut composer avec la mentalité des téléspectateurs.

Aviez-vous déjà songé à embrasser une carrière médiatique ?

Oui, puisque je collaborais à Ca- nal +. J’étais déterminé à saisir toute opportunité qui se présenterait, dans l’audiovisuel ou comme entraîneur. Je n’ai donc pas réfléchi longtemps à la proposition de RTL.

Faites-vous une croix sur une carrière d’entraîneur ?

Non. Un entraîneur a la chance de n’avoir pas à respecter de limite d’âge. Cette option reste donc une possibilité. Je n’ai jamais cherché de poste, foncièrement, donc, je n’ai pas été étonné de n’avoir jamais été approché. Je ne suis pas déçu non plus. Ce serait différent si j’avais cherché sans trouver. Et puis, quand je vois d’autres anciens joueurs avec lesquels j’ai suivi les cours d’entraîneur, qui n’ont pas encore percé malgré leur réputation : Scifo, Preud’homme, Demol… Cela demande du temps.

Ne craignez-vous pas qu’on vous colle une étiquette, comme celle d’Anderlechtois, par exemple ?

Il n’est pas dans mes habitudes d’avoir peur de quoi que ce soit. Je ne me pose pas ce genre de questions. Même quand je jouais devant 80.000 personnes, je n’imaginais pas qu’elles m’observaient toutes quand j’avais le ballon. J’ai été critiqué comme joueur, je le serai comme journaliste. A Ca- nal +, je n’ai jamais été partisan d’Anderlecht. J’ai même plutôt tendance à le critiquer davantage, connaissant la maison et ses possibilités. Mais je n’ai jamais été fan de quoi que ce soit ni de quiconque.

 » J’ai été critiqué comme joueur, je le serai comme journaliste « 

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